COMMISSION DU VIEUX PARIS - Actes du colloque du 12 octobre 2011 - (Page 85)

Énergétique du patrimoine et projet architectural contemporain [ M. Christophe Amsler / Architecte EPFL ] Si vous me le permettez, à l’issue de cette journée de réflexion, je souhaiterais commencer mon exposé par retourner à un point qui me paraît très important pour expliquer les rapports particuliers qu’entretiennent la rationalité énergétique et le patrimoine : contrairement à ce qui a été évoqué plusieurs fois aujourd’hui, la problématique énergétique n’est pas, à mon sens en tout cas, une problématique de type patrimonial. Elle n’est pas née du patrimoine. Le patrimoine architectural, en lui-même, ne pose pas le problème de l’énergie. Aussi longtemps que les saisons ont pénétré jusqu’au cœur des logements, aussi longtemps que les habitants ont admis des températures plus basses en hiver qu’en été, une clarté plus grande le jour que la nuit, plus de tranquillité à la campagne qu’à la ville, aussi longtemps, en un mot, que l’homme a admis qu’il existait plusieurs manières d’habiter, estivales, hivernales, diurnes, nocturnes, urbaines et campagnardes, les problèmes énergétiques ne se sont pas posés. Tout au moins ne se sont-ils pas posés dans les termes que nous employons aujourd’hui. La question énergétique, plus que du patrimoine, découle de la façon dont nous habitons le patrimoine, dont nous l’utilisons, de la manière que nous avons de nous y installer. La question est comportementale. Elle est d’abord celle de nos modes de vie, de ce que nous demandons au patrimoine dans la réalisation de nos attentes contemporaines. Or s’il fallait, dans le domaine du climat intérieur, résumer la perspective majeure qu’emprunte aujourd’hui notre idée d’habiter bien ou confortablement, nous dirions qu’elle tend essentiellement à la constance, à la régularité et au lissage des ambiances : nous souhaitons diminuer le chaud en été, le froid en hiver, nous souhaitons un climat moyen qui, au-delà des saisons, s’étende à l’année entière. Nous lions aujourd’hui indiscutablement notre idée de confort à cette linéarité-là. Et nous l’étendons à tous les domaines du quotidien : égalité des températures au cours des saisons, de la lumière au cours des jours, du bruit au cours des heures. Et bien, à mon avis, les problèmes énergétiques du patrimoine naissent au moment précis où cet horizon plat et linéaire de notre confort contemporain rencontre – ou plutôt affronte – l’offre que nous propose la construction historique en ce domaine qui est, tout au contraire – et voilà ce que je vais tenter de vous montrer – modulation, respiration et ouverture au rythme des climats. Il y a donc incompatibilité entre deux définitions du confort, la linéaire de notre sensibilité actuelle et la fluctuante de notre patrimoine bâti. Une impossibilité qui, dans un premier réflexe, a cru pouvoir se résoudre dans la correction du terme maléable de la contradiction, soit le patrimoine : le bâti historique, par un train pesant de mesures techniques, s’est vu retouché dans tous les secteurs constructifs qui favorisaient l’inconstance du climat intérieur : isolation des transferts, étanchement des fuites, inhibition des convections, coupure des ponts thermiques, etc., etc. Mais imposer aux enveloppes patrimoniales des tâches provenues d’une toute autre généalogie comportementale, ne peut se faire que dans la douleur et dans l’incompréhension réciproque. Fig. 110 Actes du colloque patrimoine architectural parisien & développement durable du 12 octobre 2011 85

Table des matières de la publication COMMISSION DU VIEUX PARIS - Actes du colloque du 12 octobre 2011

Couverture
Sommaire
Avant-propos
PREMIERE TABLE RONDE
- Les leviers d’action : comprendre les règles, les pratiquer et les adapter au contexte parisien
- Mme Élisabeth Borne [Directrice de l’Urbanisme, Ville de Paris] : règles, principes et pratiques à Paris, évolutions souhaitables
- Jean-Marc Blanchecotte [Chef du STAP de Paris] : enjeux énergétiques versus procédures patrimoniales ?
DEUXIEME TABLE RONDE
- De Paris et d’ailleurs : programmes collectifs passés ou en cours
- Mme Isabelle Petitperrin [Directrice du Développement, SGIM ] : regard d’un opérateur parisien, retour sur expériences ; réhabilitation énergétique du parc immobilier en brique des années Trente
- Mme Marine Maire [Chargée d’opérations, SGIM ] : regard d’un opérateur parisien, retour sur expériences ; réhabilitation d’un immeuble pour la création de sept logements sociaux et un local d’activité
- M. SergeContat [Directeur Général de la RIVP] : regard d’un opérateur parisien, retour sur expériences
- Mme Sylvie Laget [Chef de projet, PACT de Paris ] : opération programmée d’amélioration thermique et énergétique des bâtiments du 13e arrondissement
- M. Arnaud Segon [Directeur technique, Agence locale de l’énergie et du climat de l’agglomération grenobloise (ALEc) ] : OPATB en Rhône-Alpes, cas de bâti de l’Ancien Régime aux Trente Glorieuses ; programmes collectifs dans l’agglomération grenobloise
- Mme Sylvie Amselem [Chef du Service réhabilitation et patrimoine urbain de la Ville de Grenoble ] : OPATB en Rhône-Alpes, cas de bâtis de l’Ancien Régime aux Trente Glorieuses ; l’audit architectural et énergétique
TROISIEME TABLE RONDE
- Connaissance matérielle du bâti ancien parisien et enjeux énergétiques : Identifier ses potentiels et caractéristiques pour mieux le transformer
- M. Julien Bigorgne [Ingénieur environnement, Atelier parisien d’urbanisme (APUR) ] : analyse et cartographie de la performance thermique du bâti parisien
- M. Jacques Fredet [Architecte DPLG, ancien professeur à l’ENSA de Paris-Belleville ] : maisons parisiennes préindustrielles ; caractéristiques techniques de leurs enveloppes
- Mme Morgane Colombert [Enseignante chercheur, École des Ingénieurs de la Ville de Paris ] : qualité architecturale et qualité énergétique ; des programmes de recherche pour des solutions innovantes
- M. André Pouget [Ingénieur en physique « physique de l’habitat », Bureau d’Études Thermiques POUGET Consultants ] : le parc existant, une chance pour rénover de manière performante et durable
QUATRIEME TABLE RONDE
- L’architecture parisienne renouvelée par les enjeux énergétiques : démarches de projet et prospectives
- M. Marc Benard [Architecte DPLG, SAS Equateur ] : projets parisiens de réhabilitation ; exemples et prospectives
- M. Christophe Amsler [Architecte EPFL ] : énergétique du patrimoine et projet architectural contemporain
CONCLUSION
Table des illustrations et crédits

COMMISSION DU VIEUX PARIS - Actes du colloque du 12 octobre 2011

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