ifremer n°102 journal le marin du 30 mai 2008 - (Page 2)

Les nouvelles de l Océanographie opérationnelle suite de la page 1 vation de l’océan nécessaires à l’OO hauturière et aux recherches sur l’océan et son rôle sur le climat. Pour l’in situ, il s’agit, en particulier, des développements autour des flotteurs profilants Provor/Arvor contribuant au réseau international Argo et du centre de données Coriolis. Les activités satellitaires sont effectuées dans le cadre du développement du centre de traitement Cersat et du nouveau centre sur la salinité de surface (CATDS) développé avec le CNES. En tant que responsable de programme, je suis en charge de la coordination de ces activités et de leur intégration dans l’organisation nationale et européenne de l’OO. Les enjeux pour l’Ifremer sont désormais de consolider et pérenniser les systèmes d’observation, en particulier pour les réseaux in situ comme Argo. Nos centres de données in situ et satellite vont aussi devoir évoluer. Il faudra consolider le service vers les utilisateurs et développer les capacités d’expertise et de suivi de l’océan afin de mettre en place une véritable surveillance de l’océan. MyOcean succède à Mersea Du 28 au 30 avril, une centaine de participants de 16 nationalités se sont réunis à l’Institut Océanographique de Paris, pour la réunion finale du projet européen Mersea. e projet Mersea de développement et de mise en place d’un système unique d’observation, de modélisation, et de prévision de l’océan mondial et des mers régionales européennes (Arctique, Baltique, Atlantique Nord Est, mer du Nord, et Méditerranée) est aujourd’hui préopérationnel. Financé en partie par la Commission européenne dans le cadre du GMES (Global Monitoring for Environnement and Security, ou Système global d’observation de l’environnement pour la sécurité), ce projet a été coordonné par l’Ifremer et a fédéré 40 instituts et agences européennes, dont le CNRS, Mercator Océan, CLS et Météo-France. Après quatre années de travail, Il s’agit aujourd’hui d’assurer la transition vers un système pleinement opérationnel sur les plans techniques, scientifiques et de l’organisation. Des évolutions vont se poursuivre avec le projet MyOcean qui sera piloté par Mercator Océan (voir p. 3). « Toutes les données d’observation des processus océaniques (satellites, in situ, météo…) ont été réunies pour les représenter dans des modèles numériques, explique Yves Desaubies, coordinateur scientifique et technique du projet. Toutes ces informations sont désormais intégrées et modélisées sur de très puissants ordinateurs ». Elles permettent d’analyser à tout moment l’état du milieu marin et de prédire son évolution sur quelques jours à quelques semaines. La démarche se rapproche de celle des prévisions météorologiques. Mais elle intègre, en plus des données physiques (courants, niveau de la mer, température, salinité), des informations liées à la bio-géochimie et aux écosystèmes. « Nous avons réussi à faire un grand pas en avant dans le montage de l’OO en Europe, s’enthousiasme Sylvie Pouliquen, responsable du centre de données in situ Coriolis. Nous sommes L Le projet Mersea, coordonné par Yves Desaubies et Sylvie Pouliquen, a notamment permis de fédérer les centres de prévisions européens. P Quelles ont été les grandes étapes de l’OO ? Les premières discussions pour l’hauturier remontent au milieu des années 90, avec le démarrage de l’expérience internationale Godae et de Mercator en France. Ces projets ont servi de cadre pour le développement de l’OO. Dans le même temps, le lancement du programme international Argo a permis de développer la composante in situ nécessaire à l’OO et complément indispensable des satellites. Cette composante a été structurée en France via le projet Coriolis. L’OO s’est ensuite organisée en Europe avec Mersea et va se consolider grâce à MyOcean. Parallèlement, des démonstrateurs d’océanographie côtière opérationnelle couplés aux systèmes hauturiers se sont mis en place avec, en France, le système Previmer. La France a eu un rôle moteur et majeur dans le développement de l’OO mais celle-ci n’aurait pas pu se développer sans une coopération internationale forte. L’observation globale des océans ne peut se faire que dans ce cadre. De même les défis scientifiques et technologiques posés par l’OO nécessitent une coopération internationale. Celle-ci n’exclut pas, d’ailleurs, une certaine forme de compétition. Les nouvelles de l’Ifremer n°102 passés d’un ensemble d’équipes qui travaillaient dans leur coin pour leurs besoins nationaux, à une équipe européenne. Le système est encore à l’état de prototype. Mais les briques principales sont en place et nous sommes armés pour passer à l’étape suivante, qui est de disposer d’un système opérationnel capable de fournir des services réguliers. Les utilisateurs vont pouvoir bâtir des applications. À terme, avec ce que j’appelle le Google de l’océan, nous serons capables de savoir quel sera l’état de l’océan demain, aussi facilement que nous trouvons aujourd’hui notre hôtel ou une carte pour la route des vacances ! ». PROPOSER DES SERVICES Le projet Mersea a en effet permis la mise en place et la coordination des différents centres de traitement de données et de prévision et leur intégration au niveau européen. Les principaux centres (France, Italie, RoyaumeUni, Norvège et Danemark) fournissent régulièrement des synthèses d’observations, des analyses et des prévisions. Les données et les informations sur l’état de l’océan fournies par Mersea sont utilisées dans de nombreux domaines, et sont destinées à des utilisateurs intermédiaires. « Une meilleure connaissance de la structure thermique de la mer peut aider à améliorer la prévision des ouragans et des typhons, argumente Yves Desaubies. Les recherches peuvent se poursuivre sur les moussons, les phénomènes comme el Niño… ». De nombreux autres secteurs professionnels sont directement intéressés par les Services Marins de Base (Marine Core Service) qui seront demain proposés par MyOcean : les acteurs de la sécurité en mer (lutte et prévention contre les pollutions maritimes ; recherches et sauvetage en mer ; dérives d’objets et de nappes d’hydrocarbures) ; les agences chargées de fournir des indicateurs sur l’environnement marin ; la gestion éco-systémique des pêches ; l’assistance à l’industrie offshore… « Nous disposons désormais d’une très belle architecture constituée d’un réseau de centres européens de données thématiques, conclut Yves Desaubies. Le grand chantier actuel consiste à la consolider pour pouvoir, à la manière des systèmes météo, être là 7/7 jours, 24/24 heures et 365 jours par an. Tout ceci est très nouveau et le nombre d’utilisateurs est encore relativement faible. Nous devons tout faire pour les développer, en particulier en interface avec des systèmes côtiers comme Previmer, lié au système de prévision au large ». + d’infos : http://www.mersea.eu.org/ http://www.coriolis.eu.org/ Les perspectives ouvertes par Mersea sont multiples dans tous les domaines. publiées dans du 30 Mai 2008 © Ifremer / Francine Loubrieu http://www.mersea.eu.org/ http://www.coriolis.eu.org/

Table of Contents for the Digital Edition of ifremer n°102 journal le marin du 30 mai 2008

ifremer n°102 journal le marin du 30 mai 2008