COMMISSION DU VIEUX PARIS - Actes du colloque du 12 octobre 2011 - (Page 13)

Enjeux énergétiques versus procédures patrimoniales ? [Jean-Marc Blanchecotte / Chef du STAP de Paris] Je pense qu’Élisabeth Borne a très bien posé la question « y a-t-il opposition entre la problématique du développement durable et patrimoine ? ». Bien sûr, il faut espérer qu’on puisse concilier les deux. Mais, il y a quand même opposition ! Il y a une opposition par les textes, pour ainsi dire. Je rappellerai simplement qu’il y a quelque temps, lors de Grenelle 1, certains élus ont estimé qu’il fallait remettre en cause l’avis conforme de l’Architecte des Bâtiments de France pour cette raison-là. Parce que dans les ZPPAUP, il y avait impossibilité, soitdisant, de mettre en place le développement durable. Donc, on a cherché à changer, à détourner un petit peu la loi. Et ce qui a été proposé finalement, c’est de remplacer les ZPPAUP par des AVAP, les Aires de mise en Valeur de l’Architecture et du Patrimoine, pour mettre dans ces nouveaux documents d’urbanisme la dimension environnementale, tout en prévoyant que dans ces aires-là, on ne pouvait pas imposer l’isolation par l’extérieur. Donc, on a déjà la réponse à la question posée : oui, il y a quand même des lois qui peuvent s’opposer. Une loi sur le développement durable et ses nécessaires économies d’énergie, d’une part, et les lois sur le patrimoine, qui pondèrent un peu ces exigences. Et c’était, je pense, l’une des erreurs de Grenelle 2, de sous-estimer la problématique de la création de la qualité architecturale d’une part, du patrimoine d’autre part. C’est-à-dire que, d’emblée, on a donné comme finalité « il faut faire des économies d’énergie, il faut faire le développement durable ». C’était un peu quand même la porte ouverte à certains lobbies, qui se sont tout de suite empressés de nous proposer plein de choses qui étaient catastrophiques pour le patrimoine, du genre « on change toutes les menuiseries ». Imaginez, à Paris, changer toutes les menuiseries des immeubles haussmanniens ? On a eu tout de suite des demandes d’isolation par l’extérieur – je pense, cela, au niveau national –, et tout refus représentait, justement, une atteinte contre les économies d’énergie. On donnait l’impression au citoyen de se dire qu’il était en droit de pouvoir faire n’importe quoi, à condition de faire des économies d’énergie. Donc, je trouve qu’autant les objectifs de développement durable sont tout à fait légitimes, autant la préparation, dans un pays comme la France, avec un patrimoine aussi important, a été très légère. Et je pense, par exemple, au patrimoine parisien dont 82 % date d’avant 1975 ; il est clair que ce n’est quand même pas évident de concilier les exigences d’aujourd’hui sur l’économie d’énergie. Nous n’avons pas ce problème à Paris, pourquoi ? Parce que la Ville de Paris, déjà, dans son PLU, a mis en évidence l’importance de son patrimoine par les Protections Ville de Paris et s’est engagée sur ce sujet... Je pense ainsi que, dès le début, on a échangé avec la Ville de Paris sur ces problématiques nouvelles. Ce qui est quand même très important, c’est qu’on en est au tout début. Et l’important c’est de dégager des idées fortes, parce que cela va avoir, à mon avis, valeur d’exemple. En tant que STAP, on a reçu de premiers projets catastrophiques, que vous avez peut-être vus aussi, c’est-à-dire du jour au lendemain des isolations extérieures sur le patrimoine parisien, comme cela ! Il a fallu refuser. À quel titre ? Au titre de l’architecture. Alors qu’ils se présentaient en disant « mais, on ne fait que répondre aux préoccupations nationales sur le développement durable et les économies d’énergie ». Donc, le problème n’est pas simple. Il est vrai qu’il y a une tendance à dire « les exigences du développement durable et celles du patrimoine sont un peu antagonistes ». Alors, je pense que la bonne démarche est celle qui a été suivie à Paris. Je reconnais que, par exemple, les fiches faites par la Ville de Paris sont très bien réalisées, et je pense qu’elles posent vraiment les problématiques qui concernent les économies d’énergie et l’ancien. Pour nous, la construction neuve n’est pas une problématique. Je rappellerai quand même que les AVAP en sont au début. Elles sont en train de se mettre en place. Il n’y a pas de ZPPAUP à Paris, mais tout est protégé, Élisabeth Borne l’a rappelé. On a un avis de l’architecte des Bâtiments de France, pour ainsi dire, sur tout Paris. Mais aussi, un engagement de la Ville de Paris : comment concilier les Protections Ville de Paris avec le développement durable ? Il y a une responsabilité prise par la Ville sur ces bâtiments, comme il y en a une de l’État sur les monuments historiques, ou au niveau des sites inscrits et des secteurs Actes du colloque patrimoine architectural parisien & développement durable du 12 octobre 2011 13

