Biodiversité à Paris - 3

Farouche, souvent discrète, la biodiversité est présente en milieu urbain,
et tout particulièrement à Paris. Les bois, parcs et jardins sont des lieux
privilégiés pour observer la faune et la flore de la capitale. Mais bien
d’autres espaces méritent aussi largement l’attention des citadins et
contribuent au développement de la diversité biologique de la ville :
berges de la Seine et des canaux, cimetières, terrains vagues, tunnels,
toitures et façades d’immeubles jusqu’aux interstices des pavés,
des murs ou des écorces d’arbres qui abritent une flore et une faune
insoupçonnées.
Un brin d’écologie
Des lieux apparemment
inhospitaliers…
L’asphalte des trottoirs, le pied des
immeubles, entre pierre et goudron,
les grilles d’arbres, autant de lieux a priori
hostiles dans lesquels s’installent et
prospèrent de très nombreuses espèces
végétales et animales dont les exigences
réduites permettent l’existence.
Les espaces libres et perméables étant
peu nombreux au sol, les murs et toits
offrent aussi un nouveau champ
d’investigation à la flore et à la faune
urbaines, entretenant le maillage vert
de la capitale.
Scènes de vie au cœur du minéral
Murs, ballast
Sur les vieux murs et dans
les anfractuosités des rochers
se répand une fougère commune
en milieu calcaire, la rue des
murailles (Asplenium rutamuraria).
Elle côtoie souvent
le polypode commun (Polypodium
vulgare) qui doit son nom aux
nombreuses racines de son
rhizome.
Le lichen est une association
à bénéfice réciproque entre
une algue et un champignon.
Le champignon reçoit des
nutriments issus de la
photosynthèse de l’algue qui reçoit
les minéraux provenant
du champignon. La xanthorie des
murailles (Xanthoria parietina)
de couleur orangée, peut être plus
verdâtre si la lumière est
insuffisante à la synthèse des
pigments caroténoïdes qui lui
confèrent sa couleur. Le lecanore
des murs (Lecanora muralis),
répandu en ville, forme une croûte
fortement adhérente au support.
Les mousses abondent également
sur les toits, rochers et murs.
La barbule des murs (Tortula
muralis) ponctue le milieu de ses
coussinets vert bouteille quand
l’humidité est suffisante.
La linaire cymbalaire (Cymbalaria
muralis) à tige retombante,
est une plante vivace des vieux
murs humides où elle fleurit de mai
à octobre.
La pariétaire diffuse (Parietaria
judaica) est une proche parente
de l’ortie. Ses fleurs sont
remarquables par leurs étamines
repliées en dedans et qui se
détendent brusquement en
projetant leur poussière de pollen
lorsqu’elles s’ouvrent. Gare aux
allergies ! L’araignée Amaurobius
trouve, sous ses feuilles, le lieu
idéal pour tisser sa toile.
Une congénère, la tégénaire
géante (Tegenaria gigantea),
a un régime strictement carnivore
et joue un rôle prépondérant dans
la régulation des populations
d’insectes. Elle construit sa toile
en nappe dans les angles avec
un tunnel de soie dans lequel elle
se retire pour attendre ses proies.
L’enchevêtrement de fils très fins
invisibles pour les proies, les fait
tomber, emberlificotées, dans la
plate-forme. Elle sort de sa loge,
mord sa proie, l’emmène dans le
tunnel, l’asperge de sucs digestifs
avant de la broyer puis de la
dévorer.
Plantes et animaux peuvent
entretenir des relations très
étroites. La chélidoine
(Chelidonium majus) vit en
symbiose avec la fourmi rousse
(Myrmica rubra), chaque partenaire
de cette liaison en tirant un
bénéfice. La plante est disséminée
par la fourmi qui se nourrit de
l’excroissance charnue des
graines très riche en graisses
et en hydrates de carbone.
Lorsqu’une fourmi trouve ce genre
de graine, elle l’emporte vers son
nid. Après un certain temps,
l’excroissance se détache de la
graine qui reste sur place, mais
se retrouve suffisamment loin
de la plante mère pour pousser
sans compétition.
L’osmie cornue (Osmia cornuta)
se manifeste tôt en saison et joue
un rôle de premier plan dans la
pollinisation des espèces fruitières
à la période de floraison courte.
Elle se « fidélise » à un site de
reproduction et n’est pas agressive.
Elle fera un mets de choix pour
le lézard des murailles (Podarcis
muralis). Son corps plat lui permet
de se faufiler et fuir dans les
anfractuosités des murs et rochers.
