L'école aujourd'hui Maternelle - n°29 - Mai/Juin 2012 - (Page 12)

Dossier Maternelle / élémentaire : créer du lien REPORTAGE Des échanges autour du conte Alice Da Silva, enseignante à l’école maternelle Hippodrome (Reims), a mis en place un projet original de liaison avec l’école élémentaire sur le thème du conte. Tous les jeudis, les grands racontent et mettent en scène des contes pour les CP qui leur lisent ensuite des histoires. Un projet fédérateur, désormais , intégré au projet d’école. A lice Da Silva est arrivée cette année à l’école Hippodrome (Reims). Elle a apporté avec elle le projet des “enfants conteurs” qu’elle avait initié dans une autre école, en ZEP partant du constat que les en, fants avaient des difficultés de compréhension en lecture et un vocabulaire pauvre. “C’est un projet très porteur car le conte est fédérateur, il permet de communiquer entre classes” souligne l’enseignante. Le , projet des “enfants conteurs” s’est ainsi naturellement retrouvé au cœur de la liaison entre maternelle et élémentaire. Il a été intégré au projet d’école, et au décloisonnement du vendredi s’est ajouté un échange autour du conte : tous les jeudis, les élèves de Grande Section d’Alice Da Silva vont raconter des histoires en CP ou dans d’autres classes de l’école élémentaire. Un lien inscrit dans les programmes “La liaison avec le CP se développe car, depuis 2008, elle fait partie des programmes et doit entrer dans le projet d’école, commente l’enseignante. Les deux pôles sont la Grande Section et le CP mais le pro, jet a des répercussions au-delà. Les autres classes ne sont pas exclues.” Les grands ont ainsi déjà rendu visite aux CE1 d’à côté, et comme Alice Da Silva a aussi des moyens, ils ont également pris part au projet et sont capables de conter des histoires. Le résultat est impressionnant. La première histoire racontée par les grands aux CP qui sont venus dans 12 L’ÉCOLE AUJOURD’HUI MATERNELLE n°29 leur classe ce jour est celle de la princesse ratonne. Le conte fait intervenir différents personnages (le roi raton, le soleil, le nuage, etc.), interprétés par six enfants qui se placent dans l’ordre d’apparition de leurs personnages. Chacun tient une marotte représentant son personnage et joue son rôle impeccablement, en mettant le ton et en retrouvant les termes et les situations qui permettent de dérouler l’histoire. La deuxième histoire est celle du petit cochon qui ne voulait pas rentrer à la maison. Le récit est relativement long et, à chaque étape, la phrase s’allonge et s’enrichit d’un nouveau personnage qui s’ajoute aux précédents, ce qui donne une phrase avec beaucoup d’éléments à retenir et à dire. La performance est d’autant plus impressionnante que ce conte est dit par une petite fille d’origine étrangère qui ne parlait pas bien le français en début d'année, au niveau de la syntaxe et du lexique. “Grâce au projet conte, elle a énormément progressé”, note l’enseignante. La petite fille, très concentrée, termine son histoire sans une faute. Suivent encore quelques contes comme celui de la grenouille à grande bouche. La petite fille qui le dit a, elle aussi, travaillé son jeu : elle insiste sur certaines syllabes comme si elle parlait en coassant. Pour d’autres contes, les enfants ont des marottes qu’ils montrent au public mais qu’eux-mêmes ne voient pas. Au fil du conte, ils font défiler les images au bon moment, et avec de rares hésitations. Certains mai-juin 2012 enfants sont face au public, comme s’ils regardaient un point au fond de la classe tout en restant concentrés. D’autres sont moins experts et surmontent le trac en regardant leurs pieds. La plupart disent leur conte sans oublis ni hésitations. L’enseignante, qui suit attentivement l’histoire, aide ceux qui se perdent ou s’arrêtent en leur soufflant la suite. Pour tous, elle a un mot d’encouragement et de félicitations. « Ce projet des “enfants conteurs” est très porteur. Le conte est fédérateur, il permet de communiquer entre classes. » Des rencontres pour grandir “Pourquoi racontons-nous plein d’histoires ?” demande l’enseignante à ses élèves quand ils ont terminé. “Parce qu’on ne sait pas lire” répondent-ils en cœur. “Les en, fants ne savent pas encore lire, mais c’est une façon pour eux de se valoriser et de montrer qu’ils savent des choses tout seuls, explique Alice Da Silva. Ils sont très heureux de faire ce projet, ils aiment partager, et ça développe la complicité entre les enfants. Les CP viennent lire, pour montrer que, quand on va au CP on , a grandi, on a franchi une étape.” C’est donc ensuite au tour des CP accompagnés de leur enseignante Odile Jonquet de montrer leurs talents. Ils sont venus avec un grand album, Animalines (Francesco Pittau, Bernadette Gervais, Mango), derrière lequel ils disparaissent chacun à leur

Table des matières de la publication L'école aujourd'hui Maternelle - n°29 - Mai/Juin 2012

Edito
Sommaire
ACTU
- En bref 3 questions à Chloé Jarry
- Le billet du médecin Pourquoi sommes-nous tous différents ?
- Une année avec… Les objets-instruments
DOSSIER - Maternelle / élémentaire : créer du lien
- Introduction
- Entretien Viviane Bouysse
- Reportage Des échanges autour du conte
- Analyse Une pédagogie de passerelles
- Pratiques Pour une continuité pédagogique
- Bloc-notes Construire les apprentissages
PRATIQUES PÉDAGOGIQUES - Découvrir le vivant
- Introduction 3 questions à Bernadette Aubry
- Progressions PS MS GS
- Outils pour la classe
SÉLECTION
- Nouvelles technologies
- Pédagogie
- Coin thématique
- Jeunesse

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