Biodiversité à Paris - 15

Discrète, la biodiversité est pourtant bien présente à Paris ! La faune et la flore sauvages s’observent dans les bois, les parcs et les jardins, mais aussi dans bien d’autres lieux. Les berges de la Seine, canaux, mares et autres plans d’eau, cimetières, terrains vagues, toitures, façades d’immeuble, interstices des pavés, des murs et écorces d’arbre méritent l’attention des citadins. Cet ensemble constitue un maillage vert, contribuant à maintenir les continuités écologiques jusqu’au cœur de la ville.

Un brin d’écologie
Corridor écologique qui traverse Paris, la Seine et les canaux forment un réseau fluvial de voies navigables. Ce milieu d’eau vive procure des habitats diversifiés aux animaux et plantes, et constitue une « trame bleue » favorable à la circulation et au développement, voire au retour d’espèces sauvages. Depuis 2000, grâce à l’acheminement de toutes les eaux usées parisiennes vers les stations d’épuration, le niveau moyen d’oxygénation de la Seine a augmenté. Ainsi, 34 espèces de poissons ont été recensées à Paris en 2009 contre 3 espèces en 1970, une évolution liée également aux lâchers effectués pour la pêche. Même si le milieu aquatique parisien s’enrichit, il reste fragile.

Scènes de vie des cours d’eau à Paris
Au fil de l’eau
Dans la Seine ondule l’anguille comune (Anguilla anguilla). Les adultes arrivés à maturité sexuelle entre 8 et 15 ans descendent en été le fleuve à destination de leur lieu de naissance, la mer des Sargasses, au large de la Floride, pour se reproduire et mourir. Sitôt écloses, les larves effectuent la migration inverse, portées par les courants du Gulf Stream durant 1 à 3 ans jusqu’aux côtes d’Europe et d’Afrique du Nord. Au contact de l’eau douce des estuaires, elles se métamorphosent en civelles puis remontent le cours des fleuves. Une anguille parisienne parcourt ainsi plus de 12 000 km ! Le gardon commun (Rutilus rutilus) abonde dans la Seine à Paris. Il vit en bande dans les zones de courants où il s’accommode de mollusques, larves d’insectes, vers, mousses et algues. Très prolifique, la femelle pond au printemps en moyenne 200 000 œufs, dans une eau à au moins 12°C, sur le fond du cour d’eau. Ce poisson peut se satisfaire d’une eau de qualité médiocre. Lorsque la température de la Seine dépasse 20°C, le polype de la méduse d’eau douce (Craspedacusta sowerbyi), fixé au fond du fleuve, se modifie en forme sexuée de pleine eau : la méduse ! Un grand nombre d’entre elles furent observées par des pêcheurs pendant l’été 2001. Ce prédateur de 2 cm de diamètre vogue pour rencontrer ses proies, des micro-organismes en suspension. Originaire d’Asie tropicale, la vallisnérie spiralée (Vallisneria spiralis) pousse dans l’eau, près des berges d’où l’on peut voir ondoyer ses longues feuilles en ruban. Elle provient de plantes d’aquarium rejetées dans la Seine. Au fond de la Seine louvoie le silure glane (Silurus glanis), énorme poisson originaire du bassin du Danube. C’est essentiellement pour la pêche sportive que le silure, présent il y a 10 000 ans en France puis disparu, a été réintroduit. Il atteint facilement 1 à 2 m pour 10 à 50 kg. Très vorace, il se nourrit la nuit de poissons, de crustacés et de petits vertébrés tels que grenouilles et rats. L’hiver, il tombe en semi-léthargie dans les profondeurs du fleuve. Arrivée par bateau de Russie au 19e siècle, la dreissène polymorphe (Dreissena polymorpha) présente aussi dans la Seine, tapisse en colonies compactes les parois des canaux. Cette moule d’eau douce s’accroche par des filaments regroupés en byssus, sur les vélos, coffres-forts, carcasses de lits, motocyclettes et autres objets insolites jetés dans les canaux. Elle se nourrit de végétaux et d’animaux microscopiques en suspension dans l’eau qu’elle filtre au rythme de plusieurs litres par heure. Sur les parois de l’écluse de Flandre du canal Saint Denis loge une espèce animale étonnante, l’éponge d’eau douce de Müller (Ephydatia mulleri). De quelques centimètres carrés pour une épaisseur d’un millimètre, elle rassemble plusieurs individus réunis en colonies, pouvant vivre une à plusieurs années. Cet organisme filtreur se nourrit essentiellement de bactéries et d’algues unicellulaires. Cette éponge vit souvent en symbiose avec des algues, les chlorelles, responsables de sa coloration verte. sensible aux excès d’ozone dans l’atmosphère, fréquents lors des canicules, sous le vent des grandes agglomérations et des axes de circulation. Les feuilles présentent alors des nécroses. Le rumex des eaux (Rumex hydrolapathum) se dresse le long des berges naturelles du bois de Boulogne. La tige peut atteindre 2 m de haut. À la fin du printemps, elle porte une multitude de petites fleurs vertes se transformant rapidement en petits fruits brun-rouge à ailettes qui restent visibles plusieurs mois. Les graines flottantes se disséminent au fil de l’eau. L’épilobe à petites fleurs (Epilobium parviflorum) affectionne les terrains humides, les fossés, le bord des cours d’eau. Présente sur les berges de la Seine au bois de Boulogne, elle se dissémine grâce à ses nombreuses graines à aigrettes portées par le vent. Vivace et vigoureuse, elle peut atteindre 50 cm de haut. Les fleurs, riches en nectar, attirent les insectes pollinisateurs. Posée au sommet d’un buisson les ailes dirigées vers le bas, la libellule déprimée (Libellula depressa), se chauffe au soleil. Elle s’accouple en vol puis frôle la surface de l’eau l’abdomen dirigé vers le bas pour y dépose ses œufs. La larve aquatique avide de nourriture dévore d’autres larves. Après 8 mois de vie dans l’eau, elle grimpe sur une plante de la berge et quitte sa peau larvaire pour se métamorphoser en adulte ailé. En provenance de sites nordiques où l’hiver est plus rude, la mouette rieuse (Chroicocephalus ridibundus) vient profiter, dès l’automne et durant plus de six mois de l’année de la profusion d’aliments qu’offre Paris. Cet oiseau marin est peu exigeant sur la qualité de sa nourriture. Planeur, il joue pleinement avec le couloir de vent que constitue la Seine. Espèce rare au 19e siècle, une partie de la population reste maintenant toute l’année, notamment en petits groupes sur les barges de sable de la Seine amarrées entre les boulevards Victor et de Javel à l’Ouest de Paris. Le rat musqué (Ondatra zibethicus) se nourrit de végétaux et de mollusques aquatiques mais aussi de détritus. Ce gros rongeur originaire d’Amérique du Nord fut introduit en Europe au début du 20e siècle pour sa fourrure. Echappé d’élevage, il est devenu une espèce invasive. Les individus visibles à Paris sont des célibataires en quête de territoire, capables de se déplacer sur de longues distances. Les berges bétonnées l’empêchent d’aménager son terrier. Il passe inaperçu car il progresse souvent dans l’eau en ne laissant dépasser que l’extrême pointe de son museau. La scrofulaire aquatique (Scrophularia auriculata) se dresse sur les perrés humides de l’île aux Cygnes du (15e) entre les ponts de Bir-Hackeim et de Grenelle. Les robustes tiges carrées portent de petites fleurs rouge sombre à odeur désagréable qui s’épanouissent en été. Elles sont pollinisées par des abeilles et de petites guêpes qui viennent y boire le nectar. Herbacée vivace, le jonc à tiges comprimées (Juncus compressus) se développe en quelques points des bords de Seine. Associé au carex, à la massette, au roseau, à l’iris, aux saules, bouleaux et peupliers, le jonc participe à la filtration des eaux. Ces plantes de zones humides sont utilisées dans les systèmes de lagunage pour dépolluer les eaux usées : une technique d’épuration des eaux par filtration par des plantes aquatiques et des micro-organismes associés. À Paris, la phyto-épuration est utilisée dans le parc ClichyBatignolles - Martin Luther King (17e) où les eaux de Seine utilisées pour l’arrosage sont auparavant épurées dans un « bassin biotope».

