Magazine Générique(s) de mai 2008 - N°15 - (Page 60)

ZOOM / NIP tuck L ’aRT discRET dE La ryAn murphy, créAteur de nip/tuck, est un gArçon secret. pourtAnt, à chAcun de ses projets, il dérAnge, innoVe et surprend. et il VA fAlloir s’y hAbituer. pierre lAnglAis vec une série comme Nip/Tuck pour étendard, on l’attendait people et tendance, mais de la vie privée de Ryan Murphy, 42 ans, on ne sait que ceci : il est gay. Circulez, y’a rien à voir. Son histoire, elle, ressemble à celle d’un bon paquet d’écrivains talentueux qui ont fini dans les griffes d’Hollywood. Sauf que lui s’en est bien sorti. Avant de lancer Nip/Tuck en 2003, Murphy n’avait pas fait grand-chose. Sa première série, Popular, avait obtenu un bref succès, survivant deux saisons (1999 et 2000). Déjà il y faisait preuve d’un certain style, légèrement barré et esthétisant. Déjà, dans cette série adolescente au titre explicite, il s’attaquait à son sujet préféré : la fascination des Américains pour le superficiel, leur obsession des apparences. Ryan Murphy est né du côté d’Indianapolis, loin d’Hollywood. Ses parents, propriétaires d’une maison d’édition, lui donnent le goût de l’écrit, l’école fera le reste. Adolescent, il s’investit dans le théâtre, la musique, et prend la direction du canard de son lycée. À l’université d’Indiana, il opte pour le journalisme. Propulsé à la rubrique faits divers dès son premier stage, il se promène sur les scènes de crimes, et contemple, dégoûté, les restes d’accidents de voitures et de fusillades. On le change de rubrique, direction les pages modes et tendances. Restes humains/modes et tendances. Troublant. De stages en stages, Ryan Murphy trouve sa voie, l’entertainment, comme on dit, et décroche un poste de rédacteur au Miami Herald. des hAuts/des bAs Quittant Miami quelques années plus tard, il s’installe à Hollywood. Loin d’être débordé, il s’essaye à l’écriture, et parvient à vendre quelques sujets plus rock’n’roll et quelques histoires décalées au Los Angeles Times, à Entertainment Weekly et à quelques autres journaux. Pour un de ses articles, qu’il veut provocant et punchy, il se rend chez un chirurgien esthétique de Beverly Hills, en se faisant passer pour un patient. Il veut dénoncer les écarts de cette profession. Il en ressort furieux, son hôte lui ayant suggéré une série de cinq interventions pour lui redessiner le visage. Des années plus tard, il saura se souvenir de cette mésaventure, qui donnera naissance à Nip/Tuck. Pour l’heure, nous sommes encore dans les années 80. FX, la chaîne qui lancera la série en 2003, n’existe même pas… En 1995, Ryan Murphy parvient à vendre son premier scénario, Why can’t I be Audrey Hepburn, l’histoire d’une mariée qui, se découvrant une passion commune – les films de ladite actrice – avec le témoin de son futur époux, s’enfuit avec lui. Le film, après avoir été dans les petits papiers de Spielberg, finit au placard. Annoncé, puis déprogrammé, casté (Jennifer Love Hewitt devant assurer le rôle principal), sur le point d’être dirigé par Murphy lui-même, le film ne verra jamais le jour. Entre un courtmétrage horrifique, The Furies, en 1999, et Popular, Murphy se fait doucement un nom, mais c’est Nip/Tuck qui le propulsera du statut de quasi-inconnu à celui de vedette de l’écriture télévisuelle. Ça ne suffit cependant pas à lui éviter les gadins. Son premier film, Running with Scissors, sorti en 2006, fait un bide critique, malgré d’évidentes qualités. Il ne sera même pas diffusé de notre côté de l’Atlantique. Pas découragé, Ryan Murphy sortira d’ici 2010 deux nouveaux films, Need, avec Nicole Kidman et Naomi Watts (en 2009), et Dirty Tricks, avec Brad Pitt et Sharon Stone (en 2010). Un double casting qualité tapis rouge qui en dit long sur la notoriété actuelle de Ryan Murphy. Côté télévision, il a signé l’an passé un contrat de 15 millions de dollars sur trois ans et demi avec la Fox, propriétaire de FX, et s’apprête à lancer une nouvelle série, Pretty/Handsome, sur la vie d’un transsexuel (Joseph Finnes). On ne change pas une formule qui gagne : discrétion/ provocation ] son sujet de prédilection : lA fAscinAtion des AméricAins pour le superficiel, leur obsession des AppArences. 60 / NUMÉRO 15 - GÉNÉRIQUE(S) photos : WArner bros internAtionAl teleVision

Table des matières de la publication Magazine Générique(s) de mai 2008 - N°15

Couverture
Edito
Sommaire
ACTUALITES - Tour du monde
- La sélection du mois
- 5 bonnes raisons d'attendre In Treatment
- Décryptages : Pushing Daisies vu par J-P Jeunet
- Miami et les séries
- Les stars télé en librairies
- Tournage : rien dans les poches (Canal+)
VO.VF - George Pelecanos, Romancier et scénariste de The Wire
- Cynthia Mort, créatrice de Tell Me If You Love Me
- Virginie Brac, scénariste d'Engrenages saison 2
DOSSIER Royaume-Uni : My Télé is Rich | Introduction
- L'autre pays des séries
- Le ton British
- Le modèle BBC
- L'exemple Kudos
- Les indispensables en DVD
ZOOM | NIP TUCK : Une série des années 2000
- Ryan Murphy, l'art discret de la provocation
- McNamara / Troy : portrait croisé
- L'image du corps
- La critique, saison par saison
- Les guest stars
- Galerie de patients
- Pour ou contre
CRITIQUES DVD - 30 Rock (S.1)
- Destination danger (S.2)
- Doctor Who (S.3)
- Scrubs (S.6)
- V (Episodes 1 à 10)
- How I Met Your Mother ( S.2)
- Chez Maupassant (S.2)
- Les Routes du Paradis (S.1), Hotel Babylon (S.1)
- Las Vegas (S.4), Sliders (S.4)
- Stargate Atlantis (S.3), La Cour des Grands (Intégrale)
POINTS DE VUE | Générique : Le Prisonnier
- Musique : Jeff beal
- Personnages : Barney
- Jack Malone
- Séquence : Dirt
- Gros Plan : Les thérapies de groupe
- La Voix Off
- Horizon : Les déclinaisons des Desperate Housewives
- Classique : Les Shadoks
- Ma série et moi : David Wolstencroft (Mi-5)

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