LA LETTRE TERRITORIALE DE L’AGENCE DE L’EAU SEINE-NORMANDIE - BASSE NORMANDIE - N°13 - Novembre 2015 - 6

R E P O R TAG E

CHANGEMENT
CLIMATIQUE

Le littoral en première ligne
Toutes les zones côtières évoluent au fil du temps sous l'effet de causes
naturelles comme le vent, les marées, les tempêtes. Mais le réchauffement
climatique accélère considérablement les changements, dont certains
sont déjà à l'œuvre. Avec ses 500 kilomètres de côtes, la Basse-Normandie
est concernée au premier chef par le phénomène.

Saint-Jean-le-Thomas.

'un des principaux effets du changement
climatique est d'entraîner une élévation du
niveau des océans. « Conjugué à l'augmentation
de la fréquence des tempêtes, cette hausse va
transformer le trait de côte, souligne Jean-Philippe Lacoste, délégué de rivages Normandie
au Conservatoire du littoral. « L'érosion va s'accroître et
certaines zones sont menacées de submersion. Il va donc
falloir déterminer celles qu'on veut défendre et par quels
dispositifs, mais aussi comment accompagner ailleurs les
évolutions, par exemple en déplaçant des bâtiments ou des
routes. »

En outre, une crise sédimentaire se profile. Avec la fonte
des glaciers, les fleuves charrient moins de sédiments
vers la mer. Et ce n'est pas tout : compte tenu de la communication hydraulique permanente entre la terre et
l'océan, la hausse du niveau de la mer va entraîner une
augmentation du niveau des nappes phréatiques, avec,
à la clé, un risque d'inondations accru qui pèse déjà sur
plus de 15 000 habitations de la région. Les nappes
phréatiques les plus proches du littoral sont également
menacées de salinisation, ce qui pourrait compromettre
la production d'eau potable. Sur la côte est du Cotentin,
certaines nappes ne peuvent déjà plus être utilisées
aussi fréquemment qu'auparavant.

Disparition d'espèces
Ces évolutions, ajoutées à l'élévation des températures,
vont changer les conditions de vie des espèces animales
et végétales. Celles-ci vont devoir modifier leurs comportements ou bien migrer vers des lieux leur convenant
mieux. Des espèces pourraient ainsi disparaître. « C'est
le cas d'un coquillage, la telline baltique (Macom balthica),
que l'on trouve aujourd'hui en quantité dans la baie du Mont
Saint-Michel mais qui pourrait disparaître de nos côtes si la

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NOVEMBRE 2015

Crise sédimentaire

limite sud de son aire de répartition - l'estuaire de la
Gironde - continue de se déplacer vers le Nord », illustre
Pascal Hacquebart, chargé d'études au Groupe d'étude
des milieux estuariens et littoraux de Normandie. Ces
changements vont bouleverser les écosystèmes locaux,
mettant en péril la biodiversité. La telline baltique - pour
ne citer qu'elle - n'est-elle pas une ressource alimentaire
importante pour beaucoup d'oiseaux migrateurs ?

Aller plus loin : Consulter le site du LiCCo (Littoraux et changement côtiers), un
projet mené en partenariat par plusieurs organismes anglais et normands pour
aider les populations côtières à mieux comprendre les changements climatiques,
s'y préparer et s'y adapter : http://www.licco.eu/

http://www.licco.eu/

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