MAGAviron - N°32 - Mai/Juin/Juillet 2018 - 43

A chaque publication, la liste s'allonge inexorablement.
Celle des citations et des médaillés également, mais bon
sang, que la liste des blessés et prisonniers est longue !
L'autre engagement, d'adresser les journaux aux rameurs
mobilisés est tenu, dès le début de l'année 1915. "Grâce
au concours désintéressé du Directeur de l'Aviron, l'organe de notre sport va être adressé à tous les rowingmen,
membres de nos Sociétés Nautiques qui se trouvent en ce
moment aux armées. J'avais souhaité rétablir le lien entre
les rameurs aux armées et les vétérans demeurés dans
les garages. Mon désir était avant tout que les rameurs du
front soient en mesure de lire l'Aviron. Il va être réalisé".
Les lettres qui parviennent disent le bonheur que les
rameurs soldats éprouvent à recevoir leur journal.
Monsieur le Directeur,
Je viens de recevoir aujourd'hui après une chaude alerte
de nuit dans une tranchée près des rives verdoyantes de
la Meuse, un numéro de l'Aviron qui m'a fait un très grand
plaisir. Je ne sais pas à qui je dois cette jolie initiative,
mais, puisque c'est anonyme, je tiens à vous remercier
profondément de penser aux amateurs du "bout de bois".
Cela fait plaisir de sentir des braves cœurs, qui ne pouvant
venir sur le front, pensent aux combattants amis et ne
les oublient pas. Excusez moi, de ne pas vous écrire plus
longuement, mais les Boches ne sont pas loin et il faut
que je prenne ma place aux créneaux. Encore une fois
mes bien sincères remerciements et croyez à la profonde
reconnaissance de l'ancien champion de France.
Des lettes de ce style, il en arrive quotidiennement à la
rédaction du journal, aussi sincères qu'émouvantes.

FISA : Un coup
de balai s'impose !
Lors de sa réunion du 14 décembre 1914, le bureau central
de l'Union des Sociétés d'Aviron de la Région Parisienne,
a procédé à un vote à transmettre à la FISA par notre
bureau central, après approbation des autres groupes
régionaux, une proposition qui réclame : " Un coup de
balai des trois fédérations allemande, autrichienne et
hongroise. Ce coup de balai s'impose, car, si après la
paix, on peut renouer des relations avec une nation qui
a combattu en soldat - ne l'avons-nous pas fait avec la
Russie et l'Angleterre ? - ces relations sont devenues
impossibles avec une nation qui s'est conduite en vulgaire
apache et en maître cambrioleur. Cette exclusion sera
votée par la Belgique, la France, la Russie, la Suisse - qui
n'est pas à l'abri d'une invasion - la Hollande et le groupe
Scandinave, deux nations qui vénèrent trop le droit et les
principes d'humanité pour ne pas se joindre à nous.
Personne ne pourra plus serrer la main d'un Alboche".
Réponse : "Bonne note a été prise du vœu de l'USARP au
sujet de la demande d'exclusion de la FISA des fédérations d'Allemagne d'Autriche et de Hongrie. Le nécessaire
sera fait en temps voulu...".

Le 10 avril 1915, Coubertin décide de mettre le CIO, qu'il
veut indépendant et universel, à l'abri des hostilités en le
localisant en Suisse, à Lausanne.

Polémique :
Déplacement du CIO
de Paris à Lausanne.
Les dirigeants de la FFSA s'insurgent et entendent
contester cette décision... "Il paraît que le baron Pierre de
Coubertin aurait transféré le siège du Comité International
Olympique de Paris à Lausanne. Malgré toute l'estime
que nous avons pour les Suisses, qui accueillent en ce
moment nos compatriotres avec tant de bonté, nous
ne comprenons pas les raisons de ce transfert." M. de
Coubertin explique que : "L'hospitalité de Lausanne est
proverbiale, son renom universel. L'œuvre d'équilibre
et de beauté que le Comité international Olympique a
entreprise et dirigée depuis 20 ans pourra s'y continuer
fructueusement. L'Olympisme trouvera, dans l'atmosphère
indépendante et fière qu'on respire ici, le gage de la liberté
dont il a lui-même besoin pour progresser. Nos archives
déjà considérables avaient besoin de gardiens fidèles».
- "Puisque le Baron de Coubertin doute de la sécurité des
archives du CIO à Paris, et si l'air de notre capitale est
irrespirable qu'il aille à Lausanne, et qu'il y reste !
N'oublions pas que les Olympiques anciennes étaient
une œuvre nationale destinée uniquement à assurer le
développement d'une race, alors que la fuite à Lausanne
... permettra de traiter les associations françaises sur le
même pied que les associations boches... Tout cela aurait
pu être logique avant la guerre, mais ne se comprend plus
maintenant.
Nous continuerons l'œuvre sans lui. Elle sera reprise par le
Comité National des Sports, tout désigné pour réorganiser
de Paris, les Olympiques avec un caractère national, avec
le concours de nos alliés et des neutres qui voudront bien
nous rejoindre. Les autres iront dans le camp des austroboches et nous n'irons pas les chagriner. Les pouvoirs
publics ne peuvent faire mieux que de soutenir un groupement spécialement attaché à l'oeuvre de régénération
nationale qui doit être la sienne».
Décidément à cette époque, les dirigeants de la FFSA ne
donnent pas dans la "langue de bois". Le CIO est bien
parti à Lausanne, il y est encore, et son nouveau siège
prévu pour l'accueil de ses 600 employés et collaborateurs verra le jour en 2019 !

Les héroïques de l'arrière
Des intellectuels trop âgés pour être au front n'en
renoncèrent pas moins à payer de leur personne. Toujours
généreux du sang des autres, ils font preuve d'un véritable
patriotisme littéraire... Les exemples abondent.
André Gide se lança avec ardeur dans une œuvre de
guerre, où il exhorte les soldats à se battre jusqu'au
sacrifice suprême. Mais c'est surtout l'écrivain et homme
politique Lorrain, Maurice Barrès, qui devient rapidement

MAGAviron
Numéro 32
Mai 2018

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