LA LETTRE TERRITORIALE DE L’AGENCE DE L’EAU SEINE-NORMANDIE - BASSE NORMANDIE - N°13 - Novembre 2015 - 4

ACTEURS

Le littoral
normand

FACE AUX RISQUES
CLIMATIQUES
Première conséquence du
changement climatique : l'élévation
du niveau de la mer. Comment le
littoral normand peut-il s'adapter ?

E

t si, pour se préparer à l'avenir, il
fallait commencer par se tourner
vers le passé ?
C'est en tout cas une des approches
retenues par le programme Interreg LiCCo (Littoraux et changements côtiers) qui a évalué, des deux côtés
de la Manche, l'impact du changement sur
sept sites littoraux, dont quatre situés sur le
bassin bas-normand : l'estuaire de l'Orne, la
baie des Veys, le val de Saire et le havre de la
Sienne. L'objectif du projet était très concret :
donner aux territoires des outils d'adaptation
au changement climatique. « Quand on parle
aux élus de ce qu'ont fait les anciens, on bénéficie
immédiatement d'une grande écoute, notamment sur l'adaptabilité de leur territoire.
Connaître l'Histoire nous rend plus enclins à
envisager les changements », explique Manuel
Sarraza, spécialiste du littoral à l'Agence de
l'eau Seine-Normandie.

La mer, objet de conquête
et ennemi devant lequel on tient
la ligne
Dans le cadre du programme Interreg LiCCo
(2011-2014), l'historienne Suzanne Noël est
allée à la rencontre des élus. Sa thèse, qui
porte sur les trajectoires de vulnérabilité des
sociétés littorales bas-normandes, retrace
quatre siècles de relations tumultueuses entre
l'homme et la mer. « Sur cette période, le littoral a beaucoup bougé. Entre 1600 et 1850, un

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- AGENCE DE L'EAU SEINE-NORMANDIE : BASSE-NORMANDIE

-

NOVEMBRE 2015

Utah Beach.

petit âge glaciaire a épaissi le cordon dunaire,
protégeant des submersions les villages érigés en
retrait. Mais à partir de la révolution industrielle,
les changements opérés par l'homme ont accru
sa vulnérabilité. En s'installant sur le front de
mer, l'homme s'est contraint à lutter contre les
éléments. Les digues, les épis n'ont fait que déporter le problème d'une commune sur une autre,
aggravant parfois les phénomènes que ces solutions étaient supposées combattre », expliquet-elle. De fait, malgré des travaux d'ingénierie
toujours plus onéreux, toujours plus ambitieux, les catastrophes se succèdent à un
rythme croissant : 1869, 1909, 1924, 1928,
1931, 1932... Suzanne Noël analyse l'histoire
des défenses bas-normandes et en relève le
cercle vicieux : des digues et des jetées de plus
en plus massives qui bloquent toujours davantage les apports sédimentaires et les
transferts de sable, accroissent la force érosive
de la houle... Bref, des ouvrages dont les coûts
et l'inefficacité ne cessent d'augmenter. La
doctorante en histoire, au laboratoire du
Centre de recherche d'histoire quantitative
de l'université de Caen, cite un de ses ancêtres, M. Noël, ingénieur géographe à Cherbourg, qui, dès 1778, dénonçait « l'entretien
ruineux qu'exigent ces obstacles, qui ne font que
retarder de quelques années seulement l'envahissement... ».
« Peut-être devons-nous cesser de considérer la mer
comme un objet de conquête et un ennemi devant
lequel on ne doit pas reculer ? » suggère l'historienne, pointant la baie des Veys, où la poldé-

« Connaître l'histoire
nous rend plus enclins à
envisager les changements »
Manuel Sarraza,

SPÉCIALISTE DU LITTORAL,
AGENCE DE L'EAU SEINE NORMANDIE

risation de centaines d'hectares a provoqué,
en l'espace d'un demi-siècle, un impact majeur
sur le milieu naturel et exposé les activités
économiques qui s'y sont installées aux tempêtes, érosion et submersion : conchyliculture,
agriculture, pêche professionnelle... « Jusqu'au
début du XIXe siècle, les habitants du littoral arrivaient à concilier les usages tout en intégrant le
caractère mouvant du littoral. Ils composaient avec
la mer, savaient qu'il valait mieux s'adapter que
lutter », rappelle Suzanne Noël.

S'adapter au changement
Quel littoral pour demain ? C'est la question
posée par l'appel à projets lancé par la région
Basse-Normandie, à l'issue du programme
LiCCo. Les collectivités sont invitées à élaborer une stratégie locale de gestion durable de
la bande côtière, en se concertant à l'échelle
de portions de littoral suffisamment étendues pour être cohérentes d'un point de vue
hydro-sédimentaire. La réflexion prospective
est proposée aux échelles 2020, 2050 et 2100.
« Les évolutions réglementaires amènent les col-



Table des matières de la publication LA LETTRE TERRITORIALE DE L’AGENCE DE L’EAU SEINE-NORMANDIE - BASSE NORMANDIE - N°13 - Novembre 2015

Sommaire
À LA UNE
PANORAMA - Réchauffement climatique, eau potable en danger
ACTEURS - Le littoral normand face aux risques climatiques
AU FIL DE L’ EAU - Pour le climat, l’union fait la force
LA LETTRE TERRITORIALE DE L’AGENCE DE L’EAU SEINE-NORMANDIE - BASSE NORMANDIE - N°13 - Novembre 2015 - Sommaire
LA LETTRE TERRITORIALE DE L’AGENCE DE L’EAU SEINE-NORMANDIE - BASSE NORMANDIE - N°13 - Novembre 2015 - À LA UNE
LA LETTRE TERRITORIALE DE L’AGENCE DE L’EAU SEINE-NORMANDIE - BASSE NORMANDIE - N°13 - Novembre 2015 - PANORAMA - Réchauffement climatique, eau potable en danger
LA LETTRE TERRITORIALE DE L’AGENCE DE L’EAU SEINE-NORMANDIE - BASSE NORMANDIE - N°13 - Novembre 2015 - ACTEURS - Le littoral normand face aux risques climatiques
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LA LETTRE TERRITORIALE DE L’AGENCE DE L’EAU SEINE-NORMANDIE - BASSE NORMANDIE - N°13 - Novembre 2015 - AU FIL DE L’ EAU - Pour le climat, l’union fait la force
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