Magazine Générique(s) de mai 2008 - N°15 - (Page 104)

CLASSIQUE / LES SHADOKS sous les pavés aron Neville le clamait haut et fort quelque part dans ses envolées soul : It’s all right ! Belle devise quoiqu’un peu utopiste. Oui, mais en 1968, c’est ce que l’on pouvait trouver dans chaque recoin d’une ruelle parisienne. Tout va bien, on contrôle nos rues, tout ira mieux maintenant, nous allons frapper des mains, danser sur la tombe d’un De Gaulle fantomatique et l’on va croire continuellement en cette révolution culturelle, politique et socialiste. Quelques jours avant le déclenchement des émeutes, un certain Jacques Rouxel balançait sur les images d’une ORTF vacillante, des personnages hauts en noir et blanc qui dynamitèrent définitivement les esprits corsetés des détracteurs puérils. Ces oiseaux saugrenus, plus connus sous le nom de Shadoks, avaient la particularité de pondre des œufs en fer, de rouspéter à tout va et n’aspiraient qu’à une seule chose, se barrer coûte que coûte de leur planète microscopique pour aller conquérir la Terre. Rondouillards, grandes pattes, ailes minuscules et gros bec, ces volatiles aux traits grossiers prirent leur envol en quelques jours et façonnèrent une certaine idée d’une France libre, populaire et intelligente. Rouxel est clair : nous avons tous des raisons d’y croire et les Shadoks, à leur façon, furent le reflet de cette devise renoirienne qui consistait à ne plus s’asseoir avec Dame convention mais de caresser l’amour suprême le temps d’une bise légère. Belle accalmie en somme ! L’une des premières grandes séries françaises. Les shadoks ont déposé La première pierre et continuent de marquer Les esprits. mai 68, toujours pLus haut et toujours pLus fort ! samir ardjoum toujours aussi subtils. Rouxel a conçu un produit aux gags surréalistes bien avant les Monty Python, bien avant Desproges et Prévost, bien avant les ritournelles comiques de la bande de Canal +. Et c’est en cela qu’il est un précurseur du verbe comique, car en critiquant la société par le biais de symboles fiévreux et de métaphores lyriques, Rouxel a touché dans le mille et cette explosion de pot-pourri n’a pas laissé indifférent. Pour une fois, le cinéma se retrouvait en danger tant la suprématie d’une image bizarre et décalée et qui plus est fournie par la télévision, ennemi public n° 1, sensibilisa la France entière. Tous s’adaptèrent à cette invasion, tous se posèrent d’innombrables questions, tous apprirent le parlé shadocku et tous en rirent. Surtout les animateurs audiovisuels qui avec Jean Yanne et Daniel Prévost en tête, décidèrent de réserver une soirée dans la semaine afin de laisser la parole aux Français. Intitulée le plus naturellement qui soit : les Français parlent aux Shadoks, les deux zigotos lisaient des lettres réellement écrites par des intrigués, « par des imbéciles qui aiment et des imbéciles qui n’aiment pas » (pour paraphraser Desproges) et s’amusèrent de ces facéties assez inédites dans cette société légèrement formatée. La recette ? Un texte croustillant qui détruit tout ce qu’il touche. De « Quand on ne sait pas où on va, il faut y aller… et le plus ga Belle époque ? Difficile d’en apporter un témoignage conséquent. Né huit années plus tard et ce en plein essor du cinéma américain (invasion des Coppola, Scorsese, Lucas et autre Spielberg), je découvris les Shadoks dans les années 80 suite à une énième rediffusion sur Antenne 2. Encore aujourd’hui, ces petits hurluberlus n’ont pas pris une ride et continuent de « danser la vie ». Énormité du trait certes, mais propos 104 / NUMÉRO 15 - GÉNÉRIQUE(S)

Table des matières de la publication Magazine Générique(s) de mai 2008 - N°15

Couverture
Edito
Sommaire
ACTUALITES - Tour du monde
- La sélection du mois
- 5 bonnes raisons d'attendre In Treatment
- Décryptages : Pushing Daisies vu par J-P Jeunet
- Miami et les séries
- Les stars télé en librairies
- Tournage : rien dans les poches (Canal+)
VO.VF - George Pelecanos, Romancier et scénariste de The Wire
- Cynthia Mort, créatrice de Tell Me If You Love Me
- Virginie Brac, scénariste d'Engrenages saison 2
DOSSIER Royaume-Uni : My Télé is Rich | Introduction
- L'autre pays des séries
- Le ton British
- Le modèle BBC
- L'exemple Kudos
- Les indispensables en DVD
ZOOM | NIP TUCK : Une série des années 2000
- Ryan Murphy, l'art discret de la provocation
- McNamara / Troy : portrait croisé
- L'image du corps
- La critique, saison par saison
- Les guest stars
- Galerie de patients
- Pour ou contre
CRITIQUES DVD - 30 Rock (S.1)
- Destination danger (S.2)
- Doctor Who (S.3)
- Scrubs (S.6)
- V (Episodes 1 à 10)
- How I Met Your Mother ( S.2)
- Chez Maupassant (S.2)
- Les Routes du Paradis (S.1), Hotel Babylon (S.1)
- Las Vegas (S.4), Sliders (S.4)
- Stargate Atlantis (S.3), La Cour des Grands (Intégrale)
POINTS DE VUE | Générique : Le Prisonnier
- Musique : Jeff beal
- Personnages : Barney
- Jack Malone
- Séquence : Dirt
- Gros Plan : Les thérapies de groupe
- La Voix Off
- Horizon : Les déclinaisons des Desperate Housewives
- Classique : Les Shadoks
- Ma série et moi : David Wolstencroft (Mi-5)

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