MAGAviron - N°32 - Mai/Juin/Juillet 2018 - 41

Les poilus sauront mobiliser leur énergie et faire appel à
des ressources intérieures puissantes. Le sens patriotique
et du sacrifice qui est inculqué depuis des années trouve
ici son accomplissement.
Les commentaires salueront unanimement le courage des
soldats français qui après plusieurs semaines de désillusions et de retraite, de fatigues et de privations, sauront
réagir, pour contre attaquer avec vaillance et abnégation.
L'hebdomadaire l'illustration évoque des "contre attaques
héroïques" et des "charges de cavalerie furieuses, qui
infligent des pertes considérables à ce troupeau de
barbares".
Mais l'hommage rendu aux soldats le plus élogieux et le
plus sincère provient de l'adversaire bousculé. Le général
Von Kluck dira le 15 septembre : "Que des hommes ayant
reculé pendant dix jours, couchés par terre, à demi morts
de fatigue, puissent reprendre le fusil et attaquer au son
du clairon, c' est une chose avec laquelle nous n'avions
pas appris à compter, une possibilité dont il n'avait jamais
été question dans nos écoles de guerre..."
Cette victoire coûtera 80 000 soldats à l'armée française.
Joffre rowingman ou canotier ? : Un journal l'aviron de
Janvier 1915, rapporte une interview que Joffre a donné à
la dépèche de Toulouse : "Mon rêve d'avant guerre était
d'embarquer sur un bateau, avec deux équipiers pour
descendre le fil des rivières et des fleuves, baguenaudant
au hasard, adaptant les escales aux beautés du paysage,
aux séductions du ciel, ou à la fraîcheur des nuits, comme

Tableau d'honneur.
© DR

Mobilisation générale en 1914.

font les marins d'eau douce.» Le vainqueur de la Marne
caresse toujours ce rêve peu subversif. Après l 'épopée, la
bucolique !

La course à la mer
L'expression "course à la mer" désigne les combats
confus qui se déroulent, du 18 septembre au 15
novembre 1914, dans les plaines du nord de la France,
après la défaite de l'armée allemande sur la Marne et
son repli sur l'Aisne. Il s'agit pour les Allemands et les
Franco-Britanniques, de tenter de prendre à revers l'aile
de l'armée adverse située le plus au nord, pour réaliser
une manœuvre d'encerclement. Il en résulte une série de
mouvements qui remontent progressivement vers la frontière Belge et les rivages de la Mer du Nord, où la "course
à la mer" vient mourir à la mi novembre pour céder la
place à la guerre de position.
En décembre 1914, le bilan des pertes depuis le 4 août
1914 est de plus de 300 000 hommes tués et 600 000
blessés du côté français, soit près du quart des pertes
totales de la guerre.
A la même période, la FFSA recence officiellement 89
rameurs morts sur le front. Ce nombre apparaît sous
estimé, 200 est beaucoup plus vraisemblable.
Comme sa direction s'y est engagée, l'Aviron et la Vie sur
l'Eau tient à jour le décompte macabre sur le "Tableau
d'Honneur de la grande famille des rameurs".

MAGAviron
Numéro 32
Mai 2018

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