MAGAviron - N°30 - Déc./Jan./Fev. 2018 - 29

un nouveau titre mondial fin septembre dernier à Sarasota.

"J'ai refait cette année pour finir de former Pierre,
mais j'avais déjà pas mal donné. Durer comme
Synek ou Tufte, ça ne me fait pas rêver. Tu as beau
être une légende de l'aviron, quand tu arrêtes tout
est fini. Les experts te disent de faire un an de
plus, mais ça me rendrait triste que les gens ne
retiennent que ça. Je ne suis pas dans une dynamique d'engranger des médailles, des records".

Une décision
mûrement réfléchie
Mettre un terme à une carrière quand on n'a que 28 ans
n'est pas une décision qui se prend à la légère. C'est
dès le mois de février qu'il a commencé à y penser, en
discutant avec ses parents, sa compagne Victoria. "Je

voulais prendre le temps d'y réfléchir, pour être sûr
que ce n'était pas un simple coup de blues. Mais je
voulais aussi préparer l'après, sans me précipiter".
En avril 2017, il avait déjà choisi de quitter le pôle de Lyon
pour rejoindre Valenciennes et ainsi se rapprocher de celle
qui partage désormais sa vie. Mais c'est au lendemain
de la finale de Sarasota qu'il a annoncé sa décision, en
premier lieu à Stany Delayre et Alexis Besançon, avec
qui l'aventure avait commencé. "Stany fut très surpris,

dans l'émotion. Alexis, je ne sais pas vraiment, il n'a
rien exprimé, mais je pense qu'il ne s'y attendait
pas vraiment. Je l'ai ensuite annoncé à Pierre, puis
au reste du groupe poids léger". Le manque d'envie,
l'usure physique, le rythme d'entraînement et des activités
professionnelles qui ont évolué ; autant de raisons qui
ont conduit Jérémie Azou à prendre sa retraite tricolore.

"Le corps vieillit, tu sens que tu récupères moins
vite et si tout se goupille bien, après juillet 2018,
nous devrions partir aux Etats-Unis avec Victoria".
Jérémie pense désormais aussi à sa vie personnelle et
sa vie professionnelle, des aspects que l'entraînement
de haut niveau ne permettent pas de développer
sereinement.

Un système
pas si mauvais que ça
Un haut niveau sur lequel Jérémie Azou porte un regard
critique, mais aussi lucide et bienveillant. "Si je suis

resté au club d'aviron d'Avignon pendant 15 ans, ce
n'est pas pour les aides du département ou de la
région", souligne-t-il avec humour. Un système français
souvent décrié, mais qu'il défend. "On voudrait toujours
faire plus, avoir plus, mais au final le système n'est
pas si mauvais que ça, il permet de suivre une
formation universitaire et ça reste une fierté de
l'aviron. Quand on va voir les autres fédérations, on
ne s'en sort pas si mal. Il y a des choses à améliorer,

mais la FFA n'en a pas les moyens, si elle les avait
je suis persuadé qu'elle le ferait. C'est peut-être sur
la préparation de "l'après" qu'il a des efforts à faire,
en développant le réseau des anciens, en préparant
mieux la transition entre U23 où l'on poursuit des
études et le monde professionnel. Créer des liens
permet de faciliter certains passages dans la vie".
Sa retraite a fait couler beaucoup d'encre, sur d'autres
sujets comme Paris 2024. Des Jeux que Jérémie voyait
trop loin pour y prendre part et courir à la maison n'est
pas forcément une force pour lui. "Cela rajoute de la

pression, les gens viennent nombreux te voir. Il y
en a que ça galvanise mais pour moi, ça rajoute du
stress". Mais c'est aussi sur les à-côtés qu'il fut interrogé,
notamment le déplacement à Lima du comité d'organisation. "Je venais à Paris annoncer ma retraite, et un
journaliste m'a posé la question". Un article spécifique
sur le sujet en est sorti. "Ce qui me gêne, c'est quand

c'est de l'argent public. Les gens ont découvert
mon point de vue mais j'ai toujours pensé comme
ça". Un argent public dont il a connu la rareté en tant que
rameur et qu'il n'a pas apprécié de voir dépensé de la
sorte.

