Biodiversité à Paris - 11

Discrète, la biodiversité est pourtant bien présente à Paris !
La faune et la fl ore sauvages s’observent dans les bois,
les parcs et les jardins, mais aussi dans bien d’autres lieux.
Les berges de la Seine, canaux, mares et autres plans
d’eau, cimetières, friches, toitures, façades d’immeuble,
interstices des pavés, des murs et écorces d’arbre méritent
l’attention des citadins.
Cet ensemble forme un maillage vert, contribuant aux
continuités écologiques jusqu’au cœur de la ville.
Un brin d’écologie
Vastes réservoirs de biodiversité, les bois de Boulogne, 846 hectares, et de Vincennes, 995
ha, sont 2 îlots de verdure cernés par un tissu urbain, constitués de lacs, prairies, clairières
et sous-bois forestiers. Arbres, arbustes, herbes, mousses et lichens côtoient une faune
diversifi ée et discrète. La litière issue de la décomposition de matières organiques végétales
et animales regorge de mollusques, insectes, crustacés terrestres, mille-pattes, araignées.
Ces bois répondent aux attentes des usagers, promeneurs, sportifs ou curieux de nature
mais leur forte fréquentation crée une pression qui les fragilise : 6 millions de visiteurs par
an au bois de Boulogne et 11 millions au bois de Vincennes.
Piétinement intensif, cueillettes diverses, cris, aboiements, stationnement sauvage, génèrent
du stress et provoquent la disparition ou le recul d’espèces vers des zones plus tranquilles,
qui se raréfi ent.
Les chartes d’aménagement durable des bois engagent Paris et les communes riveraines
dans un processus de réhabilitation et de sauvegarde de ces milieux naturels compatibles
avec les différents usages. La gestion des surfaces des bois où interviennent directement les
agents de la Ville de Paris fait l’objet d’une certifi cation ISO 14001, reconnaissance d’une
démarche d’amélioration continue dans le domaine de l’environnement. La création
d’espaces clos (zones de reboisement, zones d’intérêts écologiques protégées (ZIEP),
réserves ornithologiques) assure la tranquillité de la nature tout en facilitant son observation.
Les méthodes douces d’entretien (fauchage différencié, usage de chevaux de trait,
diversifi cation des essences plantées), la réduction de la circulation et du stationnement,
donnent la priorité aux circulations douces et favorisent l’essor de la biodiversité.
Scènes de vie au cœur des bois
La strate
arborée
Arbre emblématique des bois,
le chêne sessile (Quercus petraea),
aux glands fi xés directement au
rameau qu’il porte passé 60 ans,
craint froid et gelées printanières
mais s’accommode de sols pauvres
et de fréquentes sécheresses.
Des arbres morts sur pied et des
grumes sont laissés en place sur les
parcelles pour favoriser l’activité
biologique des sols et l’installation
des petits animaux.
La fi stuline hépatique (Fistulina
hepatica), dite langue de bœuf,
parasite les vieux chênes
et châtaigniers. Elle pousse
à l’automne, sur les troncs,
au niveau des blessures provoquant
une pourriture brune chez son hôte.
Ce champignon puise les tanins au
coeur du tronc, sans que la solidité
du bois soit affectée avant de
nombreuses années, mais le bois
fi nit par devenir poussière et l’arbre
s’effondre si le bûcheron n’est pas
intervenu.
Crépusculaire, le grand capricorne
(Cerambyx cerdo), espèce protégée,
se nourrit d’arbres dépérissant
ou blessés dont il lèche la sève.
Il dépose ses œufs sous l’écorce de
vieux chênes dont la larve xylophage
consomme le bois de l’aubier où elle
creuse sa galerie. Après 3 à 5 ans de
développement, l’adulte s’envole en
été pour 1 à 2 mois à la recherche
d’un partenaire. Les trous de sorties
des larves sont des portes d’entrée
commodes pour les champignons
et insectes friands de bois.
