La revue RH&M - N°67 - Octobre 2017 - 53

CHRONIQUE du MANAGEMENT STRATÉGIQUE

Qui nommera le premier CNO ?
Verra-t-on bientôt des Chief
Neurosciences Officers, CNO, comme
il y a des Chief Digital Officers,
CDO ? Il est fort à parier que oui,
et que les DRH ne seront pas forcément les candidats favoris.
Les neurosciences vont entrer
dans l'entreprise, de façon rapide, continue et profonde,
comme le digital le fit au cours
des deux dernières décennies.
Gérer cette prochaine (r)évolution va demander, comme
avec les CDO, de nommer au
plus haut niveau un dirigeant
inter départements capable de
comprendre les sources et les
implications de ces nouvelles
technologies.
Pourquoi avons-nous des
CDO ? Pourquoi les CDO ne
sont pas tous issus des DSI ?
Les CDO sont apparus pour
répondre à un vaste besoin de
digitalisation de l'entreprise
concernant tous les processus,
toutes les fonctions de l'entreprise, tous les postes de travail.
Cette omniprésence du digital
aurait pu pousser les DSI en
avant, en faire le vivier naturel
des CDO. Ce ne fut que partielle-

ment le cas : les DSI sont d'abord
un « support », une réponse,
ils sont rarement une force de
proposition dans des domaines
qui ne sont pas les leurs, justement comme le marketing ou
les RH. On attend d'eux qu'ils
aident à innover mais l'innovation concrète et pratique vient
d'abord des expertises terrain et
du transversal.
Pourquoi aurons-nous
des CNO ?
Les neurosciences sont, comme
le digital le fut, une force technologique puissante, englobante,
évolutive et installée dans la
durée. Tous les processus, toutes
les fonctions, et tous les postes
de travail seront concernés. Elles
vont bouleverser les façons de
recruter, d'évaluer, de former,
de sélectionner des dirigeants,
de prendre des décisions, d'être
en relation avec les clients, de
travailler ensemble, de générer
des innovations, de motiver, de
communiquer, de développer de
nouvelles stratégies, de mieux
valoriser l'expérience, l'intuition
et l'intelligence émotionnelle,
et même de mieux organiser le
« fun » en entreprise ou encore
de reconcevoir les dimensions

humaines des bureaux physiques et virtuels.
Pourquoi les CNO
ne proviendront pas tous
des DRH ?
Il pourrait être naturel de penser que les DRH soient les mieux
placés : les neurosciences sont
des sciences de l'homme au
plus haut point. Mais, comme
les DSI, les DRH soufrent du
syndrome du « support » alors
que les neurosciences vont
exiger innovation, ruptures,
transversalité, changements
de processus et d'organisation,
etc. Le CNO sera un talent qui
devra à la fois comprendre de
quoi il traite - sans nécessairement être un neuroscientifique
- comprendre surtout ce qu'est
le monde de l'entreprise dans
sa globalité et dans son détail,
comprendre la stratégie, l'organisation, les opérations. Bref, il
devra être un néo-généraliste capable de susciter des réflexions
dans toutes les parties de l'entreprise, leur garder une cohérence
et en assurer les règles éthiques.
Alors quelle sera l'entreprise qui
nommera le premier CNO ?

DOMINIQUE TURCQ
Président de Institut Boostzone, auteur de « Le Management
Augmenté », Boostzone - Éditions, 2013.
Dominique.turcq@boostzone.fr
Vous pouvez retrouver ce billet et le commenter en vous rendant
sur le blog de l'Institut Boostzone :
www.boostzone.fr/repenser-2

LA REVUE RH&M N°67 | OCTOBRE 2017 | P.53
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