COMMISSION DU VIEUX PARIS - Actes du colloque du 12 octobre 2011 - (Page 66)

Le parc existant [ M. André Pouget / Ingénieur en physique « physique de l’habitat », Bureau d’Études Thermiques POUGET Consultants ] Une chance pour rénover de manière performante et durable POUGET Consultants avec un « s » : nous sommes 36 dans notre bureau d’études basé sur Paris et sur Nantes et effectivement nous nous occupons de thermique du bâtiment. Plus précisément, nous nous présentons comme des marchands de « nonénergie » et pour ce faire nous travaillons en collaboration étroite avec les architectes et ce dès les esquisses du projet. Je vais vous parler de mon métier de thermicien. Mais avant, le contexte du jour me donne envie de vous rapporter un petit épisode qui m’est arrivé il y a quelques mois de cela à Bordeaux. Vous devinez peut-être à mon accent, c’est ma région natale. J’intervenais à une tribune aux cotés d’architectes, notamment un Architecte des Bâtiments de France. Lors de cette présentation, ce dernier a déclaré en levant les bras au ciel : « il faudrait isoler les thermiciens ! » J’ai apprécié la subtilité du slogan, sur le ton de l’humour. Je pense que le problème du réchauffement climatique est majeur, comme l’a rappelé Julien Bigorgne tout à l’heure. Il est évident que la solution pour relever ce défi souffrirait d’éventuelles considérations corporatistes. L’ensemble des acteurs doit œuvrer de concert. L’expression m’amuse quand même… Il est vrai que le bâtiment ancien, c’est l’incarnation même du développement durable. Vous avez raison de dire que si on l’entretient, il durera très longtemps. Ceci dit, il a été conçu à une époque où la contrainte énergétique et le réchauffement climatique, n’étaient pas connus... Et donc il faudrait éviter d’entrer dans une période où, effectivement, il ferait très chaud (prévisible), qu’il y ait des gens plus fortunés, climatisés, et d’autres souffrant d’inconfort. Le risque n’est pas loin. Donc, je crois qu’il faut ensemble trouver des solutions, c’est peut-être ça le développement durable. De mon point de vue, le développement durable passe obligatoirement par l’apprentissage du partage, le mot « partage » a pour synonyme « développement durable ». Pour revenir au bâti ancien, sur ces beaux témoins du passé, il est nécessaire d’adapter des solutions d’aujourd’hui pour préparer au mieux demain. Et c’est vrai que sur l’habitat ancien, l’adaptation n’est pas facile. D’autant qu’on part d’une situation initiale avec beaucoup de qualités, comme vous en avez parlé. Il s’agit donc d’imaginer, concevoir les solutions les mieux appropriées. Limiter le réchauffement climatique, préserver nos ressources énergétiques passe par la rénovation énergétique du parc existant, échouer sur ce secteur, c’est inévitablement manquer la cible, « apprendre à partager »… En fait, cela revient à dire que nous devons travailler sur l’ensemble du parc, l’ancien et le récent, certes avec discernements, adaptations… On l’a vu tout à l’heure sur les courbes, l’ancien est, avec toutes les réserves faites par Julien Bigorne, à peu près à la hauteur des premières réglementations de 1974. Or, les bâtiments de la réglementation de 74 ne sont absolument pas des bâtiments qui vont nous aider à passer l’objectif Facteur 4. Donc, en fait, nous sommes « gentiment condamnés » à travailler ensemble sur le parc du bâti ancien, sans pour autant faire n’importe quoi, ne pas intervenir obligatoirement sur la totalité des immeubles. Mais, il faut que, sur l’ensemble du parc existant, le résultat soit au rendez-vous. Un exemple, on a conduit, avec des architectes présents dans la salle, des travaux de réhabilitation de bâtiments anciens, isolation intérieure coté façade sur rue et extérieure côté cour. Effectivement, il n’y a pas 30 ans de recul pour savoir si la structure est dérangée ou pas. On a dit qu’il était dangereux d’isoler par l’intérieur sans prendre les précautions nécessaires (migration vapeur d’eau), je confirme, c’est dangereux. Si on fait mal les choses, il est certain qu’on obtiendra de mauvais résultats. Attention, il faut le savoir, les produits, les techniques de mise en œuvre, et les façons de concevoir évoluent vite. Pour ma part, j’apprends tous les jours. C’est le bonheur ! Vous connaissez les habits en gore-tex : ils laissent passer la vapeur (transpiration), mais pas la pluie…dans l’autre sens. Il y a des produits pour le bâtiment qui répondent à cela, sans mettre en péril la structure. Cela serait dommage de traiter un bâti, qui, comme vous l’avez dit, est très bien conçu avec des « imperméables », et en quelques années, les mettre en péril. Ce n’est pas cela, la réhabilitation énergétique dans le bâtiment ancien. Il ne faut pas se 66 Actes du colloque patrimoine architectural parisien & développement durable du 12 octobre 2011

