ifremer n°98 - 1 février 2008 - (Page 1)

Les nouvelles de l plancton, très répandu dans les eaux salées, a une richesse en lipides pouvant atteindre 50 % de sa masse, voire 70 % lorsqu’il subit un stress métabolique. Ces lipides fournissent un excellent biocarburant sous forme d’huile. Le procédé exige de l’énergie, mais reste relativement simple puisqu’il suffit de concentrer les algues dans une centrifugeuse pour les presser et en extraire une huile. « Les principaux avantages des microsalgues, rappelle Jean-Paul Cadoret, chef du laboratoire physiologie et biotechnologie des algues de l’Ifremer, réside dans leur capacité à vivre en eau salée, alors que l’accessibilité à l’eau douce sera bientôt cruciale. Elles n’entrent pas en concurrence avec l’alimentaire (blé, tournesol…) pour ce qui est de l’exploitation des surfaces. Et enfin, avec 25 000 litres par hectares et par an, leur rendement est meilleur que l’huile de palme qui atteint déjà 6 000 litres ». Les problèmes ? Sur quels territoires géographiques développer des surfaces de culture ? (les meilleures solutions semblent hors de l’Europe). Et surtout, le coût de production actuel est encore trop élevé. Le salut du développement de diesel de micro-algue viendra de la convergence entre la flambée du cours du pétrole et la diminution des coûts de production, qui passe par le développement de valeur ajoutée. Les microorganismes ont par exemple le talent d’absorber et de recycler le dioxyde de carbone et d’autres polluants. « Elles captent le C02 pour restituer de I’oxygène, rappelle Jean-Paul Cadoret, mais aussi des déchets organiques comme l’azote, les phosphates, les nitrates. Elles peuvent donc à la fois produire un carburant vert tout en recyclant le C02 et en traitant les eaux usées ». Un concentré d’avantage vraiment dans l’air du temps. (*) Inria (lnstitut national de recherche en informatique et en automatique) ; CNRS ; CEA (Commissariat à l’Energie Atomique) ; Universités (Paris VI, Montpellier 2, Nantes, Provence Aix Marseille) ; Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement ; Société Valcobio. numéro FÉVRIER 2008 Biodiesel Les micro-algues, carburant de demain ? Faire le plein de micro-algues à la pompe, une idée farfelue ? Pas pour les scientifiques du laboratoire de l’Ifremer « Physiologie et Biotechnologie des Algues »(PBA), engagés dans le projet Shamash qui vise à produire du biodiesel. Interview © H. Raguet / Shamash 2007 / LookatSciences © H. Raguet / Shamash 2007 / LookatSciences La micro-algue la plus adaptée à la production d’un biocarburant est peut-être déjà conservée dans la souchothèque de l’Ifremer de Nantes. L’avenir est à la pluridisciplinarité TROUVER L’ALGUE PARFAITE Pour le laboratoire de l’Ifremer, il s’agit tout d’abord de trouver, sans recours à de la manipulation génétique, une espèce capable de se multiplier rapidement et de produire le plus de lipides possible. Les chercheurs traquent aujourd’hui LA micro-algue, celle qui parmi les 200 000 à un million d’espèces existantes, offrira la meilleure configuration. Dans les « photobioréacteurs » (tubes de verre dédiés à la culture des microorganismes) du laboratoire, huit souches de la famille des diatomées retiennent particulièrement l’attention. Ce phytodu 1er février 2008 P Quel est votre parcours, votre fonction actuelle et le rôle de votre laboratoire au sein de l’Ifremer ? Je suis entré à l’Ifremer en 1988 avec le bac. Puis dans le cadre de la formation permanente, j’ai acquis une équivalence DEA, un doctorat puis une habilitation à diriger les recherches. Je suis aujourd’hui le chef du laboratoire dédié à l’étude des micro-algues. À la différence d’autres laboratoires, qui travaillent plus en relation avec le consommateur, sur la toxicité notamment, nous nous intéressons à la valorisation. Il s’agit de recherche appliquée, qui vise à trouver une molécule spécifique utilisable dans l’industrie par exemple, ou des algues particulièrement adaptées pour nourrir des huîtres ou du bétail. suite page 2 f Les nouvelles de l’Ifremer n°98 publiées dans “ oins dépendre des énergies fossiles pour faire fonctionner les moteurs de nos sociétés : l’idée est plus que jamais dans l’air du temps. Les ressources mondiales en pétrole sont par nature limitées, la combustion des hydrocarbures génère des gaz à effet de serre qui perturbent le climat et pourtant la demande en énergie est croissante. Les pistes de développement du biocarburant sont donc explorées avec attention. Mais un problème majeur se pose : ce sont les mêmes plantes qui alimentent les hommes, leurs bêtes et les moteurs… D’où une compétition entre les applications qui favorise l’augmentation du prix des produits alimentaires et la déforestation. La production de biocarburants à base d’espèces végétales (colza, tournesol, soja…) est de plus, fortement consommatrice d’engrais et de pesticides. Dans ce concert de doléances, la solution sortira-t-elle de l’eau ? Les microalgues, des organismes microscopiques qui poussent par photosynthèse en transformant l’énergie solaire en énergie chimique, sont vingt fois plus abondantes que les plantes terrestres. Leur très petite taille (de l’ordre de 2 à 40 millièmes de millimètre) est inversement proportionnelle à leur teneur en lipides, dont peut être tiré le biodiesel. Elles ont un rendement à l’hectare 10 fois supérieur à celui des oléagineux terrestres et poussent beaucoup plus vite. En moyenne, leur population double chaque jour. Un hectare et demi de culture en bassins M sous serre suffit chaque année à produire plusieurs tonnes d’algues, même en cas de mauvaises conditions climatiques. Le laboratoire Physiologie et Biotechnologie des Algues du centre Ifremer de Nantes s’est donc associé à des partenaires français (*) dans un projet national financé par l’ANR (Programme National de Recherche sur les Bioénergies). Baptisé Shamash, il a pour objectif de produire un biocarburant sous forme d’ester de méthyl (biodiesel) à partir de micro-algues. Coordonné par Olivier Bernard de l’Inria de SophiaAntipolis, il est doté d’un budget de 2,8 millions d’euros pour trois ans et a démarré en décembre 2006, après avoir été labellisé par le pôle de compétitivité « Mer » de la région Provence-AlpesCôte d’Azur. Jean-Paul Cadoret, chef du laboratoire Physiologie et Biotechnologie des Algues de l’Ifremer “

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