Magazine Générique(s) de mai 2008 - N°15 - (Page 82)

Critiques / LES DVD DU MOIS l ’amoral Le ton de cette seconde saLve, de quaLité égaLe à La première, est encore pLus crueL, cynique et désabusé. nathaLie rasteLLi chez maupassant - saison 2 de l ’histoire L e talent de Maupassant, maître dans l’art d’épingler la bêtise humaine, est parfaitement servi dans cette seconde saison, tout aussi remarquable que la première d’un point de vue esthétique, mais aussi de contenu. Une distribution prestigieuse, des dialogues écrits au couteau, une réalisation sobre, classique et efficace offre à cette nouvelle collection une place de choix dans la vidéothèque de n’importe quel amateur de littérature. Car l’esprit de Maupassant affleure dans chaque séquence. Il y a un mélange de Flaubert, qui fut le mentor de l’écrivain normand, de Balzac et de Chabrol, dans ces adaptations de quatre contes et quatre nouvelles. Le metteur en scène de L’Ivresse du pouvoir revisite d’ailleurs magistralement Le petit fût de Maupassant avec Tsilla Chelton, en mère Magloire, et François Berléand, dans le tablier de l’aubergiste Chicot, deux avares impénitents faussement gentils, campés avec jubilation par deux comédiens au sommet de leur art. Tels des médecins légistes, les auteurs, dont le virtuose Jacques Santamaria, et les réalisateurs (pas des moindres : Denis Malleval, Jean-Daniel Verhaeghe, Philippe Monnier,…) se sont visiblement délectés à observer des personnages dans des situations quotidiennes et/ou insolites et à disséquer leur comportement dicté par des sentiments fort peu honorables comme l’envie, la jalousie, l’appât du gain, la méchanceté…. La comédie humaine vue par maupassant Servis par des acteurs, connus ou non - les seconds rôles n’ayant rien à envier aux premiers -, ces derniers marquent de fait irrésistiblement l’esprit du téléspectateur. Peintre réaliste dont l’œil est exercé à la critique, Maupassant sait distinguer les travers de ses contemporains, et des femmes notamment qui en prennent pour leur grade. Comme déjà dans Bel ami où le héros s’inspire de Shopenhauer qui conseille d’utiliser la gent féminine sans jamais s’attacher à elle. Un avis que l’on retrouve notamment dans La Chambre 11 de Jacques Santamaria, où Cloltilde Courau trompe son dindon d’époux en menant une double vie avec un art absolu du mensonge et de la manipulation. Autre exemple, dans Au bord du lit, Jean-Daniel Verhaeghe met en scène une femme qui entend accomplir son devoir conjugal contre des sommes d’argent de plus en plus importantes. Dans Ce cochon de Morin, Laurent Heynemann pointe du doigt la soi-disant innocente Henriette, jeune et jolie femme sur laquelle le pauvre mercier Morin (très convaincant Didier Bénureau) a eu l’audace de se jeter dans un train. Pour autant, les hommes n’ont pas forcément le beau rôle. Dans Ce cochon de Morin encore, l’ami ou plutôt, le faux ami du héros, le roué journaliste Labarbe (Julien Boisselier) parvient à avoir le rôle du sauveur, mais également la crémière et le lait de la crémière. Dans un autre registre, on ne peut s’empêcher d’éprouver de la compassion pour Thierry Frémont en notaire, amateur d’art lyrique, dont le seul souci était Sortie le : 24 avril 2008. Éditeur : France tÉlÉviSionS diStribution. ÉpiSodeS : 8. crÉÉe par : GÉrard Jourd’hui. annÉe : 2008. prix : 24,99 euroS. d’être reconnu et admiré et qui se retrouve humilié dans Une soirée qui ne se déroule pas comme il l’imaginait. Caustique, corrosive, la plume de Maupassant ne laisse aucune place à la moralité. L’homme n’est pas puni par où il a péché. Au contraire, il semble parfois récompensé pour ses vices. La noirceur de son âme ainsi mise en lumière n’est pas sans déclencher une certaine tristesse. Il suffit de regarder le terrible Aux Champs, signé Olivier Schatzky. Cette histoire met en scène deux familles paysannes pauvres auxquelles une femme riche et stérile propose d’acheter un de leurs nombreux enfants. La première refuse, mais la seconde accepte de céder son dernier fils moyennant une rente. Las, la mère qui aura préféré garder sa progéniture se le verra reprocher ! Fidèles aux textes de Maupassant, les auteurs de cette seconde saison proposent une étude des mœurs sacrément désabusée ] 82 / NUMÉRO 15 - GÉNÉRIQUE(S) photo : Jean pimentel - France 2

Table des matières de la publication Magazine Générique(s) de mai 2008 - N°15

Couverture
Edito
Sommaire
ACTUALITES - Tour du monde
- La sélection du mois
- 5 bonnes raisons d'attendre In Treatment
- Décryptages : Pushing Daisies vu par J-P Jeunet
- Miami et les séries
- Les stars télé en librairies
- Tournage : rien dans les poches (Canal+)
VO.VF - George Pelecanos, Romancier et scénariste de The Wire
- Cynthia Mort, créatrice de Tell Me If You Love Me
- Virginie Brac, scénariste d'Engrenages saison 2
DOSSIER Royaume-Uni : My Télé is Rich | Introduction
- L'autre pays des séries
- Le ton British
- Le modèle BBC
- L'exemple Kudos
- Les indispensables en DVD
ZOOM | NIP TUCK : Une série des années 2000
- Ryan Murphy, l'art discret de la provocation
- McNamara / Troy : portrait croisé
- L'image du corps
- La critique, saison par saison
- Les guest stars
- Galerie de patients
- Pour ou contre
CRITIQUES DVD - 30 Rock (S.1)
- Destination danger (S.2)
- Doctor Who (S.3)
- Scrubs (S.6)
- V (Episodes 1 à 10)
- How I Met Your Mother ( S.2)
- Chez Maupassant (S.2)
- Les Routes du Paradis (S.1), Hotel Babylon (S.1)
- Las Vegas (S.4), Sliders (S.4)
- Stargate Atlantis (S.3), La Cour des Grands (Intégrale)
POINTS DE VUE | Générique : Le Prisonnier
- Musique : Jeff beal
- Personnages : Barney
- Jack Malone
- Séquence : Dirt
- Gros Plan : Les thérapies de groupe
- La Voix Off
- Horizon : Les déclinaisons des Desperate Housewives
- Classique : Les Shadoks
- Ma série et moi : David Wolstencroft (Mi-5)

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