Table des matières de la publication COMMISSION DU VIEUX PARIS - Actes du colloque du 12 octobre 2011

Couverture
Sommaire
Avant-propos
PREMIERE TABLE RONDE
- Les leviers d’action : comprendre les règles, les pratiquer et les adapter au contexte parisien
- Mme Élisabeth Borne [Directrice de l’Urbanisme, Ville de Paris] : règles, principes et pratiques à Paris, évolutions souhaitables
- Jean-Marc Blanchecotte [Chef du STAP de Paris] : enjeux énergétiques versus procédures patrimoniales ?
DEUXIEME TABLE RONDE
- De Paris et d’ailleurs : programmes collectifs passés ou en cours
- Mme Isabelle Petitperrin [Directrice du Développement, SGIM ] : regard d’un opérateur parisien, retour sur expériences ; réhabilitation énergétique du parc immobilier en brique des années Trente
- Mme Marine Maire [Chargée d’opérations, SGIM ] : regard d’un opérateur parisien, retour sur expériences ; réhabilitation d’un immeuble pour la création de sept logements sociaux et un local d’activité
- M. SergeContat [Directeur Général de la RIVP] : regard d’un opérateur parisien, retour sur expériences
- Mme Sylvie Laget [Chef de projet, PACT de Paris ] : opération programmée d’amélioration thermique et énergétique des bâtiments du 13e arrondissement
- M. Arnaud Segon [Directeur technique, Agence locale de l’énergie et du climat de l’agglomération grenobloise (ALEc) ] : OPATB en Rhône-Alpes, cas de bâti de l’Ancien Régime aux Trente Glorieuses ; programmes collectifs dans l’agglomération grenobloise
- Mme Sylvie Amselem [Chef du Service réhabilitation et patrimoine urbain de la Ville de Grenoble ] : OPATB en Rhône-Alpes, cas de bâtis de l’Ancien Régime aux Trente Glorieuses ; l’audit architectural et énergétique
TROISIEME TABLE RONDE
- Connaissance matérielle du bâti ancien parisien et enjeux énergétiques : Identifier ses potentiels et caractéristiques pour mieux le transformer
- M. Julien Bigorgne [Ingénieur environnement, Atelier parisien d’urbanisme (APUR) ] : analyse et cartographie de la performance thermique du bâti parisien
- M. Jacques Fredet [Architecte DPLG, ancien professeur à l’ENSA de Paris-Belleville ] : maisons parisiennes préindustrielles ; caractéristiques techniques de leurs enveloppes
- Mme Morgane Colombert [Enseignante chercheur, École des Ingénieurs de la Ville de Paris ] : qualité architecturale et qualité énergétique ; des programmes de recherche pour des solutions innovantes
- M. André Pouget [Ingénieur en physique « physique de l’habitat », Bureau d’Études Thermiques POUGET Consultants ] : le parc existant, une chance pour rénover de manière performante et durable
QUATRIEME TABLE RONDE
- L’architecture parisienne renouvelée par les enjeux énergétiques : démarches de projet et prospectives
- M. Marc Benard [Architecte DPLG, SAS Equateur ] : projets parisiens de réhabilitation ; exemples et prospectives
- M. Christophe Amsler [Architecte EPFL ] : énergétique du patrimoine et projet architectural contemporain
CONCLUSION
Table des illustrations et crédits

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