ParaMag - n°318 - Novembre 2013 - B5

La célèbre tour d'entraînement de la
Porte de Choisy, à Paris, où bons nombres
de nos ancêtres débutèrent. Expropriée
pour cause de construction immobilière,
elle fût démontée pour être installée
"ailleurs", mais personne ne pût jamais
en retrouver la trace !
Un Destin
incontournable
A priori, qui pourrait supposer que ce
monsieur né le 8 octobre 1928, qui
soulève très naturellement sa casquette
de tweed pour saluer galamment sa
concierge, n'est pas un quidam ordinaire
? Qui pourrait deviner que cet
homme-là est pétri de passion ? Une
passion tranquille et ardente pour les
choses de l'air qui n'a jamais cessé de
l'animer bien qu'elle fût née d'une frustration.
Qui sait combien de carrières
parachutistes sont nées du rêve déçu
d'être aux commandes d'un Spitfire ?
À l'issue de la guerre, l'Armée de l'Air
française manque tout autant d'aviateurs
que d'avions, et le concours des
Cadets d'Amérique ouvre la porte à
une formation de pilote aux USA.
Mais hélas un problème ophtalmique
barre la route au jeune Chalon. Hélas ?
Voire : l'aviation ne saura jamais ce
qu'elle a perdu, et le parachutisme ne
sait pas encore ce qu'il va gagner
lorsque ce jeune homme passe pour la
première fois la porte d'un JU-268, le
16 octobre 1946, lors de sa formation
parachutiste prémilitaire. Un horsd'œuvre
qui ne peut satisfaire une faim
impérieuse. À cette époque, le parachutisme
civil renaît péniblement de
ses cendres, les acrobates d'avantguerre
n'occupent plus la scène, et la
pratique sportive est l'apanage des
militaires. C'est une rencontre amicale
qui amène Jacques Chalom au Centre
James Williams (nom d'emprunt du
célèbre chuteur d'avant-guerre Jean
Niland). Près de la Porte de Choisy, le
site abrite la section parachutiste de
L'Aéro-Club Paris-Centre et c'est ainsi
qu'en découvrant la tour d'entraîne-
60
ment que l'étudiant en mécanique
automobile s'approche insensiblement
de ce qui sera le tournant de sa vie. En
1949, il part en stage à St-Yan, non
loin de Vichy. Aucun moniteur civil
n'est encore formé, et il sera l'un des
premiers diplômés, en 1950. En 1951,
il est l'un des trois concurrents français
au premier Championnat du Monde de
l'Histoire, à Bled, en Yougoslavie.
Pierre Lard devient Champion du
Monde, Monique Laroche se classe
neuvième (première féminine, mais il
n'existe pas alors de classement féminin
officiel) et Chalon treizième.
Ensuite ? Il saute, il saute, il saute, il
saute ! Sur le chemin des années suivantes,
voyager dans le carnet de saut
du dénommé Jacques Benoîst
Constant Chalon est une promenade
dans un jardin extraordinaire où les
engins largueurs portent des noms
enchanteurs comme Phalène, Junker,
Stampe, Goéland, Léopoldoff, Tiger
Moth, Farman, Dragon Rapide,
Morane, Nord, Dassault, Broussard,
Bell, Alouette, où les parachutes sont
d'évidence baptisés
Lemercier,
Luceber, Aviorex et Aerazur par d'authentiques
poètes ! On a peine à
imaginer aujourd'hui les difficultés
rencontrées par les passionnés de cette
époque, où les rares parachutes étaient
convoités et les rares avions si lents
que sauter de 4000 mètres sans inhalateur
faisait l'objet d'une tentative de
record !. Et pourtant Jacques Chalon
se taille très vite une réputation de
"morphal". Petite parenthèse personnelle
: comment ne pas sourire au
souvenir de ma naïve et prétentieuse
satisfaction, à l'issue de mes six sauts
de brevet, à Pau, en octobre 1957 ? J'ai
compté : le même mois de la même
année, Jacques Chalon avait déjà passé
la porte sept cent quatre-vingt et une
fois ! Un chiffre astronomique ! Mais
n'allons pas si vite, restons en 1952 où
se révèle la preuve que lorsqu'il a
affaire à une grande passion, le Destin
généralement s'incline : l'Ecole
Nationale du Personnel Naviguant
d'Essais de Réception (EPNER)
cherche des parachutistes d'essais et
lance un appel à candidature. On peut
déjà supposer la suite !
Quand on a connu beacoup d'avions, on a connu beaucoup de pilotes
Jacqueline Auriol était moins connue pour être la fille d'un ex-président de
la République que pour être devenue en 1955 championne du Monde de vitesse
aérienne(1.087 km/h) à bord d'un Mystère IV N.
FLASH-BACK
" Photos collection privée. Droits réservés"
ParaMag - n°318 - Novembre 2013

Table des matières de la publication ParaMag - n°318 - Novembre 2013