Le long des berges
La fougère scolopendre (Asplenium scolopendrium), commune à Paris, pousse sur les parois du canal Saint Martin et les murs ombragés des berges de la Seine. Les fougères sont des plantes sans fleurs, apparues il y a 400 millions d’années. Leurs feuilles, les frondes, portent à leurs revers des spores, groupées en petits amas, les sporanges, qui assurent la reproduction de la plante. De l’automne au printemps, la bergeronnette des ruisseaux (Motacilla cinerea) arpente en hochant la queue, les berges des cours d’eaux où en de vifs mouvements, elle recherche insectes, petits mollusques et larves diverses, tapis dans les algues et les mousses. Son cri aigu et bref «tsitt-tsitt», poussé à l’envol, facilite sa localisation. Le grand cormoran (Phalacrocorax carbo) est apparu à Paris au début des années 1990. Il fréquente les berges de la Seine et des canaux l’hiver et repart en février-mars pour se reproduire dans des régions plus nordiques. Pour attraper ses proies, il plonge sous l’eau plusieurs minutes. Après la pêche, il se perche, ailes écartées pour sécher son plumage et faciliter sa digestion. Sa présence est signe d’eaux poissonneuses. Les fleurs de l’aulne glutineux (Alnus glutinosa), regroupées en châtons, se transforment en petits cônes qui persistent toute l’année sur l’arbre. Les graines ailées libérées l’année suivante volent au gré du vent, ou dérivent sur l’eau grâce à leur excroissance liégeuse. L’aulne se ressème ainsi spontanément le long des rives. C’est une espèce