Le cynips du chêne (Neuroterus
quercusbaccarum) ressemble à une
petite fourmi ailée, qui pond dans
les tissus des feuilles ou dans les
bourgeons de chêne. La larve grandit
au sein d’une galle, un renfl ement
qui la protège. Ces insectes
gallicoles ne portent pas préjudice
aux chênes.
Dépourvu de racines, le gui (Viscum
album) est fi xé à un arbre par un
suçoir situé sous l’écorce du
rameau. Plante hémiparasite, le gui
soutire eau et sels minéraux à son
hôte mais fabrique ses propres
sucres grâce à sa chlorophylle.
Pollinisé par les insectes,
la dispersion des graines est
essentiellement assurée par la grive
draine et le merle qui raffolent des
fruits blancs visqueux dont ils
évacuent les graines non digérées
dans leurs fi entes qui atterrissent
sur une nouvelle branche.
L’écureuil roux (Sciurus vulgaris)
alerte et farouche, bondit à la cime
des arbres à la recherche de
nourriture : noix, noisette, gland,
sève aspirée à la base des rameaux
d’aiguilles de conifères. Au sol,
il cache des stocks de graines
qu’il oublie, contribuant ainsi à la
propagation de nombreux arbres.
Il élève ses petits dans son nid :
une boule de végétaux fi xée entre
les branches à laquelle il intègre
parfois des éléments artifi ciels issus
de nos déchets (fi celle…), comme
bien d’autres animaux des villes.
L’écureuil est une espèce protégée
en France.
Plus souvent en lisière des bois,
dans les taillis et les haies,
le noisetier d’Europe (Corylus
avellana) est un arbuste composé
de plusieurs troncs fi ns formant une
touffe protectrice pour la faune.
Sa fl oraison dès février mars offre
aux abeilles leur première récolte
de pollen. La noisette comestible est
un fruit très apprécié de l’écureuil
mais aussi du balanin, un charançon
qui pond dans le fruit. La larve se
développe à l’intérieur et se nourrit
de l’amande puis s’échappe en
laissant une coque vide percée.
La physcie grimpante (Physcia
abscendens) est un lichen assez
répandu sur le tronc des arbres,
surtout des feuillus, qui supporte
un air moyennement pollué.
Les lichens sont des végétaux
pionniers à croissance très lente,
de l’ordre de 0,1 à 10 mm par an.
Ils sont issus d’une association entre
une algue et un champignon qui
vivent en symbiose.
Dans les arbres touffus, la chouette
hulotte (Strix aluco) passe sa
journée à l’abri des regards. La nuit
venue, elle fond silencieusement sur
ses proies, rongeurs et petits
oiseaux, qu’elle gobe tout rond.
Elle recrache les éléments
indigestes, poils, os, plumes et
restes d’insectes, sous forme
de pelote de réjection, une trace qui
trahit sa présence. Territoriale,
elle vit en couple et reste fi dèle au
même nid, situé généralement dans
une cavité ou un trou d’arbre
réinvestit.
La noctule commune (Nyctalus
noctula) est l’une des 10 espèces
de chauves-souris présentes à Paris.
Dans les bois, sa présence est liée à
la conservation des arbres creux où
elle vit en colonie, d’une quinzaine
d’individus. Ses ailes longues et
étroites lui procure un vol rapide
(50 km/h). Insectivore, elle chasse
de nuit, en groupe, jusqu’à
100 mètres d’altitude. À la belle
saison, tôt le soir, elle partage
le milieu aérien avec hirondelles
et martinets.
Le sous-bois
Très répandue, la ronce commune
(Rubus gr. fruticosus) est un
arbrisseau épineux vivace qui prend
rapidement possession des lieux.
Cette plante résistante offre gîte et
couvert à une faune variée. Oiseaux,
renard consomment les mûres et de
nombreuses chenilles de papillons
dévorent les feuilles. Sa fl oraison
estivale est très appréciée par les
insectes pollinisateurs.