Table des matières de la publication COMMISSION DU VIEUX PARIS - Actes du colloque du 12 octobre 2011

Couverture
Sommaire
Avant-propos
PREMIERE TABLE RONDE
- Les leviers d’action : comprendre les règles, les pratiquer et les adapter au contexte parisien
- Mme Élisabeth Borne [Directrice de l’Urbanisme, Ville de Paris] : règles, principes et pratiques à Paris, évolutions souhaitables
- Jean-Marc Blanchecotte [Chef du STAP de Paris] : enjeux énergétiques versus procédures patrimoniales ?
DEUXIEME TABLE RONDE
- De Paris et d’ailleurs : programmes collectifs passés ou en cours
- Mme Isabelle Petitperrin [Directrice du Développement, SGIM ] : regard d’un opérateur parisien, retour sur expériences ; réhabilitation énergétique du parc immobilier en brique des années Trente
- Mme Marine Maire [Chargée d’opérations, SGIM ] : regard d’un opérateur parisien, retour sur expériences ; réhabilitation d’un immeuble pour la création de sept logements sociaux et un local d’activité
- M. SergeContat [Directeur Général de la RIVP] : regard d’un opérateur parisien, retour sur expériences
- Mme Sylvie Laget [Chef de projet, PACT de Paris ] : opération programmée d’amélioration thermique et énergétique des bâtiments du 13e arrondissement
- M. Arnaud Segon [Directeur technique, Agence locale de l’énergie et du climat de l’agglomération grenobloise (ALEc) ] : OPATB en Rhône-Alpes, cas de bâti de l’Ancien Régime aux Trente Glorieuses ; programmes collectifs dans l’agglomération grenobloise
- Mme Sylvie Amselem [Chef du Service réhabilitation et patrimoine urbain de la Ville de Grenoble ] : OPATB en Rhône-Alpes, cas de bâtis de l’Ancien Régime aux Trente Glorieuses ; l’audit architectural et énergétique
TROISIEME TABLE RONDE
- Connaissance matérielle du bâti ancien parisien et enjeux énergétiques : Identifier ses potentiels et caractéristiques pour mieux le transformer
- M. Julien Bigorgne [Ingénieur environnement, Atelier parisien d’urbanisme (APUR) ] : analyse et cartographie de la performance thermique du bâti parisien
- M. Jacques Fredet [Architecte DPLG, ancien professeur à l’ENSA de Paris-Belleville ] : maisons parisiennes préindustrielles ; caractéristiques techniques de leurs enveloppes
- Mme Morgane Colombert [Enseignante chercheur, École des Ingénieurs de la Ville de Paris ] : qualité architecturale et qualité énergétique ; des programmes de recherche pour des solutions innovantes
- M. André Pouget [Ingénieur en physique « physique de l’habitat », Bureau d’Études Thermiques POUGET Consultants ] : le parc existant, une chance pour rénover de manière performante et durable
QUATRIEME TABLE RONDE
- L’architecture parisienne renouvelée par les enjeux énergétiques : démarches de projet et prospectives
- M. Marc Benard [Architecte DPLG, SAS Equateur ] : projets parisiens de réhabilitation ; exemples et prospectives
- M. Christophe Amsler [Architecte EPFL ] : énergétique du patrimoine et projet architectural contemporain
CONCLUSION
Table des illustrations et crédits

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