LA LETTRE TERRITORIALE DE L’AGENCE DE L’EAU SEINE-NORMANDIE - RIVIÈRES D’ILE-DE-FRANCE - N°06 - Décembre 2015 - 4

ACTEURS

Les collectivités
s'engagent :

RETOURS
D'EXPÉRIENCES
Plus d'une centaine de villes
et de villages d'Île-de-France
expérimentent d'ores et déjà
des solutions alternatives et gèrent
l'entretien de leurs espaces
publics sans pesticides.

u'elles soient urbaines ou rurales,
les collectivités franciliennes engagées dans une démarche « zéro
phyto » partagent de nombreux
points communs. En premier lieu,
une volonté affirmée de protéger
la santé des personnels communaux et des
habitants. Mais aussi celle de préserver l'environnement et de favoriser le retour de la biodiversité sur leur territoire. Certaines ont fait
le choix d'une transition progressive, d'autres
ont opté pour un changement de pratiques
radical, toutes sont engagées dans une dynamique dont le maître mot semble bien être
« expérimentation ». Les questions posées par
la mise en œuvre d'une gestion des espaces
publics sans pesticides sont récurrentes : Fautil revenir à un désherbage manuel dans un
contexte de restrictions budgétaires ? Quelles
actions de communication mettre en place
auprès des habitants ? Comment optimiser le
travail transversal des services concernés ? Les
réponses apportées par les collectivités sont
pragmatiques mais aussi ambitieuses, comme
le montrent ces retours d'expériences.

« On ne peut pas tout anticiper.
Ce qui compte, c'est d'être prêt
à expérimenter et persévérer »
Anne - Sophie Carnuccini,

DIRECTRICE DE L'ENTRETIEN DE L'ESPACE PUBLIC
DE L'AGGLOMÉRATION LES LACS DE L'ESSONNE

- AGENCE DE L'EAU SEINE-NORMANDIE : ÎLE-DE-FRANCE

DÉCEMBRE 2015

À Choisy-le-Roi, dans le Val-de-Marne
« Le zéro phyto pour nous, c'est un objectif que
l'on atteint par étapes, explique Philippe
Hubert, responsable du service des espaces
verts. Nous avons commencé par supprimer
les pesticides dans les parcs, les squares et les
cours d'écoles, puis sur la voirie et, depuis cette
année, nous ne traitons plus le cimetière. Nous
avons testé le désherbage manuel, le désherbage thermique, la débroussailleuse et la
balayeuse à brosse métallique qui arrache
l'herbe. L'abandon des pesticides nous oblige à
consacrer beaucoup de temps au désherbage,
ce qui n'est pas forcément évident sans augmentation des effectifs. Ce constat nous a
amenés à nous lancer dans la gestion différenciée, de façon à intervenir différemment sur
nos espaces. Au cours des cinq dernières années, notre métier a complètement changé.
C'est un challenge très enrichissant de se lancer dans quelque chose de nouveau. Il n'y a plus
de routine. Sans compter la satisfaction de voir
réapparaître des orchidées sauvages et des libellules dans les parcs de la ville. »

À Longpont-sur-Orge, dans l'Essonne
« En 2007, suite à la décision prise par les élus
d'engager la commune dans une démarche zéro
phyto, nous avons décidé de ne plus utiliser de
pesticides ni sur la voirie, ni sur les espaces verts
- ce qui est assez classique - mais aussi d'arrêter les traitements au cimetière, ce qui est plus
compliqué, note Stanislas Savelli, directeur
des services techniques. Toutes les collectivi-

« Même une petite commune
peut agir ! La santé, c'est notre
responsabilité d'élus. »
Sylvette Amestoy,

ADJOINTE AU MAIRE DE COURDIMANCHE,
DÉLÉGUÉE AU DÉVELOPPEMENT DURABLE

tés qui se lancent dans ce type de projet en font
l'expérience : gérer un cimetière sans pesticides
est un vrai défi car c'est un lieu particulier, très
sensible, où la présence de la moindre herbe
sauvage est très difficilement supportée par les
administrés, qui y voient un signe d'abandon.
Nous avons commencé par tester le binage et
l'arrachage manuel mais, en plus d'être chronophage, c'est source de problèmes de santé pour
les agents, dont le dos est mis à rude épreuve.
Nous avons ensuite essayé de couvrir les surfaces avec du gravier mais les herbes finissaient
toujours par ressortir. Nous avons donc décidé
de végétaliser le cimetière en engazonnant les
grandes surfaces et en installant des plantes
couvrantes sur les petites parcelles. Le message
semble bien passer auprès des habitants qui
apprécient ces fleurissements. »

Dans la communauté d'agglomération
des Lacs de l'Essonne
« Nous sommes engagés depuis 2008 dans le
programme Phyt'eaux cités. C'était une volonté politique très forte du président de la com-

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