Il s’adonne souvent à des bains
de soleil, surélevés, pour surveiller
les alentours. Il se nourrit de vers,
insectes et araignées, voire de
jeunes de son espèce. À Paris,
les chats domestiques sont son
principal prédateur.
L’étourneau sansonnet (Sturnus
vulgaris) émet un chant varié
depuis des cris rauques et sifflets
mélodieux jusqu’à l’imitation
d’autres chants d’oiseaux,
de sonneries de téléphone et
klaxons. Il préfère les sites élevés
pour nicher, dans des cavités des
façades d’immeubles. Son plumage
nuptial, au printemps, est dépourvu
de tâches blanches et teinté
de reflets métalliques verts et
violacés.
Pavés, trottoirs,
lieux piétinés
L’amarante couchée (Amaranthus
deflexus) colonise trottoirs
et décombres de ses tiges étalées.
Ses feuilles constituent le menu
quotidien de l’escargot des prés
(Cernuella virgata).
La coccinelle à deux points (Adalia
bipunctata) à la coloration très
variable, s’agrège en hiver dans les
maisons mais peuple aussi les rues
parisiennes. On peut la trouver,
en quête de pucerons, sur les
feuilles du plantain majeur
(Plantago major). Ses nervures
élastiques lui permettent de
pousser dans tous les lieux piétinés
en résistant aux agressions
et déchirements ; ce qui en fait
l’une des « mauvaises herbes »
les plus répandues et typiques
des lieux incultes. Ses fruits
en capsules libèrent des graines
appréciées des oiseaux.
C’est également le cas de la
renouée des oiseaux (Polygonum
aviculare), fleur de macadam
par excellence. Elle fleurit tout l’été
sur sol dur et sec mais ne s’ouvre
qu’à l’apparition du soleil.
Mellifère, elle attire les petits
butineurs en été.
L’érigéron du Canada (Conyza
canadensis) produit un nombre de
graines proportionnel à la hauteur
de sa tige. Munies d’une aigrette,
elles sont disséminées rapidement
par le vent sur de longues
distances. Grâce à la résistance
hivernale de sa plantule en rosette,
l’espèce a tout d’une conquérante
efficace.
Autre stratège de la dissémination :
la cardamine hirsute (Cardamine
hirsuta) expulse ses graines à une
distance considérable pour sa taille
(jusqu’à 50 cm), au moindre
contact avec ses fruits desséchés.
Le pâturin annuel (Poa annua)
préfère les sols compactés pour
fleurir presque toute l’année.
L’échelle des
espèces animales
et végétales n’a
pas été respectée.
La petite sagine rampante (Sagina
procumbens) forme des coussinets
entre les pavés. Elle peut abriter le
cloporte aselle (Oniscus asellus)
qui vit dans les lieux humides
et sombres et se nourrit de matière
organique en décomposition.
Les ombrelles de l’hépatique des
fontaines (Marchantia polymorpha)
permettent à cette cousine des
mousses de se reproduire.
La fouine (Martes foina),
mammifère carnivore, vit dans
les villes où elle affectionne les
greniers. Elle est l’un des seuls
carnivores proches de l’Homme
à s’attaquer avec succès aux rats
d’égouts.
Toits
Le rougequeue noir (Phoenicurus
ochruros) a étendu son aire
de nidification aux milieux qui
lui rappellent les zones de
montagne dont il est originaire :
constructions, immeubles et
monuments. Migrateur, il revient
de mars à septembre. Pour nicher,
il utilise un nid d’hirondelles
ou une cavité, une poutre sous
un avant-toit, une corniche.
Il trouvera quelque insecte venu
butiner les fleurs jaunes de l’orpin
âcre (Sedum acre) qui pousse
en touffes gazonnantes denses sur
les surfaces pierreuses, surtout
calcaires.
Le saxifrage à trois doigts
(Saxifraga tridactylites) ou percepierre
apparaît en petites rosettes
dès le mois de janvier et fleurit
de mars à mai. La plante ne
dépasse pas 15 cm de hauteur.
La drave printanière (Erophila
verna) est une toute petite plante
dont on voit apparaître les
minuscules fleurs blanches à la fin
de l’hiver.
Revenant d’Afrique entre avril
et mai, les hirondelles de fenêtre
(Delichon urbica) et les martinets
noirs (Apus apus) animent le ciel
parisien jusqu’en août-septembre.
Les martinets chassent sans
relâche les insectes en vol.
Ils s’accouplent et dorment en vol
dérivant alors au gré des courants
d’altitude et ne se posent qu’au nid,
sur le bord des toits, dans des
fissures ou cavités. Les hirondelles
construisent des nids, faits de boue
et de salive, réutilisés d’année
en année sous les avant-toits.
