Biodiversité à Paris - 9

Farouche, souvent discrète, la biodiversité est présente
en milieu urbain, et tout particulièrement à Paris.
Les bois, parcs et jardins sont des lieux privilégiés pour
observer la faune et la flore de la capitale. Bien d’autres
espaces méritent aussi largement l’attention des citadins
et contribuent au développement de la diversité biologique
de la ville : berges de la Seine et des canaux, cimetières,
terrains vagues, tunnels, toitures et façades d’immeubles
jusqu’aux interstices des pavés, des murs ou des écorces
d’arbres qui abritent une flore et une faune insoupçonnées.
Qu’est-ce qu’une friche ?
Par définition, une friche est un terrain momentanément délaissé par
les activités humaines qui retourne spontanément à l’état sauvage.
À Paris, on trouve ces milieux dans les terrains vagues, sur les voies ferrées
désaffectées ou dans les bois parisiens.
Un brin d’écologie
Les différents milieux regroupés sous le terme de friche peuvent se côtoyer sur
un même site. Cette diversité de biotopes(1)
, l’absence d’interventions humaines
(peu de fréquentation, pas d’entretien, pas d’engrais ni de pesticides) et parfois,
les particularités du sol (très sec, pauvre en éléments nutritifs), renforcent
l’intérêt biologique des friches en favorisant une flore et une faune spécifiques
et parfois peu communes.
Scènes de vie des friches parisiennes
Les friches herbeuses sont
dominées par les Poacées
(graminées) comme le brome
stérile (Bromus diandrus)
et le chiendent des chiens
(Elymus caninus).
La carotte sauvage (Daucus
carota) appartient aux Apiacées
(ombellifères), famille de plantes
typiques des friches.
Plus emblématique car de plus
en plus menacé par des pratiques
agricoles peu respectueuses
de l’environnement, le coquelicot
(Papaver rhoeas) fleurit à partir
du mois d’avril. Il se peut qu’un
escargot petit gris (Cornu
aspersum) s’aventure le long
de la tige pour échapper à la
chaleur du sol mais la tige grêle
ne supportera pas longtemps
le poids de l’animal.
Pionnier des lieux désaffectés,
le passerage des décombres
(Lepidium ruderale), de la famille
du chou, supporte mal la
concurrence d’autres plantes et
peut alors disparaître rapidement.
Bien que possédant, sous
certaines conditions, le statut de
plante déterminante ZNIEFF (Zone
Naturelle d’Intérêt Ecologique
Faunistique et Floristique) pour
la région Ile-de-France, il est très
fréquent dans Paris intra-muros.
Toutes ces plantes attirent
un cortège d’insectes qui seront,
en été, un complément
alimentaire pour l’accenteur
mouchet (Prunella modularis)
d’ordinaire granivore.
Volant habituellement au ras
du sol en bourdonnant, le grand
bombyle (Bombylius major),
à la trompe extrêmement longue,
butine et féconde les fleurs rose
violacé de la grande mauve
(Malva sylvestris). Idéale pour
butiner, sa maîtrise absolue du vol
lui permet également
une activité fondamentale :
repérer sur le sol l’entrée des
nids de certaines petites guêpes
ou abeilles solitaires et y pondre
ses oeufs. Une fois écloses, les
larves du bombyle se nourrissent
des larves de leurs hôtes.
Les fleurs jaunes du séneçon
du Cap (Senecio inaequidens),
espèce exotique originaire
d’Afrique du sud, sont visitées par
le syrphe à ceinturon (Episyrphus
balteatus), insecte jaune et noir
proche parent des mouches.
Remarquable pour son vol
stationnaire, il est d’une grande
importance dans les jardins
ou balconnières car, si les adultes
se nourrissent de nectar
et contribuent à la pollinisation,
les larves, elles, sont de grandes
consommatrices de pucerons.
La trichie rosée (Trichius
rosaceus) fréquente souvent
les capitules(2)
roses des cirses
communs (Cirsium vulgare)
dont les tiges ailées pourvues
de longues épines nous ont à tous
laissé, un jour, un souvenir
piquant.
Les papillons sont aussi des
visiteurs fréquents des friches.
La zygène de la filipendule
(Zygaena filipendula) est
un « papillon de nuit » qui vole
le jour… et assez mal !
Ses couleurs vives le protègent
des prédateurs en les avertissant
de sa toxicité : son corps contient
du cyanure au goût désagréable.
