Biodiversité à Paris - 13

Discrète, la biodiversité est pourtant bien présente à Paris !
On peut observer la faune et la fl ore sauvages dans
les bois, les parcs et les jardins, mais aussi dans d’autres
lieux. Les berges de la Seine, les canaux, les mares et les
plans d’eau, les cimetières, les terrains vagues, les toitures,
les façades d’immeuble, même les interstices des pavés,
des murs et des écorces d’arbre méritent l’attention
des citadins. Cet ensemble constitue un maillage vert
contribuant à maintenir les continuités écologiques du
territoire où faune et fl ore peuvent circuler et se développer.
Un brin d’écologie
Claude-Bernard (19e), Parc fl oral (12e
)…
Une étendue d’eau de petite taille constitue un milieu de vie pour des animaux
et des plantes spécifi ques souvent en voie de disparition. Dans une « mare
naturelle », l’entretien est limité pour permettre aux espèces sauvages de
se développer librement.
Scènes de vie au cœur des mares
Le martin-pêcheur d’Europe
(Alcedo atthis) vit au bord des eaux
calmes et creuse son nid dans
les berges. Il attire l’attention
lorsqu’il fi le au ras de l’eau ou
lorsqu’il pousse son bref et
strident « zii-ti ». Bon pêcheur
et excellent plongeur, il se nourrit
de petits poissons, d’insectes et de
crustacés aquatiques. Il guette ses
proies, perché sur une branche de
saule marsault (Salix caprea),
arbre typique des zones humides
dont il maintient les berges grâce
à ses racines. Cet arbre arbore dès
la fi n de l’hiver, des chatons, verts
pour les saules femelles et jaunes
pour les saules mâles, qui attirent
les abeilles.
Saviez-vous que l’aspirine fut
obtenue à partir de la salicyline
renfermée dans l’écorce des
saules ?
En dépit de sa coloration rouge vif,
la petite nymphe au corps de feu
(Pyrrhosoma nymphula) passe
souvent inaperçue. Toutefois, les
accouplements « en forme de
cœur » de cet insecte sont
spectaculaires. Posée sur un carex
des rives (Carex riparia), elle
attend ses proies. Cette plante,
encore appelée laîche des rives,
présente une tige de section
triangulaire portant entre trois et
cinq épis. Elle se propage par des
tiges rampantes (stolons).
La notonecte glauque (Notonecta
glauca), punaise aquatique, nage
sur le dos. Elle se dissimule aux
yeux de ses prédateurs car son
« ventre » sombre se confond avec
la couleur de l’eau, et son dos clair,
vu de dessous, se fond avec la
clarté du ciel. Attention, la « guêpe
d’eau » peut infl iger une piqûre
sévère. Cette carnassière chasse à
l’affût vers, larves, insectes,
têtards et alevins. Hivernant au
stade adulte, la notonecte se
reproduit au printemps et pond ses
œufs dans les tissus des végétaux
aquatiques. Près d’elle, la tige
émergée du populage des marais
(Caltha palustris) mesure jusqu’à
50 cm. Ses feuilles encadrent
des grandes fl eurs rappelant le
bouton d’or.
Le triton ponctué (Triturus
vulgaris) doit son nom à son ventre
jaune orangé ponctué de noir.
Le mâle arbore une crête ondulée
qui s’étire le long du dos jusqu’à la
queue. Le triton se nourrit
d’invertébrés (insectes, crustacés,
mollusques, vers...), de têtards,
voire de ses propres « rejetons ».
Il se reproduit dans la mare de
février à juillet et passe le reste de
l’année sur terre, sous des abris
(roches, bois, litière). Pour séduire
une femelle, le mâle émet des
substances chimiques, des
phéromones, en lui faisant face et
en brassant l’eau avec sa queue
repliée. Cent à 300 œufs sont
pondus un à un sur les feuilles du
potamot crépu (Potamogeton
crispus). Celui-ci, pouvant
atteindre deux mètres, doit son
nom d’espèce, signifi ant « crispé »,
à la bordure ondulée de ses
feuilles. Le pollen des fl eurs
aériennes est dispersé par le vent
tandis que la dissémination de ses
graines s’effectue par l’eau.
