La revue RH&M - N°63 - Octobre 2016 - P2

à l'écoute du marché ». Concrètement,
une entreprise doit faire face à un risque
de mobilité de l'immense majorité de ses
cadres parmi les plus importants. Si on
ajoute l'impact faible des DRH dans la
mobilité interne (à l'origine de moins
de 10% des promotions), une question
se pose : comment fidéliser ses talents
durant cette période de reprise d'activité
et de dynamique sur le marché ?

classiques) est très largement dépassé
par le marché « caché ». Notre étude
conforte cette analyse car un changement d'entreprise sur deux est directement lié à des relations professionnelles
ou personnelles. En ajoutant la part des
cabinets de chasse ou de recrutement,
plus de 80% des mobilités passent
« sous les radars » des sites internet et
autres offres d'emploi. A tel point que
l'on peut légitimement espérer des outils adaptés à ce marché caché.
La guerre des talents
La durée moyenne passée sur un poste
est également révélatrice du taux de mobilité. Estimée à un peu plus de quatre
ans, elle cache de fortes disparités. A
titre d'exemple, un cadre en première
partie de carrière (moins de 35 ans)
restera à peine deux ans et demi, alors
que sur l'autre versant de carrière (plus
de 55 ans) la durée moyenne en poste
est supérieure à cinq ans. L'analyse démontre donc que la « période de stabilité » se réduit. Plus d'une personne sur
deux souhaite changer de poste avant
leur mobilité, tandis que quatre sur dix
se projettent déjà sur un changement
d'entreprise moins d'un an après leur
prise de poste ! Symptôme de cette
« guerre des talents » que se livrent les
entreprises sur les postes clés : seuls
10% des cadres ne se déclarent « pas

Trajectoires croisées : condamné
à rester dans votre métier et votre
secteur ?
Parmi les nombreux motifs d'insatisfaction des cadres quant à leur dynamique
professionnelle, le sentiment de l'enfermement (relatif rassurons-nous) est
régulièrement mis en avant. L'enfermement peut être sectoriel : après quinze
ans dans la banque et de nombreux
postes à responsabilité, puis-je encore
découvrir un nouveau secteur ? Ou dans
un cœur de métier : après trois postes
de directeur marketing, puis-je intégrer
la direction générale ou même devenir
directeur commercial ?
A ce titre, l'étude des flux de mobilité est riche d'enseignements !
La faible mobilité entre secteurs professionnels est une réalité : trois mobilités
sur quatre sont réalisées dans le même
secteur. Traditionnellement, le conseil
ouvre de nombreuses portes : environ
un ancien consultant sur deux quitte
le conseil pour découvrir de nouveaux
horizons sectoriels (souvent chez l'un
de ses clients). A l'inverse, si vous n'êtes
pas déjà dans une entreprise publique,
dans la finance ou dans l'industrie, vos
chances sont réduites. En effet, l'arrivée
de sang neuf et de nouveaux talents issus d'autres secteurs ne concerne que
20% des mobilités.
Deux secteurs sont beaucoup plus
ouverts à des profils extérieurs : une
nouvelle fois le conseil, qui raffole de
profils de haut niveau avec une forte
expertise sectorielle, tout comme, de
manière moins intuitive, les médias
avec un taux de mobilité extra-sectoriel
très au-dessus de la moyenne. Au-delà

de certaines spécificités de ces secteurs,
cette situation interroge fortement sur
les pratiques de recrutement pouvant
mener à l'entre-soi. Est-ce que les entreprises cherchent des « clones » à leurs

" 35% des mobilités
se font de manière
transversale : quitter
une direction métier
pour une autre ou
pour la direction
générale. "
salariés actuels ou bien cela relève-t-il
d'un choix de facilité, une recherche de
progression verticale plus rapide pour
les cadres ?
En termes de mobilité entre métiers
différents, la circulation est plus aisée.
Ainsi, 35% des mobilités se font de manière transversale : quitter une direction métier pour une autre ou pour la
direction générale. En revanche, si vous
ne figurez pas dans une direction générale, ni dans une direction commerciale
ou opérationnelle, vos chances s'amenuisent. Au sein de ces deux directions,
un mouvement sur quatre conduit à un
poste de direction générale. A l'inverse,
un directeur commercial, même doté
d'une forte culture financière, aura peu
de chance d'évoluer vers ces métiers (2%
des mobilités issues des directions commerciales).
La formation initiale et les premières
expériences professionnelles sont donc
déterminantes pour la suite de la trajectoire professionnelle. A la lumière
des résultats suivants, les jeunes diplômés devraient plutôt tenter l'aventure
du conseil qui ouvre plus de portes, à
moins d'avoir une forte inclinaison pour
un secteur d'activité précis.

Pour en savoir plus et télécharger l'étude complète,
cliquez ici : www.mobicadres.fr

LA REVUE RH&M N°63 | OCTOBRE 2016

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