Des gestes pour la nature à Paris
N’introduisez pas d’espèces animales ou végétales susceptibles de perturber les écosystèmes naturels, ou de concurrencer les espèces locales. Ne déversez pas de substances chimiques (peintures, insecticides, vernis, solvants, médicaments…) dans l’évier, les toilettes, les rivières, canaux et mares. Ils dégradent les herbiers aquatiques et la faune qui en dépend. Mettez les huiles alimentaires, vinaigrettes, huile de friture, huile des boîtes de conserve, dans la poubelle à couvercle vert. Elles seront incinérées. Rejetées dans l’évier, elles sont très difficiles à éliminer dans les stations d’épuration des eaux où elles forment à la surface de l’eau une pellicule asphyxiant les bactéries qui épurent l’eau. Respectez ou diminuez les doses d’utilisation des produits ménagers, de nettoyage, de lessive. Ils sont très nocifs pour la qualité des milieux aquatiques.

Au fond de l’eau
Dans les profondeurs des canaux guette l’écrevisse rouge américaine (Orconectes limosus) qui capture petits animaux et végétaux. Elle a été introduite à la fin du 19e siècle pour repeupler les cours d’eau suite à la décimation des écrevisses européennes par un champignon parasite. Robuste, gloutonne et prolifique, elle supplante maintenant les écrevisses locales rescapées. Craintive, la carpe commune (Cyprinus carpio) se réfugie au moindre bruit dans des trous ou dans la vase. Originaire de Chine, où elle était déjà élevée, elle fut introduite en Europe à l’époque des Romains. Elle apprécie les eaux lentes aux fonds vaseux garnies de plantes aquatiques dans lesquelles elle fraie en juin - juillet. Elle y pond jusqu’à 100 000 œufs. La carpe, très résistante, supporte des eaux faiblement oxygénées. Sorties des eaux pour coloniser la terre il y a 400 millions d’années, les mousses sont des plantes archaïques, sans fleurs. Elles sont restées très dépendantes de l’élément liquide pour leur reproduction. Certaines demeurent semi-aquatiques comme la mousse plumeau (Leptodictyum riparium). Sa répartition est cosmopolite, elle tolère une eau jusqu’à 22°C. Cette mousse bioindicatrice de la qualité de l’eau est sensible à la présence de nitrate : une augmentation sensible de sa teneur entraîne sa prolifération.

Préserver les milieux
La taille des illustrations ne respecte pas l’échelle des espèces animales et végétales
La biodiversité parisienne, riche de près de 1 700 espèces animales et 2 000 espèces de plantes et champignons, doit être préservée. Réseau de surveillance, nouveaux jardins pour la faune et la flore, diagnostics préalables aux aménagements urbains, actions éducatives… la Ville de Paris s’engage à préserver et développer la diversité des espèces sauvages et de leurs habitats. Vous aussi pouvez agir au quotidien pour maintenir et enrichir la biodiversité à Paris.

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Illustrations : Julien Norwood – Conception graphique : Jean-Claude Dejean – Impression : imprimerie CARACTERE SA, sur Cyclus Print, papier 100 % recyclé – Tirage : 2000 exemplaires, Edition : novembre 2011


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Biodiversité à Paris

Table des matières de la publication Biodiversité à Paris

La biodiversité des murs, toits et trottoirs à Paris
La biodiversité des arbres des rues à Paris
La biodiversité des parcs et jardins à Paris
Le vivant dans les friches parisiennes
La biodiversité des bois de Paris
La biodiversité des mares à Paris
La biodiversité de la Seine et des canaux parisiens
Accueillir la biodiversité à Paris
Pour en savoir plus...
Biodiversité à Paris - 1
Biodiversité à Paris - P1
Biodiversité à Paris - P2
Biodiversité à Paris - La biodiversité des murs, toits et trottoirs à Paris
Biodiversité à Paris - 3
Biodiversité à Paris - La biodiversité des arbres des rues à Paris
Biodiversité à Paris - 5
Biodiversité à Paris - La biodiversité des parcs et jardins à Paris
Biodiversité à Paris - 7
Biodiversité à Paris - Le vivant dans les friches parisiennes
Biodiversité à Paris - 9
Biodiversité à Paris - La biodiversité des bois de Paris
Biodiversité à Paris - 11
Biodiversité à Paris - La biodiversité des mares à Paris
Biodiversité à Paris - 13
Biodiversité à Paris - La biodiversité de la Seine et des canaux parisiens
Biodiversité à Paris - 15
Biodiversité à Paris - Accueillir la biodiversité à Paris
Biodiversité à Paris - 17
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