118 LE SYSTÈME BUDGÉTAIRE DE L’ÉTAT AU MAROC ET EN FRANCE organismes au circuit du Trésor public. Son principal apport réside dans le fait qu’elle a tenté de donner une explication économétrique à des variations de l'encaisse à partir de deux variables : la réaction aux fluctuations de l’offre de prêts et la sensibilité au cycle électoral15. Le rôle électoral est la conséquence, selon l'auteur, de deux comportements locaux convergents : – L'effort d'investissement local est plus important en fin de cycle électoral ; les élus locaux ont donc tendance à accumuler la majeure partie des moyens de financement au début du cycle afin de présenter une situation financière saine en fin de cycle. – Les efforts d'autofinancement sont réduits en fin de cycle électoral car les responsables locaux accordent une attention particulière à la pression fis‑ cale. En effet, la sensibilité des électeurs à cet élément conduit les élus à hési‑ ter à l'accroître au cours des années préélectorales afin d'éviter une perte de popularité. Le graphique ci‑après illustre ce propos16. 15. L'estimation de ce comportement volontaire de trésorerie repose sur trois hypothèses : – le volume de trésorerie est proportionnel à celui des dépenses (H1) ; – une gestion optimale de trésorerie conduirait les communes à conserver un volume égal à un mois de dépenses courantes (H2) ; – l'écart entre la trésorerie théorique (définie dans H2) et la trésorerie réelle ne provient que du comportement d'amortissement des politiques conjoncturelles (H3). 16. L’étude de GUEGNANT a porté sur le comportement de la trésorerie de certaines collecti‑ vités locales françaises durant la période (1970‑1982). Les composantes de la variation de la trésorerie sont de trois sortes : – Une composante électorale : l’auteur propose de pondérer chaque année du cycle électoral par un coefficient décrivant l'ampleur du comportement électoral. Les coefficients sont alors supposés constants d'un cycle à l'autre. – Une composante permanente, induite par l'activité des collectivités locales. Le coefficient correspondant à cette composante diminue sous l'effet des efforts d'amélioration de la gestion de trésorerie. – Une composante de court terme permettant, volontairement ou non, d'amortir les effets des politiques conjoncturelles de l'État. Selon les premières estimations, environ 55 % des emprunts n'étaient pas consommés immédiatement. Les résultats économétriques sont présentés dans le tableau ci‑après : composantes de l’encaisse Composante permanente Amortissement des politiques conjoncturelles Composante électorale Constante R² Variables explicatives Impôts Total des dépenses Emprunt Dépenses totales θ .Dt (pondérations électorales) estimations des paramètres 0.821 ‑0.190 0.5548 ‑0.0624 0.0233 90 96.3 %