Finances publiques et fiscalité - Le système budgétaire de l'État au Maroc et en France - 201

LE RECOURS AU MARCHÉ

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Il est à rappeler à cet égard que la valeur d’une entreprise ne découle pas d’un simple calcul. Une dimension subjective existe dans tout effort d’évaluation, en ce sens que l’environnement de l’entreprise et les attentes des actionnaires et les intentions des dirigeants sont toujours pris en compte67. Abstraction faite des méthodes qui sont utilisées pour l’évaluation des entre‑ prises privatisées68, l’idée de l’intérêt général constitue une remise en question de l’engagement pour la marchéisation, par conséquent, on peut dire que l’évolution néo‑managériale n’est pas absolue. Notons également que le recours au marché doit être accompagné d’une campagne publicitaire pour réussir l’opération de vente. Il va de soi que la mise en vente des actifs de l’État pour qu’elle réussisse doit être effectuée dans un climat de confiance. Cette politique de communication vise à rassurer le personnel, les investisseurs et les petits actionnaires pour leur montrer le bien fondé de l’opé‑ ration et pour éviter la circulation des informations déformées69. Concernant les techniques de la mise en vente sur le marché, on distingue deux types d’offres, la première à prix fixe, et la seconde à prix ajustable. L’offre à prix fixe consiste « à procéder à l’offre publique de vente à un prix fixé au départ, indépendamment de la demande potentielle des titres »70. Cette technique a été usitée en France à l’occasion notamment des privatisations effec‑ tuées en 1986 et 1987, et elle a été utilisée au moment de la cession d’une partie du capital de Maroc Telecom. Quant à l’offre à prix ajustable, cette technique est considérée comme étant la mieux adaptée aux marchés financiers dans la mesure où elle permet un ajus‑ tement des prix en fonction de la demande des titres71. Dans certains cas, l’État recourt pour la cession de ses actifs au marché financier international, comme c’est le cas du Maroc qui a eu recours lors de la privatisation de la deuxième tranche du capital de Maroc Telecom à la Bourse de Paris pour la mise en vente des actions de cette société. Le schéma tel qu’il est mis en œuvre repose sur le placement par un syndicat bancaire appelé généralement « un placement global garanti auprès d’investisseurs personnes morales ». L’influence des solutions françaises sur les techniques mises en applica‑ tion au Maroc apparaît clairement au niveau de la privatisation de la deu‑ xième tranche du capital de Maroc Telecom. En effet, en plus du recours à la technique du pré‑placement qui permet d’évaluer la demande potentielle des titres et mesurer l’appétence du marché, la même procédure est adoptée par le système marocain, laquelle consiste à l’annonce de l’opération de vente par un communiqué du ministre des finances et la préparation d’un dossier relatif à l’opération qui doit être visée par l’autorité de régulation de la bourse (le cas du Conseil Déontologique des valeurs mobilières (CDVM) au Maroc et de la
67. M. REFAIT, L’évaluation de l’entreprise, PUF, coll. « Que sais‑je ? », Paris, 1994, p. 123 et s. 68. Voir les développements consacrés aux méthodes d’évaluation dans le cadre du titre II de la deuxième partie. 69. M. REFAIT, L’évaluation de l’entreprise, op. cit., p. 46. 70. X.‑D. JUDICIS, J.‑P. PETIT, Les privatisations, op. cit., p. 56. 71. Ibid.

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