Le renard roux (Vulpes vulpes) est
le plus grand des mammifères
sauvages des bois parisiens. Il s’est
bien adapté au bois de Vincennes
avec près d’une dizaine d’individus
et semble se réinstaller au bois de
Boulogne où 2 à 3 individus auraient
été aperçus. Son expansion
s’explique par l’éradication de
la rage, la nourriture laissée çà et là,
les poubelles faciles d’accès et
l’interdiction de la chasse. Une forte
mortalité liée au trafi c routier et un
besoin de territoire de 50 hectares
limitent le risque de surpopulation.
La taille des
illustrations
ne respecte pas
l’échelle des
espèces animales
et végétales
Le cri rauque d’alerte du geai des
chênes (Garrulus glandarius)
résonne dans le sous-bois.
Bon imitateur, il reproduit des sons
d’oiseaux, voire de chat. Pilleur de
nids, il consomme aussi insectes,
vers de terre et fruits. Friand de
glands, il en transporte jusqu’à 4
dans une petite poche sous son bec.
Dissimulés dans des cachettes
en prévision de l’hiver, les glands
oubliés germeront au printemps,
permettant ainsi au chêne de se
disséminer.
Végétal archaïque, la fougère mâle
(Dryopteris fi lix-mas) affectionne
les sous-bois humides et ombragés.
Les feuilles, appelées frondes,
portent à leurs revers des spores,
regroupées en petits amas,
les sporanges, qui assurent la
reproduction de la plante.
Les fougères offrent un abri à la
faune des bois et une protection
hivernale du sol.
Le ver luisant (Lampyris noctiluca)
est un coléoptère qui doit son nom
à l’aspect larvaire de la femelle.
Durant les nuits d’été, pour attirer
les mâles, les femelles, dépourvues
d’ailes, émettent par l’abdomen
une lumière jaune verdâtre ;
un phénomène de bioluminescence.
Les vers luisants sont menacés par
les insecticides et la pollution
lumineuse des villes. L’éclairage
artifi ciel leurre les mâles.
5 000 lucioles environ produisent
une lumière équivalente à celle
d’une bougie.
Essentiellement terrestre, commune
dans les bois parisiens, la grenouille
agile (Rana dalmatina) se distingue
par ses pattes arrière très longues.
Les sauts impressionnants qu’elle
exécute lui confèrent agilité et
rapidité pour fuir et chasser
coléoptères, mouches et araignées.
Au printemps, elle rejoint les cours
d’eau lents des bois pour pondre.
Le mâle attend la femelle sous l’eau
d’où il émet une douce mélopée.
En avril mai, les sous-bois parisiens
se tapissent du bleu des clochettes
de jacinthe des bois (Hyacinthoides
non-scripta) avant que la feuillaison
printanière capture la majorité de la
lumière. L’hiver venu, la jacinthe
survit grâce à son bulbe, un organe
de réserve de nourriture de la taille
d’une noisette, enfoui à 30 cm dans
le sol.
Du haut de son 1.20 m, le cerfeuil
des bois (Anthriscus sylvestris) est
la première ombellifère à fl eurir au
printemps. Dès fi n avril, les ombelles
odorantes couvrent de blanc bords
des chemins et lisières des bois.
Très commun, sa présence indique
un sol frais à humide riche en azote.
La litière
Orange ou marron, l’arion roux
(Arion rufus), animal à sang froid,
n’est actif que par temps humide.
L’humidité lui est nécessaire
pour produire le mucus sur lequel
il glisse. Cette limace consomme
végétaux, champignons et déchets
d’animaux qu’elle recherche en
parcourant une distance de 7 mètres
les bons jours. Sa lenteur lui vaut
d’être la proie de nombreux
prédateurs : oiseaux, grenouilles,
hérissons, insectes.
Le fourmilion commun (Myrmeleon
formicarius) est un insecte
crépusculaire au vol lent. Prédateur,
il s’attaque à des insectes plus
petits. La larve astucieuse creuse
un entonnoir abrité de la pluie dans
les sols sablonneux des clairières,
talus ou sentiers. Redoutable piège :
tout insecte qui s’y aventure, patine
pour remonter, bombardé de sable
par la larve pour le faire chuter.