De plus, s’il est attaqué, il exsude
par les pattes et la trompe
une sécrétion nauséabonde.
Il apprécie les fleurs
“papilionacées” de la luzerne
cultivée (Medicago sativa) très
répandues dans les friches
parisiennes.
Profitant du couvert végétal de la
friche, les petits mammifères
s’installent également.
Le campagnol des champs
(Microtus arvalis) se nourrit des
luzernes, trèfles et pissenlits qui
colonisent ces espaces. Il creuse
de nombreuses galeries
souterraines dont les orifices sont
reliés en surface par des coulées.
Le hérisson d’Europe (Erinaceus
europaeus), semi-nocturne, part
à la chasse à la tombée de la nuit.
Il est le seul animal en France
à porter des piquants sur son dos.
Ce sont des poils modifiés,
au nombre de 6 000 environ.
Sa singularité est renforcée par
une technique de défense unique
chez les mammifères d’Europe :
il se met en boule en cas de
danger ou si on le ramasse.
Il peut aussi fuir à toutes pattes.
Bien que le hérisson appartienne
au groupe des Insectivores,
Mollusques et Amphibiens tel
le crapaud commun (Bufo bufo)
n’ont qu’à bien se tenir s’ils
ne veulent pas être dévorés.
Le crapaud mène une vie
terrestre, crépusculaire et
nocturne. En période de
reproduction, il se jette à l’eau
pour coasser (la femelle est
silencieuse) puis sur les femelles
pour féconder les chapelets
d’œufs gélatineux qu’elles
accrochent aux plantes
aquatiques.
Si la dynamique naturelle
spontanée se poursuit, la friche
herbeuse est progressivement
colonisée par des buissons
touffus de ronces communes
(Rubus fruticosus), clématite des
haies (Clematis vitalba), aubépine
monogyne (Crataegus monogyna),
églantier (Rosa canina), buddleia
(Buddleja davidii) ou arbre aux
papillons sur les fleurs duquel
le paon du jour (Inachis io)
viendra se sustenter. Territorial,
il pourchasse les intrus jusqu’en
dehors de son territoire et se
repose souvent où il a décollé.
Les papillons se nourrissent du
nectar des fleurs tandis que les
chenilles mangent des feuilles.
La petite tortue (Aglais urticae)
pond ses œufs sur les feuilles
de l’ortie dioïque (Urtica dioica),
principale plante nourricière
de ses larves. Avant la
métamorphose, les chenilles se
répandent sur les massifs d’orties
pour se transformer en
chrysalides d’où émergeront
les adultes.
Les friches abritent quantités
d’espèces qui se dissimulent
dans la végétation. La tomise
(Misumena vatia) est un modèle
de mimétisme lorsqu’elle occupe
les fleurs de l’églantier
(Rosa canina) qui varient du blanc
au rose. Le rougegorge familier
(Erithacus rubecula) se camoufle
dans la végétation dense pour
parer à l’indiscrétion de sa gorge.
Il en abuse par ailleurs, tant pour
plaire à un partenaire de sexe
opposé que pour rivaliser avec
un mâle concurrent.
Bosquets et arbres, dont le
robinier faux-acacia (Robinia
pseudo-acacia), servent de refuge
à la fauvette grisette (Sylvia
communis) : sa reproduction
à Paris connaît un essor en raison
de l’évolution des pratiques
de gestion durable qui conservent
nombre de broussailles
opportunes.
Sur les jeunes pousses d’érable
sycomore (Acer pseudoplatanus)
viennent se percher les
chardonnerets élégants
(Carduelis carduelis) en quête
de graines et de pucerons.
Malgré son nom inquiétant,
le cercope sanguinolent
(Cercopis vulnerata), de la famille
des cigales, est tout à fait
inoffensif sauf pour les plantes
dont il prélève le suc. Sa larve
sécrète une mousse écumeuse,
appelée crachat de coucou,
qui lui sert de protection
et de stabilisant thermique.
La mante religieuse (Mantis
religiosa), grande prédatrice
d’insectes, déploie ses pattes
ravisseuses si vite que la grande
sauterelle verte (Tettigonia
viridissima), malgré ses longues
antennes et grandes pattes, n’a
pas le temps de fuir, trompée par
son immobilité totale à l’affût.
L’attaque est déclenchée par
le mouvement de la proie.
