Expertises des Systèmes d'information - Le mensuel du droit de l'informatique et du multimédia - Juillet 2017 - n°426 - 242

ÉDITORIAL
SOMMAIRE n°426

COLD CASE

3

FOCUS 243

LE CHAMBOULE-TOUT POLITIQUE
Par Sylvie ROZENFELD

MAGAZINE 244

L'ACTUALITÉ DU DROIT
ET DE LA JURISPRUDENCE

INTERVIEW 252

TESTER LA TRANSPARENCE DES ALGORITHMES
NOZHA BOUJEMAA par Sylvie ROZENFELD

DOCTRINE
BASES DE DONNÉES PUBLIQUES

258

DE « NOTREFAMILLE » A LA LOI LEMAIRE
Par Anne COUSIN
CYBERATTAQUES

262

MACRONLEAKS ET DIFFUSION
DE FAUSSES INFORMATIONS
Par Daniel GUINIER
DONNÉES PERSONNELLES

269

CONSEILS PRATIQUES POUR L'APPLICATION DU RGPD
Par Thierry PELIKS & Sadry PORLON
DONNÉES PERSONNELLES

274

« COOKIES TIERS » : POUR UNE CLARIFICATION DES
RESPONSABILITÉS ENTRE ÉDITEUR DE SITE ET TIERS
Par Garance MATHIAS & Aline ALFER
CLOUD COMPUTING

276

VERS DE NOUVEAUX HORIZONS DANS
LE MONDE DES « NUAGES »
Par Mahasti RAZAVI & Laura ZIEGLER

JURISPRUDENCE
BASES DE DONNÉES PUBLIQUES

258

NOTREFAMILLE.COM / DEPT. DE LA VIENNE
Conseil d'État, 10ème - 9ème ch. réunies,
Décision du 8 février 2017

242

3 ans après le meurtre du petit Grégory, deux
suspects ont été arrêtés, grâce à AnaCrim. Cet outil
d'analyse criminelle a fait la Une des journaux.
Le mythe technologique porté par de nombreuses
séries télévisées et de films d'anticipation a fonctionné à
plein, convoquant le big data, l'intelligence artificielle et le
machine learning. La réalité est, comme souvent, beaucoup
moins romanesque. Même s'il est vrai que l'informatique a
permis d'attirer l'attention des enquêteurs sur des éléments
qui n'avaient pas pu être exploités à l'époque des faits,
AnaCrim reste un outil numérique d'aide à l'enquête au
service des analystes.
Pour cette affaire aux multiples rebondissements, 12 000
procès-verbaux avaient été dressés, 2 000 lettres anonymes
avaient été envoyées, des centaines de témoignages
avaient été recueillies et des auditions réalisées, autant
de prélèvements ADN effectués, ... Bref, beaucoup trop de
pièces à mémoriser, croiser, recouper, de liens à établir et de
synthèses à opérer pour faire émerger la vérité.
Le mérite de l'avancée de cette affaire, non encore résolue,
n'en revient pas au big data ni à l'IA mais aux analystes
humains qui se sont basés sur les résultats d'un logiciel de
visualisation des données. Quoi de plus parlant en effet
qu'un schéma pour y voir clair ! AnaCrim est une plateforme
d'analyse de base de données multi-formats qui permet
de visualiser les différents éléments de l'enquête. Pour que
l'outil « parle », il a fallu que deux analystes travaillent
pendant plus de six mois à rentrer toutes les pièces du
dossier d'instruction et, uniquement ces dernières, afin de
respecter les règles de procédure. A l'aide d'une interface
de visualisation graphique, « la plateforme nous permet de
restituer tous les éléments dans le temps et dans l'espace et
ainsi de confronter simultanément les différents témoignages
et informations, ce qu'une personne physique ne peut faire »,
a expliqué le porte-parole de la gendarmerie. C'est la raison
pour laquelle, le magistrat en charge de l'affaire a demandé
en 2016 aux analystes criminels d'étudier les pièces à
conviction de la première année de l'enquête. Huit mois
après, la grande-tante et le grand-oncle du petit retrouvé
mort dans la Vologne ont été arrêtés. Puis remis en liberté
sous contrôle judiciaire, quatre jours après, faute d'éléments
probants. Mais l'enquête se poursuit.
AnaCrim (Analyste en recherches criminelles) est utilisé
de manière régulière depuis une dizaine d'années par les
experts du Service central de renseignement criminel (SCRC).
Il a notamment servi à identifier des meurtriers en série tels
que Michel Fourniret, Emile Louis ou Francis Heaulme ou à
retrouver des personnes disparues. AnaCrim n'est pas un
logiciel maison mais un outil développé aux Etats-Unis dans
les années 70 et importé en France en 1994. La version dont se
servent les enquêteurs date d'une dizaine d'années. On est
donc loin des technologies de pointe actuelles.
Si avant les criminels pouvaient compter sur le temps pour
que le cerveau oublie les détails d'une affaire judiciaire, c'est
de moins en moins possible avec le numérique. A condition
que l'outil informatique ait des données de qualité à traiter
et des analystes capables d'en faire les bonnes déductions.

EXPERTISES JUILLET/AOÛT 2017
Table des matières de la publication Expertises des Systèmes d'information - Le mensuel du droit de l'informatique et du multimédia - Juillet 2017 - n°426
