NEOMA Alumni Mag - N°37 - Décembre 2023 - 29

NEOMA BS est ainsi destiné à former les futurs
managers aux impacts business, organisationnels,
individuels et sociétaux des nouvelles technologies
telles que l'IA », pointe Alain Goudey. Le top
management n'est pas le seul concerné : l'ensemble
des collaborateurs et en particulier les
équipes métier doivent être formés. « Trop d'entreprises
pensent que l'IA est l'affaire des data scientists.
Mais s'ils travaillent seuls, en silo, sans
connaître les spécificités de leur industrie, ni
échanger avec les métiers, ça ne peut pas fonctionner.
Surtout si, en face, leurs interlocuteurs
métiers ne connaissent rien à l'IA. La principale
source d'échec est le manque de connaissances et
de langue commune », souligne Camilo Rodriguez,
qui démocratise l'IA à travers des cours, formations
et ateliers dédiés, et accompagne le lancement de
projets en utilisant le design thinking : « Nous réunissons
toutes les équipes concernées et partons
des besoins des utilisateurs pour construire un
prototype et proposer une solution viable et pertinente.
» Nicolas Rabosseau insiste sur la nécessité
de passer en revue la qualité du patrimoine de
données avant toute initiative : « C'est le nerf de la
guerre. Si les données sont incomplètes ou insuffisamment
à jour, les algorithmes ne seront pas
performants. » Une fois ce patrimoine valorisé, les
L'IA est à portée de
tous, à condition d'apprendre
son langage !
entreprises peuvent s'interroger sur les infrastructures
et écosystèmes technologiques à mettre en
place (data warehouse ou data factory, data lab
internalisé ou plateforme de data science standardisée,
etc.), avant de développer des cas d'usage
ciblés. Un projet d'IA bien mené peut être l'occasion
pour une petite structure de monter en maturité,
comme en témoigne Laure Thomson : « Nous
avons développé pour une PME de 20 personnes
une application localisant les meilleurs emplacements
d'implantation de bornes de recharges pour
véhicules électriques grâce aux données sur les
flux de véhicules, de voyageurs, etc. La structure a
embauché un data scientist pour travailler sur l'application
et ses commerciaux utilisent aujourd'hui
les cartes qu'elle génère. »
QUID DES RISQUES ?
L'IA présente de nombreux avantages mais comporte
des dangers. Un premier niveau de risque
est lié à sa nature même. « L'IA a un problème d'explicativité,
lié au fait qu'elle fonctionne comme une
boîte noire. Le résultat qu'elle fournit ne peut être
relié aux données qui y ont été déversées »,
explique Alain Goudey. Elle est donc facilement
manipulable. Détourné par des protocoles d'interrogation
malveillants, ChatGPT peut produire des
réponses dangereuses et même de la désinformation,
reprise à grande échelle sur les réseaux
sociaux. Gaëlle Martin-Lefaucheur pointe aussi le
risque lié à l'élaboration des algorithmes, « qui
reproduisent les
biais des humains qui les
conçoivent. Ainsi, les programmeurs étant majoritairement
des hommes, les algorithmes des outils
de tri de CVs sont susceptibles de privilégier les
candidatures masculines et de discriminer les
femmes. » Autre enjeu de taille : la sécurisation des
données. « Les jeux de données clients qui servent
à produire les algorithmes sont pseudonymisés et
doivent prendre en compte le respect du droit des
personnes (RGPD) », rappelle Gaëlle Martin-Lefaucheur.
« Les entreprises doivent former leurs
équipes à ces enjeux, car leurs collaborateurs se
connectent beaucoup à la version gratuite, ouverte
et non sécurisée, de ChatGPT, dont les données
sont stockées... aux États-Unis », pointe Alexandre
Mahé. En filigrane, se pose la question de la souveraineté
numérique. C'est pour permettre
l'échange sécurisé de données sensibles qu'une
plateforme collaborative telle qu'ALEIA, qui offre
une alternative européenne et souveraine aux ❱❱❱
NEOMA ALUMNI mag DÉCEMBRE 2023 - 29 -
iStockphoto
NEOMA Alumni Mag - N°37 - Décembre 2023

Table des matières de la publication NEOMA Alumni Mag - N°37 - Décembre 2023
