NEOMA Alumni Mag - N°37 - Décembre 2023 - 58

ASSO - TRIBUS -
NEOMA ALUMNI ENGAGED - 16 novembre 2023
UNE NOUVELLE FORME DE
CROISSANCE EST-ELLE POSSIBLE ?
Quel nouveau récit de prospérité pourrions-nous écrire ? Serions-nous capables de faire naître
une économie de prospérité sociale et écologique, dans le respect des limites écologiques de
notre planète ? Organisé par NEOMA Alumni Engaged1
avec le soutien de NEOMA BS, ce
colloque aborde ces enjeux majeurs par le partage de nouveaux modèles économiques et
l'exemple des entreprises à mission.
Timothée Parrique
Économiste, chercheur et
auteur du livre Ralentir ou périr
Maxime Blondeau (PGE 08)
Alma Mater Conseil, enseignant
à Sciences Po Paris et
Mines Paris
Bertrand Bailly
CEO de Davidson consulting
La croissance correspond à une mesure quantitative
et accumulative à laquelle le progrès ne peut
pas se réduire. En ouverture du colloque, à la question
« une nouvelle croissance est-elle possible ? »,
Timothée Parrique interroge plutôt la possibilité
d'une nouvelle prospérité ou d'un nouveau progrès.
Si l'économie se résume à l'organisation collective
de la satisfaction des besoins, son but est
de passer d'un besoin insatisfait, par exemple de
se loger, se nourrir ou se soigner, à un besoin satisfait
via la production des biens et des services permettant
de se loger, se nourrir et se soigner...
Dans une quête de toujours produire plus et de
consommer plus, nous sommes passés d'une stratégie
de croissance à celle d'excroissance, ou
comme le signifiait l'économiste américain Herman
Daly, « une croissance anti-économique », puisqu'en
rasant par exemple les forêts, nous nous appauvrissons
en services systémiques gratuits, dans le seul
objectif de générer quelques profits accaparés par
une minorité possédante qui ne présente plus de
besoins insatisfaits. La croissance économique
est une agitation écologiquement insoutenable,
socialement intenable et politiquement inutile.
Le chemin de la prospérité demande de ralentir la
croissance jusqu'à arriver au maintien de la satis-
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faction des besoins de la population et poursuivre
dans une démarche de sollicitude. L'amélioration
des taux de recyclage et d'éco-innovation permettrait
d'investir dans le capital écologique. Ainsi, en
laissant la nature tranquille, elle pourrait se régénérer
pour améliorer la qualité des services écosystémiques
qu'elle nous offre, et qui demeurent
des facteurs de production irremplaçables dans
notre capacité à nous contenter.
Pour sortir de la logique de la croissance à tout
prix, le macro-économiste recommande aux entreprises
de supprimer le but lucratif du statut légal
de leur organisation, de démocratiser leur gouvernance,
de définir une raison d'être animée par la
mise en place d'une gouvernance sociétariale
d'utilité et motivée par indicateurs de performances
sociales et écologiques, et d'engager une
stratégie de transition. Timothée Parrique encourage
par ailleurs les étudiants à questionner leurs
projets personnels, sociaux, écologiques et existentiels
en s'intéressant à toutes les disciplines.
« Protégez votre créativité, faites-vous confiance,
ne donnez pas votre travail à un système qui va à
l'encontre de vos valeurs. Nous arrivons dans une
période qui va changer le monde ! »
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