Magazine Générique(s) de mai 2008 - N°15 - (Page 106)

MA SÉRIE ET MOI / DaviD Wolstencroft Le graaL des séries Pour le créateur, Producteur et scénariste des Plus british des agents sPéciaux, ceux de Mi-5, la série fondatrice est une coMédie, le délirant Monty Python’s flying circus. ProPos recueillis Par Pierre langlais. « e suis généralement assez peu enclin à me demander d’où me vient mon « art ». Non pas que je sois effrayé à l’idée de me livrer à une petite introspection, mais il me semble que ma machine à inspiration personnelle se rapproche assez de l’image qu’on a de l’ordinateur de bord d’un avion. On ne sait pas vraiment comment ça marche ; tout ce qu’on lui demande, c’est de nous faire voler. Faire le tri de mes influences, en revanche, est une tâche bien plus simple. Mon premier choc, mon plus vieux souvenir artistique, mon premier souffle créateur remonte au jour où, assis devant PBS à Honolulu (où je suis né), je suis tombé sur l’image d’un homme – un certain John Cleese – assis derrière un bureau… au bord d’une falaise. Une situation, il faut l’admettre, franchement improbable, et qui me fit partir dans un fou rire incontrôlable. De cette scène, j’ai retenu une leçon : si on peut filmer un homme lisant son journal, l’air de rien, son bureau posé au bord d’une falaise, alors on peut tout filmer. Aujourd’hui encore, je conserve un souvenir limpide de la réaction de mon cerveau, alors âgé d’à peine quatre ans : « Qu’estce que c’est que ce truc ? » « Ce truc », en l’occurrence, c’était le Monty Python’s Flying Circus, une série à sketches et un des plus grands moments de l’histoire de la comédie. Pour beaucoup de mes confrères, cette série a eu un impact décisif, attirant leur curiosité sur ce qui serait plus tard leur job, ou les poussant à persévérer dans cette voie. Sans doute les Monty Pythons ont d’ailleurs inspiré des gens bien au-delà de la profession… Ce qui fait la force des Monty Pythons, c’est la cohabitation de fortes personnalités dans un environnement totalement délirant. Un des premiers sketches dont je me souviens mettait en scène Graham Chapman en représentant britannique des Jeux Olympiques de cache-cache… Dans un style proche du cinéma, on le suivait de continent en continent, pourchassé par Terry Jones. Ce sketch n’était pas juste une bonne idée brillamment racontée, mais une véritable ode à l’anarchie scénaristique. Il existe bien entendu des sketches plus célèbres des Monty Pythons, mais ce sont ces fresques pseudo-héroïques délirantes qui ont marqué ma mémoire. Elles illustrent un sens du risque unique, et une capacité inébranlable à donner vie à une vision, aussi tordue soit-elle. J’ai du mal J à imaginer quelle réaction aurait aujourd’hui un grand studio face à de tels sketches ! Pensez par exemple à l’homme des cavernes de Michael Palin, qui courait vers la caméra pendant une éternité, pour ne finalement dire que « C’est… » avant d’être coupé. Dans la marge du script, vous liriez : « vous faites courir ce gars tout ce temps pour un seul mot ? C’est pas possible ! Il ne pourrait pas parler un peu plus ? Et en plus, ça coûte une fortune ! » Voilà pourquoi le Monty Python’s Flying Circus est devenu une source d’inspiration majeure pour ma propre série – bien qu’elle soit bien moins drôle… Les Monty Pythons étaient obsédés par l’innovation. Ils cherchaient en permanence de nouvelles formes pour mettre en scène leurs idées – les interrompant, faisant dériver un personnage entre deux sketches qui n’ont rien à voir – prouvant que la meilleure façon d’être soi-même est de créer son propre style, de faire les choses à sa manière. En lançant MI-5, je savais qu’il existait des dizaines de séries d’espionnage, mais je sentais qu’elles tenaient plus du pastiche et de la caricature que du drame. J’ai donc cherché, tout en respectant la tradition, à faire quelque chose de différent, de novateur. Je savais l’entreprise périlleuse, mais grâce aux Monty Pythons, j’ai su garder en tête que tout est possible. Je leur dois une fière chandelle ! » ] générique(s) En juin, événEmEnt SEX AND THE CITY à l ’occasion dE la sortiE du film adapté dE la sériE. En parallèlE, uN DoSSIEr CoNSACré AuX NouVELLES HéroÏNES posEra la quEstion dE l ’héritagE dE carriE Bradshaw Et sEs copinEs, dE wEEds à gossip girl, En passant par thE l word. Photo : dr

Table des matières de la publication Magazine Générique(s) de mai 2008 - N°15

Couverture
Edito
Sommaire
ACTUALITES - Tour du monde
- La sélection du mois
- 5 bonnes raisons d'attendre In Treatment
- Décryptages : Pushing Daisies vu par J-P Jeunet
- Miami et les séries
- Les stars télé en librairies
- Tournage : rien dans les poches (Canal+)
VO.VF - George Pelecanos, Romancier et scénariste de The Wire
- Cynthia Mort, créatrice de Tell Me If You Love Me
- Virginie Brac, scénariste d'Engrenages saison 2
DOSSIER Royaume-Uni : My Télé is Rich | Introduction
- L'autre pays des séries
- Le ton British
- Le modèle BBC
- L'exemple Kudos
- Les indispensables en DVD
ZOOM | NIP TUCK : Une série des années 2000
- Ryan Murphy, l'art discret de la provocation
- McNamara / Troy : portrait croisé
- L'image du corps
- La critique, saison par saison
- Les guest stars
- Galerie de patients
- Pour ou contre
CRITIQUES DVD - 30 Rock (S.1)
- Destination danger (S.2)
- Doctor Who (S.3)
- Scrubs (S.6)
- V (Episodes 1 à 10)
- How I Met Your Mother ( S.2)
- Chez Maupassant (S.2)
- Les Routes du Paradis (S.1), Hotel Babylon (S.1)
- Las Vegas (S.4), Sliders (S.4)
- Stargate Atlantis (S.3), La Cour des Grands (Intégrale)
POINTS DE VUE | Générique : Le Prisonnier
- Musique : Jeff beal
- Personnages : Barney
- Jack Malone
- Séquence : Dirt
- Gros Plan : Les thérapies de groupe
- La Voix Off
- Horizon : Les déclinaisons des Desperate Housewives
- Classique : Les Shadoks
- Ma série et moi : David Wolstencroft (Mi-5)

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