Maintenue fermement par les
épines des pattes, elle est
dévorée vivante.
Dans les friches des bois
parisiens, des espèces
inattendues profitent de ces
zones éclairées. La tomate
(Lycopersicon esculentum)
dont les graines sont souvent
les déchets de pique-niques
bucoliques, s’est particulièrement
développée l’année suivant
l’ouragan de décembre 1999,
bénéficiant des trouées
de lumière dues à la chute
des arbres. Les plants produisent
des petits fruits faisant le régal
des guêpes germaniques
(Vespula germanica) qui profitent
ainsi doublement de nos repas
en plein air auxquels elles aiment
s’inviter.
Un geste
pour la
nature
à Paris
Créez un jardin
dans la cour de
l’immeuble
avec vos voisins,
qui séduira aussi
bien les insectes
et autres
invertébrés
que les oiseaux
et petits
mammifères.
Certaines friches sont constituées
d’autres milieux : par exemple
pierriers ou éboulis rocheux qui
servent de refuge et de cachette
aux animaux et peuvent
également accueillir une flore
particulière - consultez l’affiche
« la biodiversité des murs, toits
et trottoirs à Paris ». Des zones
humides temporaires (ornières,
flaques) élargissent encore le
cortège d’espèces sauvages
accueillies (libellules, batraciens,
plantes des berges et des
marais).
(1) biotope : ensemble d’éléments
caractérisant un milieu abritant une faune
et une flore spécifiques.
(2) capitule : groupe de fleurs sans tige
réunies sur le réceptacle floral.
Préserver ces milieux
L’échelle des
espèces animales
et végétales n’a
pas été respectée.
La biodiversité parisienne,
riche de plus de 1 600
espèces animales
et 1 800 plantes
et champignons, doit être
préservée et gérée
de façon à garantir
un équilibre naturel,
dont l’Homme fait partie.
Réseau de surveillance,
nouveaux espaces pour
la faune et la flore,
recommandations
intégrées aux projets
d’aménagements urbains,
actions éducatives :
la Ville de Paris s’engage
à préserver la biodiversité
locale des espèces et de
leurs habitats, notamment
les espèces animales
Pour en savoir plus :
www.paris.fr
Découvrez les coins de nature à Paris au travers des
Sentiers Ecologiques, des Sentiers Seine, des dépliants
de découverte écologique des bois parisiens et des
brochures « Découvrez l’environnement à Paris »,
« Jardins et Nature à Paris ». Participez aux journées,
ateliers, sorties et conférences organisés par
Paris-Nature et Paris-Jardins.
et végétales les plus
communes qui voient peu
à peu leurs niches
traditionnelles disparaître.
Vous aussi pouvez agir
au quotidien pour garantir
le maintien et le
développement de la
biodiversité à Paris.
Les Polyplastocubes
https://www.paris.fr/biodiversite

Biodiversité à Paris

Table des matières de la publication Biodiversité à Paris

La biodiversité des murs, toits et trottoirs à Paris
La biodiversité des arbres des rues à Paris
La biodiversité des parcs et jardins à Paris
Le vivant dans les friches parisiennes
La biodiversité des bois de Paris
La biodiversité des mares à Paris
La biodiversité de la Seine et des canaux parisiens
Accueillir la biodiversité à Paris
Pour en savoir plus...
Biodiversité à Paris - 1
Biodiversité à Paris - P1
Biodiversité à Paris - P2
Biodiversité à Paris - La biodiversité des murs, toits et trottoirs à Paris
Biodiversité à Paris - 3
Biodiversité à Paris - La biodiversité des arbres des rues à Paris
Biodiversité à Paris - 5
Biodiversité à Paris - La biodiversité des parcs et jardins à Paris
Biodiversité à Paris - 7
Biodiversité à Paris - Le vivant dans les friches parisiennes
Biodiversité à Paris - 9
Biodiversité à Paris - La biodiversité des bois de Paris
Biodiversité à Paris - 11
Biodiversité à Paris - La biodiversité des mares à Paris
Biodiversité à Paris - 13
Biodiversité à Paris - La biodiversité de la Seine et des canaux parisiens
Biodiversité à Paris - 15
Biodiversité à Paris - Accueillir la biodiversité à Paris
Biodiversité à Paris - 17
Biodiversité à Paris - Pour en savoir plus...
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