LA LETTRE TERRITORIALE DE L’AGENCE DE L’EAU SEINE-NORMANDIE - RIVIÈRES D’ILE-DE-FRANCE - N°06 - Décembre 2015 - 6

R E P O R TAG E

LE ZÉRO PHYTO
AU QUOTIDIEN

En parler pour fédérer
À Chauconin-Neufmontiers et Fontainebleau, deux communes de
Seine-et-Marne, les produits phytosanitaires ont été bannis de l'entretien
des espaces publics respectivement en 2007 et 2009. Retours
d'expériences de deux communes pionnières qui ont su sensibiliser
les habitants à leur projet novateur.

Paillage, désherbage mécanique, prairies fleuries, fauche
tardive... Pour mettre en œuvre d'autres formes d'entretien, la commune de Fontainebleau a dû, dès 2009,
convaincre ses jardiniers. « Leurs nouvelles missions leur
ont plu, raconte Marc Champault, responsable du service
cadre de vie à la mairie. Ils se sont sentis valorisés en comparaison des tâches qu'ils effectuaient avant. Parallèlement,
les habitants ont été intrigués par ces nouvelles techniques,
ce qui est toujours une bonne chose en matière de communication ! » À Chauconin-Neufmontiers non plus, on ne
perd pas une occasion de communiquer. Chorus, le journal communal, relaie les opérations relatives au « zéro
phyto » depuis le début. Un bon moyen de vulgariser et
de valoriser l'intérêt écologique et sanitaire du désher-

- AGENCE DE L'EAU SEINE-NORMANDIE : ÎLE-DE-FRANCE

DÉCEMBRE 2015

bage écologique, mais aussi de convaincre les jardiniers
amateurs qu'il existe toujours une alternative efficace
aux pesticides. « Peu à peu, les mentalités évoluent et les
mauvaises habitudes se perdent, c'est certain », se félicite
Michel Bachmann.

Former à un autre regard sur l'environnement
À Fontainebleau comme à Chauconin-Neufmontiers,
les habitants acceptent bien la présence d'herbes indésirables, y compris dans les cimetières, des espaces
pourtant sensibles pour les riverains. « Nous avons appris
aux habitants qu'il n'est pas sale de trouver quelques
"mauvaises" herbes, explique Michel Bachmann. Nous
leur avons appris, au contraire, à y reconnaître le signe
d'une régénération de la biodiversité. » Et pour sensibiliser
à cette nouvelle esthétique de cadre de vie, rien de mieux
que des opérations pédagogiques. À ChauconinNeufmontiers, nombreux sont les écoliers conviés à des
randonnées de découverte des plantes oubliées et de
leurs usages. À Fontainebleau également, des ateliers
ludiques sur la biodiversité végétale sont organisés depuis de nombreuses années tant pour les élèves de maternelle que de primaire, qui y ont pris goût. La relève
est assurée.
© Frédéric Brault

Convaincre qu'il existe une alternative
aux pesticides

rotéger l'eau et développer la biodiversité,
voilà les raisons qui ont poussé la commune
rurale de Chauconin-Neufmontiers à s'engager, du jour au lendemain, dans une démarche zéro phyto. « Cette décision s'inscrivait dans la continuité de la politique de
préservation de l'environnement que nous menons depuis
1995, décrit Michel Bachmann, maire de cette commune
de 2 000 habitants. Elle a donc été plutôt bien accueillie. »
En décembre 2010, un arrêté municipal a même été pris
pour interdire toute application de produits phytosanitaires sur les trottoirs, les accotements des voies publiques et les chemins ruraux. Une stratégie réglementaire qui n'a pas manqué de responsabiliser les habitants.
À Fontainebleau, la démarche a été mise en place graduellement : limitée, en 2009, aux espaces verts, elle a
été étendue à la voirie en 2010 puis au cimetière en
2011. Depuis, Fontainebleau co-organise des journées
de sensibilisation destinées aux services d'autres villes
d'Île-de-France. Nombreuses sont les communes qui
viennent s'en inspirer.

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