Spectateur
de l'avenir de l'aviron
En arrêtant, Jérémie Azou a en quelque sorte mis les
rênes du groupe poids léger entre les mains de Pierre
Houin. "Pierre est prêt, il a les qualités, la person-

nalité. Il faut qu'il reste lui-même. Et l'encadrement
est là, un cocon qui fait qu'il y a tout. Il pourra
tenir jusqu'en 2024 et à ses côtés il y a Thibault
Colard, François Teroin, Maxime Demontfaucon,
Hugo Beurey, les Français peuvent faire de la
performance". Mais dans quelle catégorie ? En effet,
l'avenir international des poids légers est menacé, avec le
CIO qui en a fait une cible. "Si la FISA est persuadée

que c'est la bonne chose... Il n'y a pas que du
sportif derrière, mais la FISA verra si elle a fait le
bon choix. Les meilleurs poids légers s'en sortiront
toujours, ce n'est pas le problème. Mais quand on
voit les gamins d'aujourd'hui que ça fait rêver et qui
ne font pas 2 mètres et 100 kilos, on est en droit de
se poser des questions. OK, plus de PL, mais on
fait quoi à la place ? La FISA et à un autre niveau
la fédération française sont entre le marteau et
l'enclume. J'assisterai à ça en spectateur, mais ça
me fait de la peine".
Avec un des plus beaux palmarès de l'aviron français, une
personnalité unique et un point de vue affiné et affûté sur
l'aviron, Jérémie Azou restera, quoi qu'il arrive et malgré
cette "retraite" anticipée, une des références les plus
précieuses et notable de notre sport.
Fabrice Petit

MAGAviron
Numéro 30
Décembre 2017

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Table des matières de la publication MAGAviron - N°30 - Déc./Jan./Fev. 2018

Couverture
Sommaire
Zoom sur Arnaud Juillet veut mettre l'accent sur les jeunes
Championnats de France sprint Sprints : des courses flash à Mantes-la-Jolie
Evénement Red Bull Eléments : la natation remplace l'aviron
International L'aviron monégasque sur le devant de la scène : quand deux princes s'engagent
Portrait de rameur Jérémie Azou : un rameur d'exception
Equipe de France
Aviron indoor Avifit : une pratique en plein essor
Aviron féminin Christine Gossé : "La confiance est là"
Championnats du monde d'aviron de mer Un rendez-vous en mer intérieure à Thonon
Portrait de club La Rochelle, ou comment ramer entre les tours !
Loisirs FRC : une pédagogie qui fait ses preuves
Le coin du Kiné Les détails qui font la différence… au long de l’année !
Le coin du médecin Le certificat de sport évolue, pour ou contre ?
MAGAviron - N°30 - Déc./Jan./Fev. 2018 - Couverture
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MAGAviron - N°30 - Déc./Jan./Fev. 2018 - Sommaire
MAGAviron - N°30 - Déc./Jan./Fev. 2018 - Zoom sur Arnaud Juillet veut mettre l'accent sur les jeunes
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MAGAviron - N°30 - Déc./Jan./Fev. 2018 - Championnats de France sprint Sprints : des courses flash à Mantes-la-Jolie
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MAGAviron - N°30 - Déc./Jan./Fev. 2018 - 8
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MAGAviron - N°30 - Déc./Jan./Fev. 2018 - Evénement Red Bull Eléments : la natation remplace l'aviron
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MAGAviron - N°30 - Déc./Jan./Fev. 2018 - 19
MAGAviron - N°30 - Déc./Jan./Fev. 2018 - International L'aviron monégasque sur le devant de la scène : quand deux princes s'engagent
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MAGAviron - N°30 - Déc./Jan./Fev. 2018 - 23
MAGAviron - N°30 - Déc./Jan./Fev. 2018 - Portrait de rameur Jérémie Azou : un rameur d'exception
MAGAviron - N°30 - Déc./Jan./Fev. 2018 - 25
MAGAviron - N°30 - Déc./Jan./Fev. 2018 - 26
MAGAviron - N°30 - Déc./Jan./Fev. 2018 - 27
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MAGAviron - N°30 - Déc./Jan./Fev. 2018 - Equipe de France
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MAGAviron - N°30 - Déc./Jan./Fev. 2018 - Aviron indoor Avifit : une pratique en plein essor
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MAGAviron - N°30 - Déc./Jan./Fev. 2018 - Aviron féminin Christine Gossé : "La confiance est là"
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MAGAviron - N°30 - Déc./Jan./Fev. 2018 - Championnats du monde d'aviron de mer Un rendez-vous en mer intérieure à Thonon
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MAGAviron - N°30 - Déc./Jan./Fev. 2018 - Portrait de club La Rochelle, ou comment ramer entre les tours !
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MAGAviron - N°30 - Déc./Jan./Fev. 2018 - Le coin du Kiné Les détails qui font la différence… au long de l’année !
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