Magazine Générique(s) de mai 2008 - N°15 - (Page 92)

Portrait / jack malone ans la grisaille de New York, il se croire, incarner pour les proHéros discret, figure faussement démène, avec son air placide et ches des disparus la confiance lisse, jack malone, bourreau sa dégaine cartoonesque, pour faite homme, avant de devenir de travail tour à tour distant et protecteur, sacrifie son intimité retrouver ceux qui disparaissent. John la compassion, quand il n’y a pour retrouver ses disparus. Michael Malone, la quarantaine bien plus rien à faire. pierre langlais tassée, n’est pas un des héros les plus sexy Pour mener à bien sa tâche, Jack de l’histoire des séries. Un peu trop lent, Maloneestprêtàtout.Ycomprisà un peu trop lisse, un peu trop discret, il briser les règles établies. Ainsi s’est-il de lendemains qui chantent. La guigne, la passerait presque inaperçu. Patron, inconassombri au fur et à mesure des saisons, osant poisse du héros maudit au karma pourri, qui testable leader de son équipe de limiers, mentir, finissant même, durant la sixième ne récolte pas dans sa vie privée l’aide qu’il il n’est pas pour autant le personnage saison, toujours en cours de diffusion, par apporte à son prochain au quotidien. principal de FBI : Portés disparus. Il être le complice d’une scène de torture, dérapartage cet honneur à part égale avec ses obsession de la justice page favori de la justice américaine. ImpasPour Jack Malone, la vie n’a jamais été un collègues. Moins jeune, moins beau que sible la plupart du temps, il sait laisser sa long fleuve tranquille. Son enfance est aussi la plupart d’entre eux, c’est pourtant lui le colère éclater, mais préfère l’humour, arme grise que son présent. Élevé par un père autopilier de l’histoire, sorte de force tranquille, qu’il manie avec brio, envoyant régulièreritaire et distant, il assiste au suicide de sa l’âme de la série, comme Grissom, Taylor ment ses plaisanteries bien senties et si possimère alors qu’il n’a pas seize ans. Il la savait ou Caine chez Les Experts, autres producble bien vexantes à ceux qu’il juge indignes tions Bruckheimer. Mieux, lentement, au fur suicidaire, il s’était promis de veiller sur elle. de son respect. Les gros durs ne lui font pas et à mesure des six saisons de Without a Envoyé à l’armée par son père alors qu’il est peur. Il en a vu d’autres. Trace, il a su se découvrir et, grâce à de à peine majeur, il en reviendra à 25 ans, poissard et tragique successives révélations sur sa vie privée, dépressif, malade, et, histoire de tout oublier, S’il est un stakhanoviste des séries télé – et en gagner en profondeur. Car Jack Malone, enverra sa propre voiture s’écraser contre mettant de côté les journées surréalistes de effet de style certes simpliste mais efficace, un pylône, avant, sain et sauf, de jurer s’être Jack Bauer – c’est sûrement lui. À trop bosser, est aussi perdu dans l’existence que le sont endormi au volant. Entre-temps diplômé en il s’en pourrit la santé. Tension, surpoids, somceux dont il traque la piste. psychologie, Malone n’arrive pas pour autant meil délicat, Jack Malone se tue littéralement Il y a dans cette carcasse fatiguée, dans à régler ses propres ennuis. Seul au monde, au travail. Pas question de dormir quand un son air de ne pas tout comprendre, dans ou presque, ne lui reste que son travail. On disparu est encore dans la nature. Jour ou ses silences autoritaires, un petit quelque lui connaît peu d’amis. On sait qu’il a un nuit, peu importe. La famille passera après, chose de Columbo. Le style Malone, c’est frère, mais il ne lui adresse quasiment plus la et c’est surtout là que le bât blesse. Dès les un mélange de droiture et de sécheresse, parole. Catholique, il peine à garder la foi. premiers épisodes de la série, la vie privée cocktail sur mesure pour un chef en cosTout juste ses visites au père Walker, son seul de Malone a été un véritable enfer. Marié, tard cravate, mais aussi une sorte d’étrange véritable confident, le réconfortent-elles. père de deux petites filles, il a vu sa situation passivité, de contemplation. Pourtant, quand Reste le semblant de famille qu’il s’est personnelle empirer de saison en saison. Il y il pense avoir affaire à un salaud, Malone y construit avec ses collègues, eux aussi a d’abord eu le départ de sa femme Maria va rarement par quatre chemins. Il menace, des écorchés de la vie, d’anciens enfants pour Chicago, conséquence de sa liaison il casse, il impose sa stature. Il sait aussi battus, des fils délaissés par leurs pères ou avec Samantha, mais aussi des trop nomprendre l’air du type qui s’en fout, qui va condamnés à suivre leur voie, des rebelbreuses soirées passées au bureau, loin de vous pourrir la vie, mais que ça n’empêchera les, en quelque sorte, venus chercher au FBI la maison familiale. La pas de dormir. À cheleur rédemption, noyer leurs mauvais soudemande de divorce a val sur ses principes venirs, trop nombreux, dans la recherche Le styLe maLone : un logiquement suivi, et moraux et bien calé derobsessionnelle de la justice. Pour Jack méLange De Droiture et De sécheresse Malone s’est vu retirer rière son bureau impecMalone, si ce dévouement permet d’occula garde de ses filles, cable , Jack Malone, per les journées, de se rendre utile, d’être c’est le bon flic par excellence. Mieux, dont la plus jeune, Hannah, refuse de lui quelqu’un, il ne suffit pas à chasser ses fanderrière sa droiture, l’homme sait donner de adresser la parole. Plus tard, ce sera son père tômes, et à lui offrir la paix intérieure dont sa personne pour défendre ses collègues. dont il devra s’occuper, vieil homme aigri, il aurait tant besoin. Autour de son cou, il Particulièrement protecteur avec Samanrongé par Alzheimer, qui ne tardera pas à porte une médaille, un cadeau de Chet Coltha, avec qui il a entretenu une relation disparaître. Enfin, alors qu’il croyait avoir lins, le père d’un des disparus de la première intime, mais aussi avec Vivian, la seule qui retrouvé un semblant de vie intime avec saison. Elle figure Saint Jude, le patron des partage son expérience, il sait écouter, Anne, la veuve d’un de ses amis, il verra ses causes perdues. « Je n’en ai plus besoin, lui avait lâché Collins en lui offrant la figurine. consoler, compatir. C’est aussi ça, son job, rêves s’envoler après que cette dernière eut Mais peut-être vous sera-t-elle utile… » ] faire vivre l’espoir, tant qu’il est possible d’y fait une fausse couche, ruinant tout espoir Cause perdue 92 / NUMÉRO 15 - GÉNÉRIQUE(S) photo : d.r