Le cératophylle épineux
(Ceratophyllum demersum) croît
en absorbant les nitrates présents
dans l’eau, limitant ainsi la
présence d’algues indésirables.
Il constitue des herbiers denses,
favorables au maintien de la petite
faune aquatique. Cette plante
immergée abrite deux escargots
d’eau douce, brouteurs de feuilles
et d’algues : la planorbe cornée
(Planorbarius corneus) et la limnée
commune (Lymnaea stagnalis).
La limnée consomme aussi des
poissons morts contribuant ainsi
au nettoyage de la mare.
Toutes deux possèdent des
poumons et respirent à l’air libre.
La planorbe, à la coquille en
spirale plate, pond une grappe
gélatineuse de 10 à 20 œufs,
tandis que la limnée, à la coquille
pointue pond des amas allongés
pouvant contenir 300 œufs.
La grenouille verte (Rana kl.
esculenta), à la différence des
crapauds et rainettes, est
exclusivement aquatique. Le mâle
coasse à la belle saison grâce à
deux sacs vocaux. Le dessus de
son corps est vert vif à brun et son
ventre jaunâtre. Le moindre
mouvement d’eau attise sa
voracité. À proximité se déplacent
des aselles aquatiques (Asellus
aquaticus), petits crustacés
ressemblant à des cloportes.
Très communs, ils se nourrissent
de végétaux et autres organismes
en décomposition et contribuent
ainsi à l’entretien de la mare.
Une feuille de nénuphar jaune
(Nuphar lutea) fl otte à la surface.
Sa tige s’enracine dans la vase.
Ses fl eurs jaune d’or, de juin à
septembre, libèrent un parfum
alcoolisé qui attire les coléoptères,
insectes regroupant notamment
scarabées et coccinelles.
La gallinule poule d’eau (Gallinula
chloropus) possède des pattes à
longs doigts lui permettant de se
déplacer sur les feuilles émergées
et de nager. Cet oiseau se nourrit
d’herbes, feuilles, graines et
racines de plantes aquatiques.
Il picore aussi mollusques,
insectes et alevins. Cette espèce
constitue des groupes familiaux où
les premières nichées restent
auprès de leurs parents pour
s’occuper de leurs petits frères et
sœurs. La massette à larges
feuilles (Typha latifolia) est un
grand roseau vivace qui s’enracine
dans la vase grâce à son rhizome.
De juin à août, elle porte un épi
femelle cylindrique et brun
surmonté d’un épi mâle
cotonneux. Elle est employée dans
les stations d’épuration en zone de
lagunage.
Brune, grise, noire ou beige, la
planaire (Dugesia sp.) est un ver
plat, comme les ténias et les
douves. Cette planaire de 25 mm,
fréquente, se déplace grâce aux
ondulations des cils vibratiles qui
recouvrent sa face ventrale.
Son anatomie est simple : une
ouverture, située sous son ventre,
lui sert à la fois de bouche et
d’anus. Prédatrice, elle déploie son
pharynx pour avaler petits
escargots, vers, larves d’insecte…
La tige du myriophylle en épis
(Myriophyllum spicatum) varie du
brun au rouge, et porte des feuilles
vert-olive, rappelant des plumes.
Son feuillage caduc disparaît à
l’approche de l’hiver. Très utile
dans les petites retenues d’eau,
il participe à la vie de l’écosystème
en oxygénant l’eau.
L’eupatoire chanvrine (Eupatorium
cannabinum), aux tiges rougeâtres,
fl eurit de juillet à septembre.
Ses feuilles, ressemblant à celles
du chanvre, lui ont valu son nom.
