La revue RH&M - N°63 - Octobre 2016 - 12

teurs sur le marché. C'est pourquoi il est
difficile d'apporter une réponse en termes
d'apport économique global. Mais on peut
mettre en avant les créations d'entreprises
et notamment des startups qui sont de plus
en plus nombreuses et l'intérêt croissant
des jeunes diplômés pour créer leur entreprise et avoir ainsi leur propre emploi :
50% des 18-24 ans déclarent vouloir créer
leur entreprise ( Survey Idinvest Etude du
Figaro 2015). L'étude EY/ France Digitale
de 2015 sur la performance économique et
sociale des start-up numériques en France
est aussi très significative de cet apport
économique (http://www.ey.com/FR/
fr/Services/Strategic-Growth-Markets/
ey-barometre-france-digitale-performance-economique-sociale-startups-numeriques )
Comment favoriser le développement de l'innovation et des start-up
quand la fiscalité pénalise durement
les entrepreneurs dans le cas de la
vente de l'entreprise ?
Je crois au contraire que beaucoup a été fait
en matière fiscale et je pense en particulier
aux Bons de souscription de parts de créateurs d'entreprise (BSPCE) et aux attributions d'actions gratuites (AGA) mais aussi
à la réforme de la fiscalité des plus-value de
cessions mobilières. Je milite par ailleurs
pour la mise en œuvre effective du Compte
Entrepreneur Investisseur destiné à faciliter le réinvestissement des plus-values
générées dans l'écosystème. Il s'agit à mes
yeux d'un mécanisme essentiel pour entretenir le cercle vertueux du financement des
petits par les grands, pour faire en sorte que
l'argent soit réinvesti plutôt que placé, et
pour au final favoriser la maturité de nos
écosystèmes grâce à l'augmentation des
levées de fond réalisées par nos startups.
Enfin, nous avons réformé l'année dernière
l'ISF-PME pour cibler ce dispositif sur les
entreprises jeunes et innovantes.
Au total, ce quinquennat aura été celui d'un
réel changement de paradigme en matière
fiscale avec l'alignement de nombreux dispositifs vers la prise de risque et l'investissement productif et innovant plutôt qu'une
fiscalité de la rente et de la finance.
9% seulement des fondateurs /
gérants des start-up françaises
sont des femmes? Comment l'expliquez-vous ? Comment éviter une
perte de chance massive des femmes

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à l'avenir ? Quelles actions envisagez-vous pour contrer ce risque ?
C'est un constat accablant que je fais
à chaque déplacement. « Où sont les
femmes ? ». Elles sont bien là, mais pas
pour participer aux tables rondes, aux
discussions. Elles sont dans l'assistance
alors que parfois, leur expertise mériterait d'avoir de la visibilité. On ne va pas se
mentir, l'image du startupper est celui d'un
homme blanc, jeune, qui sort d'une grande
école. Je me permets de rectifier ce pourcentage. Bien que le nombre de femmes
entrepreneures est encore trop faible, il
ne cesse d'augmenter. Une étude Compass (the 2015 Global Startup Ecosystem
Ranking) qui a été publiée en août 2015
démontre que 21% des startups françaises
ont été créées par des femmes contre 17%
en moyenne en Europe. Ce chiffre était de
10% en 2012. C'est encore trop peu, mais
on avance. Aussi parce qu'on casse les stéréotypes et que de plus en plus d'initiatives
sont en place pour dire aux femmes : « Oui,
c'est à votre portée ».
StartHer (anciennement Girls In Tech)
a aussi publié des chiffres prometteurs :
sur les 261 startups ayant levé des fonds
en France en 2015, 15% étaient fondées ou
cofondées par des femmes (soit 41% de plus
par rapport à l'année 2014).
Nous vivons dans une société encore trop
patriarcale, où dès le plus jeune âge, on dit
aux femmes qu'elles sont faites pour tel
ou tel métier et non pas par exemple pour
les métiers de l'informatique. J'ai accueilli
dans les couloirs de mon cabinet l'exposition « Femmes du numérique » portée
par Marie-Anne Magnac et Olivier Ezratty.
Une douzaine de femmes sont venues afin
de présenter leur portrait. Certaines m'ont
raconté que lorsqu'il y avait des réunions
dans leur ancien emploi, les gens ne
s'imaginaient pas deux secondes qu'elles
étaient ingénieures, et pensaient qu'elles
étaient dans la communication ou qu'elles
étaient assistantes. Voyez comme les stéréotypes sont encore très présents. Certains
cherchent à les contrer comme le mouvement #JamaisSansElles, #HeForShe. Et
j'encourage toutes les jeunes femmes à
entreprendre et à s'imposer dans l'écosystème des startups. Nous avons en France
de beaux modèles de réussite. Je pense à
Pénélope Liot, fondatrice de Lima, Julie
de Pimodan fondatrice de Fluicity, Marie
Vorgan Le Barzic, directrice générale de

l'accélérateur de start-up Numa, ou encore
Marie Ekeland fondatrice du fond d'investissement Daphni.
3. LE CADRE JURIDIQUE NE CORRESPOND PAS À LA TRANSFORMATION NUMÉRIQUE.
Qu'en pensez-vous et quelles propositions pourriez-vous faire ?
Il faut veiller à trouver le bon moment
pour donner un cadre juridique à cette
transformation numérique. Dans certains
cas, il est trop tôt pour légiférer comme
par exemple en matière d'intelligence
artificielle. Dans d'autres cas, une réforme
ne peut se concevoir qu'au plan européen
comme par exemple les relations entre
entreprises du numérique. Et puis il y a
tous les cas où la loi est nécessaire pour
libérer l'innovation ou mieux encadrer certains comportements. Dans la loi pour une
république numérique, il s'agit de changer
en profondeur la société du numérique en
permettant une plus grande circulation des
données, du savoir et des connaissances
propice à l'innovation, tout en renforçant
la protection des citoyens et en leur assurant un meilleur accès au numérique. Faire
une loi dans le domaine du numérique,
c'est arbitrer entre la nécessité d'une régulation et une certaine liberté laissée à l'innovation. J'ai réussi à trouver cet équilibre
tout en veillant à inscrire les règles dans la
durée, et faire en sorte qu'elles ne soient
pas dépassées dans quelques années par les
innovations technologiques.
Quels sont les opportunités et les
freins à lever dans l'hypothèse d'une
digitalisation du dialogue social (vote
électronique, dématérialisation de la
documentation, des affichages obligatoires etc) dans les entreprises
françaises ?
Depuis que je suis au gouvernement, mon
objectif est de sensibiliser les entreprises
au numérique que ce soit dans leur activité
mais aussi dans leur mode de fonctionnement. Une des manières de développer
le dialogue social est d'utiliser les outils
numériques qui aujourd'hui permettent
une meilleure diffusion de l'information,
une plus grande efficacité de traitement et
une plus grande adhésion des salariés. Les
grandes entreprises ont compris cet enjeu
et embauchent des personnes qui ont la
responsabilité de mettre en place cette

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