Table des matières de la publication Magazine Générique(s) de mai 2008 - N°15

Couverture
Edito
Sommaire
ACTUALITES - Tour du monde
- La sélection du mois
- 5 bonnes raisons d'attendre In Treatment
- Décryptages : Pushing Daisies vu par J-P Jeunet
- Miami et les séries
- Les stars télé en librairies
- Tournage : rien dans les poches (Canal+)
VO.VF - George Pelecanos, Romancier et scénariste de The Wire
- Cynthia Mort, créatrice de Tell Me If You Love Me
- Virginie Brac, scénariste d'Engrenages saison 2
DOSSIER Royaume-Uni : My Télé is Rich | Introduction
- L'autre pays des séries
- Le ton British
- Le modèle BBC
- L'exemple Kudos
- Les indispensables en DVD
ZOOM | NIP TUCK : Une série des années 2000
- Ryan Murphy, l'art discret de la provocation
- McNamara / Troy : portrait croisé
- L'image du corps
- La critique, saison par saison
- Les guest stars
- Galerie de patients
- Pour ou contre
CRITIQUES DVD - 30 Rock (S.1)
- Destination danger (S.2)
- Doctor Who (S.3)
- Scrubs (S.6)
- V (Episodes 1 à 10)
- How I Met Your Mother ( S.2)
- Chez Maupassant (S.2)
- Les Routes du Paradis (S.1), Hotel Babylon (S.1)
- Las Vegas (S.4), Sliders (S.4)
- Stargate Atlantis (S.3), La Cour des Grands (Intégrale)
POINTS DE VUE | Générique : Le Prisonnier
- Musique : Jeff beal
- Personnages : Barney
- Jack Malone
- Séquence : Dirt
- Gros Plan : Les thérapies de groupe
- La Voix Off
- Horizon : Les déclinaisons des Desperate Housewives
- Classique : Les Shadoks
- Ma série et moi : David Wolstencroft (Mi-5)

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