On peut extraire de la plante un
colorant jaune utilisé en teinture.
Le gerris lacustre (Gerris
lacustris), aussi nommé « araignée
d’eau » bien qu’il ne possède que
six pattes et non huit comme les
araignées, est un insecte : une
punaise ! Habile patineur, ses
pattes couvertes de poils lui
permettent de s’appuyer sur le fi lm
créé par la tension superfi cielle de
l’eau. Il se nourrit d’arthropodes
tombés dans l’eau (insectes,
araignées…) dont il suce les
parties internes avec son rostre.
Chasseur, il s’aventure sur les
feuilles de la lentille d’eau (Lemna
minor). Cette petite plante vivace
aquatique à feuilles ovales munies
de radicelles, fl otte à la surface.
Elle nourrit canards et poules
d’eau, et limite l’évaporation de
l’eau de la mare ainsi que son
échauffement. Elle sert aussi de
refuge aux mollusques, hydres,
planaires et sangsues. Cependant,
quand elle prolifère, elle occulte la
surface de la mare et prive de
lumière les végétaux submergés.
Consommatrice de phosphate,
elle est utilisée comme plante
dépolluante dans les stations
d’épuration.
Présent sur le bord des mares
et des cours d’eau calmes, l’iris
des marais (Iris pseudacorus) ne
fl eurit pas si la profondeur
dépasse 50 cm. Ses feuilles
contiennent une toxine qui le rend
impropre à la consommation des
herbivores. Cette plante est à
l’origine de l’emblème de la « fl eur
de lys ». La légende veut que
Clovis, faisant face aux Goths en
507, ait aperçu des iris au milieu
de la Vienne et, ainsi, pu mener
ses troupes à gué et remporter la
victoire.
La pisaure admirable (Pisaura
mirabilis) est une araignée 10 à
15 mm sans les pattes. Des motifs
à fl ammèche jaune orangé ornent
le dessus de son corps.
Elle chasse à l’affût et ne construit
donc pas de toile. Le mâle, plus
petit que la femelle, lui offre en
cadeau pour la séduire, une
mouche entourée de soie. Pendant
que celle-ci déballe son bien, il en
profi te pour s’accoupler et éviter
d’être dévoré par sa belle.
La femelle porte entre ses
chélicères un cocon rond, soyeux
empli d’œufs. Elle les protège
L’échelle des
espèces animales
et végétales n’a
pas été respectée.
jusqu’à l’éclosion des larves, à
l’abri sous une feuille de lycope
d’Europe (Lycopus europaeus).
Ce dernier doit son nom, du grec
lykos (« loup ») et pous (« pied »), à
la forme de ses feuilles rappelant
une empreinte de loup. Comme
toutes les lamiacées, sa tige
présente une section carrée.
De près d’1,30 m, la lysimaque
commune (Lysimachia vulgaris),
cousine de la primevère, porte de
juin à août des fl eurs jaune vif à
cinq pétales. Sa souche émet des
stolons qui permettent un
arrimage aux berges. Ses graines
légères sont dispersées par l’eau.
La salicaire (Lythrum salicaria)
abonde le long des fossés et des
bords de mare. Ses fl eurs aux tons
roses, épanouies de juin à octobre,
servaient de colorant naturel pour
certains bonbons. Elle contient de
la salicarine, substance
antidiarrhéique, hémostatique et
astringente, d’où son nom
traditionnel « d’herbe aux
coliques ».
L’épilobe hérissée (Epilobium
hirsutum) déploie de grandes
fl eurs roses, en forme d’entonnoir,
supportées par une tige aux poils
vert grisâtre, hérissés, d’où
son nom. Cette grande herbe
affectionne les zones humides,
fossés, bords des ruisseaux ou
lisières de bois.