L’espèce est en forte régression,
notamment dans les villes, où ses
nids sont détruits et la boue difficile
à trouver.
Le faucon crécerelle (Falco
tinnunculus) occupe églises,
monuments, tours et immeubles
qui lui rappellent les falaises qu’il
occupait avant son adaptation aux
conditions urbaines. Il se nourrit
principalement de petits
mammifères mais aussi de
moineaux domestiques (Passer
domesticus). Ceux-ci nichent
également sur les édifices
parisiens : dans les cavités de mur,
bouches d’aération ou réverbères.
Certaines espèces ont des moeurs
nocturnes. La pipistrelle commune
(Pipistrellus pipistrellus) est la plus
petite chauve-souris d’Europe.
Elle capture de petits insectes
autour des lampadaires, au-dessus
des jardins, des points d’eau et
fréquemment aux abords des
habitations. La plus grande colonie
en hibernation d’Ile-de-France
se situe dans un tunnel de la petite
ceinture à Paris et compte jusqu’à
1200 individus entre mars et
octobre !
La scutigère commune (Scutigera
coleoptrata) est un prédateur actif
et utile des maisons, qui chasse la
nuit mouches et cafards et reste
dans les endroits humides le jour.
On l’aperçoit souvent en fuite au
plancher ou sur un mur au moment
où l’on allume la lumière.
Des gestes pour la nature à Paris
Cultivez des plantes
sur le balcon ou
les rebords de fenêtres
et laissez s’installer les
herbes sauvages dans
les jardinières pour
participer au maillage
vert de la ville.
Construisez des abris et nichoirs
à insectes en confectionnant
des bottes de 10 à 20 tiges de 20 cm
de longueur environ et en les liant
avec de la ficelle ou du fil de fer.
Utilisez des tiges de bambou, solides,
de diamètres variés et aux nœuds
espacés.
Préserver ces milieux
La biodiversité parisienne,
riche de plus de 1 600
espèces animales
et 1 800 plantes
et champignons, doit être
préservée et gérée
de façon à garantir
un équilibre naturel,
dont l’Homme fait partie.
Réseau de surveillance,
nouveaux espaces pour
la faune et la flore,
recommandations
intégrées aux projets
d’aménagements urbains,
actions éducatives :
la Ville de Paris s’engage
à préserver la biodiversité
locale des espèces et de
leurs habitats, notamment
les espèces animales
Pour en savoir plus :
www.paris.fr
Découvrez les coins de nature à Paris au travers des
Sentiers Ecologiques, des Sentiers Seine, des dépliants
de découverte écologique des bois parisiens et des
brochures « Découvrez l’environnement à Paris »,
« Jardins et Nature à Paris ». Participez aux journées,
ateliers, sorties et conférences organisés par
Paris-Nature et Paris-Jardins.
et végétales les plus
communes qui voient peu
à peu leurs niches
traditionnelles disparaître.
Vous aussi pouvez agir
au quotidien pour garantir
le maintien et le
développement de la
biodiversité à Paris.
Les Polyplastocubes
http://http:// https://www.paris.fr/biodiversite

Biodiversité à Paris

Table des matières de la publication Biodiversité à Paris

La biodiversité des murs, toits et trottoirs à Paris
La biodiversité des arbres des rues à Paris
La biodiversité des parcs et jardins à Paris
Le vivant dans les friches parisiennes
La biodiversité des bois de Paris
La biodiversité des mares à Paris
La biodiversité de la Seine et des canaux parisiens
Accueillir la biodiversité à Paris
Pour en savoir plus...
Biodiversité à Paris - 1
Biodiversité à Paris - P1
Biodiversité à Paris - P2
Biodiversité à Paris - La biodiversité des murs, toits et trottoirs à Paris
Biodiversité à Paris - 3
Biodiversité à Paris - La biodiversité des arbres des rues à Paris
Biodiversité à Paris - 5
Biodiversité à Paris - La biodiversité des parcs et jardins à Paris
Biodiversité à Paris - 7
Biodiversité à Paris - Le vivant dans les friches parisiennes
Biodiversité à Paris - 9
Biodiversité à Paris - La biodiversité des bois de Paris
Biodiversité à Paris - 11
Biodiversité à Paris - La biodiversité des mares à Paris
Biodiversité à Paris - 13
Biodiversité à Paris - La biodiversité de la Seine et des canaux parisiens
Biodiversité à Paris - 15
Biodiversité à Paris - Accueillir la biodiversité à Paris
Biodiversité à Paris - 17
Biodiversité à Paris - Pour en savoir plus...
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