ifremer n°98 - 1 février 2008 - (Page 3)

Les nouvelles de l Biodiesel Entretien Olivier Bernard - Coordinateur du projet Shamash « L’expertise de l’Ifremer est centrale » Chargé de recherche à l’Institut national de recherche en informatique et en automatique (Inria) de Sophia Antipolis (Méditerranée), Olivier Bernard est aussi le coordinateur du projet Shamash. donc avec des partenaires à caractère régional. Et enfin trouver une ouverture vers l’industrie, ici avec Valcobio, qui pense pouvoir adapter son savoir-faire sur le colza et le tournesol aux microalgues. de nous concentrer sur des huiles compatibles avec une utilisation moteur, car la qualité des huiles est liée aux espèces de microalgues utilisées. Chacun cherche des voies originales pour aller plus loin que nos concurrents. P D’où vient le nom de Shamash et comment avez-vous choisi les partenaires du projet ? Il s’agit d’une divinité mésopotamienne représentée par un soleil dans une roue. Cette allégorie s’adapte directement au projet qui vise à produire un biocarburant à partir d’algues microscopiques, elles-mêmes directement issues de l’énergie solaire. Historiquement, le projet n’a pas été accepté du premier coup. Il était un peu en avance et il n’y avait pas encore une prise de conscience de l’importance de la thématique. Les gens étaient dubitatifs, et pas aussi enthousiastes que maintenant. Le premier ingrédient a alors consisté à réunir l’ensemble des compétences scientifiques. Ensuite, il a fallu s’associer avec un pôle de compétitivité et P Quel est votre rôle et celui de votre institut au sein du projet ? L’Inria est en charge de la coordination de Shamash et c’est moi qui assume ce rôle. Cela consiste à veiller à ce que nous atteignions les objectifs que nous nous sommes fixés et qui sont détaillés dans notre cahier des charges : trouver des espèces fortement productrices d’huiles ; optimiser les conditions de production de ces huiles en développant des photobioréacteurs à l’aide d’outils de simulation numériques ; optimiser le processus d’extraction des huiles ; et enfin faire baisser les coûts en valorisant au mieux l’algue. L’ensemble des partenaires constitue une chaîne de compétence et c’est d’ailleurs l’originalité de Shamash que d’avoir une vision intégrée de la filière. Cela nous permet P Quels sont vos rapports avec l’Ifremer et comment s’imbriquent les diverses participations ? Le choix de l’Ifremer était incontournable sur ce sujet, car il y a un savoirfaire et des compétences reconnus. Il était impensable de se lancer sans le laboratoire de Jean-Paul Cadoret. Ensuite, les contacts se font à différents niveaux. Nous organisons des réunions avec l’ensemble des partenaires tous les six mois, puis des réunions intermédiaires, en petits groupes, sur des points plus techniques. L’expertise de l’Ifremer est centrale. Et je co-encadre une thèse avec le laboratoire PBA. À la fin du projet, nous nous sommes engagés à produire 50 litres de biocarburant, mais le projet s’inscrit dans une perspective à plus long terme : il faudra encore Entretien Stéphane Angeri – Gérant de Vendée Naissain « Copier et optimiser la nature » ploïdes. Nous sommes un peu des « semenciers » pour les ostréiculteurs français et même de l’étranger, qui se chargent ensuite de l’élevage des huîtres. Notre technique, américaine, existe depuis les années 70. Mais elle est relativement récente en France où le captage de naissains sauvages est très répandu. Nous pouvons nous en affranchir avec la certitude de disposer de naissain 12 mois sur 12, alors que la nature est capricieuse. De plus, nos installations techniques nous permettent de ne garder que les plus belles larves. Le captage sauvage lui, demande beaucoup de manutention et génère de l’incertitude. Aujourd’hui, le naissain d’écloserie représente plus de 35 % du marché. © DR P Pourquoi disposez-vous d’un photobioréacteur ? L’écloserie copie la nature et l’optimise. Le réchauffement des eaux et l’allongement des jours au printemps stimulent la photosynthèse et le développement des micro-algues. Cette abondance de nourriture et cette chaleur déclenche le cycle sexuel du 1er février 2008 de l’huître. Nous faisons la même chose avec de l’eau de mer chauffée à 25-27°C et un apport de nourriture avec des micro-algues. Les souches, issues de différents pays, existaient à l’Ifremer et nous avons bâti des salles d’algues pour les élever en batch. Mais les cycles de 10 à 12 jours impliquent beaucoup de manutention. Le photobioréacteur que nous testons en collaboration avec l’Ifremer permet de fabriquer des algues en continu à des densités au millilitre de 5 à 10 fois supérieures à ce que nous faisons et avec une qualité optimale, sans manipulation ni contamination. Il y a une entrée d’eau de mer et une sortie d’algues. L’eau circule en permanence. Le cycle est continu pendant environ deux mois. Ensuite, il doit y avoir un vide sanitaire. L’idée est donc de disposer à terme de deux photobioréacteurs. P Pouvez-vous nous présenter votre société ? Vendée Naissain est installée au cœur du polder de Bouin et produit environ 500 millions de naissains par an d’huîtres creuses, diploïdes et triLes nouvelles de l’Ifremer n°98 P Quel est votre rapport à l’Ifremer et êtes-vous satisfait de votre collaboration ? Nous travaillons ensemble sur cette expérience depuis 2004, avec l’uni- publiées dans © DR de 5 à 10 ans de recherches avant d’envisager une production d’algues productrices d’huile à grande échelle. L’idée est avant tout d’enclencher une dynamique sur cette thématique très prometteuse. versité de Nantes et Jouin Solutions Plastiques qui fabrique le photobioréacteur. L’Ifremer a imaginé ce prototype. Nous, nous fixions les objectifs de qualité et de quantité. Nous sommes actuellement dans une phase expérimentale de trois ans sur une seule espèce d’algues. La doctorante Julie Marchetti va suivre les évolutions en comparant les deux techniques. Son directeur de thèse est René Robert de la station Ifremer d’Argenton. La collaboration avec l’institut et le laboratoire Physiologie et Biotechnologie des Algues du centre de Nantes se passe très bien. Un organisme comme l’Ifremer est indispensable dans la filière ostréicole. Il travaille sur la science de notre produit et nous, nous sommes dans l’application. À terme, le consommateur ne peut être que plus satisfait. Dossier réalisé par Dominique Guillot, avec la participation de Jean-Paul Cadoret, chef du laboratoire physiologie et biotechnologie des algues de l’Ifremer .

Table des matières de la publication ifremer n°98 - 1 février 2008

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