De plus en plus souvent
observé dans les zones humides
parisiennes, le héron cendré
(Ardea cinerea) est un échassier
gris, à aigrette, seulement à l’âge
adulte. Son puissant bec, gris vert
chez le jeune et orange chez
l’adulte, lui permet d’harponner
poissons, amphibiens, petits
oiseaux et micromammifères avant
de les avaler entiers. En vol, il se
distingue de la cigogne par son
cou replié en S.
Des gestes pour la nature à Paris
Ne prélevez ni têtards, ni grenouilles, ni tritons. Tous les
amphibiens sont intégralement protégés en France (arrêté du
19 novembre 2007), à l’exception de la grenouille verte (Rana
kl. esculenta) et de la grenouille rousse (Rana temporaria)
protégées partiellement.
Ne prélevez pas de plantes sauvages qui font partie de
l’équilibre fragile de cet écosystème, servant d’abri, de
nourriture et de lieux de ponte à la faune.
Ne relâchez pas d’espèces exotiques qui peuvent s’avérer
envahissantes.
Ne déversez pas de produits toxiques dans les égouts pouvant
polluer les eaux des milieux naturels.
Des mares et des zones humides pour
développer la biodiversité.
Face à l’extension de la ville, les mares ont peu à peu disparu.
Elles sont pourtant bien adaptées à l’échelle urbaine et aux espaces verts.
Depuis quelques années, de nouvelles mares sont créées afi n de reconstituer
un réseau écologique lié à l’eau à Paris : Jardin naturel (20e
), square
Préserver ces milieux
La biodiversité parisienne, riche
de plus de 1 600 espèces
animales, 1 000 espèces
végétales et 1 000 champignons
et lichens, doit être préservée.
Réseau de surveillance,
nouveaux espaces pour
Pour en savoir plus :
la faune et la fl ore, adaptation
des projets d’aménagements
urbains, actions éducatives…
la Ville de Paris s’engage
à protéger la diversité des
espèces et de leurs habitats, y
compris les espèces les plus
banales menacées par la
disparition de leurs habitats.
Vous aussi pouvez agir
au quotidien pour garantir
le maintien et le développement
de la biodiversité à Paris.
www.paris.fr
Découvrez les coins de nature à Paris au travers des
Sentiers écologiques, des Sentiers Seine, des dépliants
de découverte écologique des bois parisiens. Participez
aux journées, ateliers, sorties et conférences du Service
de l’Écologie Urbaine.
Jean-Claude Dejean
http://http:// https://www.paris.fr/biodiversite

Biodiversité à Paris

Table des matières de la publication Biodiversité à Paris

La biodiversité des murs, toits et trottoirs à Paris
La biodiversité des arbres des rues à Paris
La biodiversité des parcs et jardins à Paris
Le vivant dans les friches parisiennes
La biodiversité des bois de Paris
La biodiversité des mares à Paris
La biodiversité de la Seine et des canaux parisiens
Accueillir la biodiversité à Paris
Pour en savoir plus...
Biodiversité à Paris - 1
Biodiversité à Paris - P1
Biodiversité à Paris - P2
Biodiversité à Paris - La biodiversité des murs, toits et trottoirs à Paris
Biodiversité à Paris - 3
Biodiversité à Paris - La biodiversité des arbres des rues à Paris
Biodiversité à Paris - 5
Biodiversité à Paris - La biodiversité des parcs et jardins à Paris
Biodiversité à Paris - 7
Biodiversité à Paris - Le vivant dans les friches parisiennes
Biodiversité à Paris - 9
Biodiversité à Paris - La biodiversité des bois de Paris
Biodiversité à Paris - 11
Biodiversité à Paris - La biodiversité des mares à Paris
Biodiversité à Paris - 13
Biodiversité à Paris - La biodiversité de la Seine et des canaux parisiens
Biodiversité à Paris - 15
Biodiversité à Paris - Accueillir la biodiversité à Paris
Biodiversité à Paris - 17
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