Ce sont le plus souvent des fourmis
qui sont capturées par les
puissantes mandibules. Une fois la
proie saisie, la larve injecte un venin,
la vide de sa substance et la rejette
hors du piège.
Des gestes pour la nature à Paris
Je ne prélève pas d’animaux (amphibiens, insectes…) et je ne
cueille pas de plantes. Je n’abandonne pas d’animal domestique
(lapin, chat…) ni exotique (tortue de Floride, poissons…)
et je n’introduis pas d’espèces végétales susceptibles d’être
envahissantes, de concurrencer ou d’éliminer les espèces locales.
Je reste sur les chemins pour éviter le tassement de la terre qui
empêche un bon enracinement des plantes et l’absorption des
minéraux nécessaires à leur croissance et pour ne pas déranger
la faune.
Je trie mes déchets de pique-nique dans les poubelles prévues
à cet effet ou je les emporte afi n de ne pas altérer les milieux.
Une canette vide, qui met plus d’un siècle à être dégradée,
est un piège pour les insectes. Attirés par la boisson sucrée,
ils ne peuvent en sortir, leurs pattes n’adhérant pas aux parois
lisses, et s’y noient.
Préserver les milieux
La biodiversité parisienne,
riche de près de 1 700 espèces
animales et 2 000 espèces
de plantes et champignons,
doit être préservée. Réseau de
surveillance, nouveaux jardins
pour la faune et la fl ore,
diagnostics préalables
aux aménagements urbains,
actions éducatives… la Ville
de Paris s’engage à préserver
et développer la diversité des
Pour en savoir plus :
Découvrez d’autres affi ches sur la biodiversité sur :
www.paris.fr
mot-clé : biodiversité
Participez aux journées, ateliers, visites et conférences
organisés par le réseau d’écologie urbaine de la Ville de Paris.
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mots-clés : agenda jardin et écologie
espèces sauvages et de leurs
habitats. Vous aussi pouvez
agir au quotidien pour
maintenir et enrichir la
biodiversité à Paris.
Illustrations : Julien Norwood – Conception graphique : Jean-Claude Dejean (06 83 84 73 35) – Imprimeur : Caractère, imprimé sur du Cyclus Print,
papier 100% recyclé, avec des encres à base végétale – Tirage : 2 500 ex – Édition : septembre 2011.
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Biodiversité à Paris

Table des matières de la publication Biodiversité à Paris

La biodiversité des murs, toits et trottoirs à Paris
La biodiversité des arbres des rues à Paris
La biodiversité des parcs et jardins à Paris
Le vivant dans les friches parisiennes
La biodiversité des bois de Paris
La biodiversité des mares à Paris
La biodiversité de la Seine et des canaux parisiens
Accueillir la biodiversité à Paris
Pour en savoir plus...
Biodiversité à Paris - 1
Biodiversité à Paris - P1
Biodiversité à Paris - P2
Biodiversité à Paris - La biodiversité des murs, toits et trottoirs à Paris
Biodiversité à Paris - 3
Biodiversité à Paris - La biodiversité des arbres des rues à Paris
Biodiversité à Paris - 5
Biodiversité à Paris - La biodiversité des parcs et jardins à Paris
Biodiversité à Paris - 7
Biodiversité à Paris - Le vivant dans les friches parisiennes
Biodiversité à Paris - 9
Biodiversité à Paris - La biodiversité des bois de Paris
Biodiversité à Paris - 11
Biodiversité à Paris - La biodiversité des mares à Paris
Biodiversité à Paris - 13
Biodiversité à Paris - La biodiversité de la Seine et des canaux parisiens
Biodiversité à Paris - 15
Biodiversité à Paris - Accueillir la biodiversité à Paris
Biodiversité à Paris - 17
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