Ifremer Biodiversité au journal le marin du 25 juin 2010 - (Page 1)

Les nouvelles de l JUIN 2010 CAMPAGNE BIG Plongée dans les grands fonds ! des principales sources d’énergie des micro-organismes chimiosynthétiques. Des populations denses de vers tubicoles et de mollusques bivalves ont déjà été observées, le long d’une faille transformante de la marge de Sonora, au nord du bassin de Guaymas. En cette « Année internationale de la biodiversité », la campagne BIG va à la rencontre des poissons, invertébrés, bactéries et autres organismes thermophiles (ayant besoin d’une température élevée pour se développer), psychrophiles (qui aiment le froid) et piézophiles (qui aiment la pression). Elle constitue une belle manière de plonger à la découverte de la biodiversité des grands fonds. Elle se déroule en quatre grandes étapes. Dans un premier temps, l’exploration des sites a permis l’acquisition de données bathymétriques, la cartographie des zones… Est venu ensuite le moment de la caractérisation de l’environnement des deux écosystèmes : prélèvements d’eau, analyses chimiques in situ, mesures de débits, réalisation de profils sédimentaires, carottages dans le sédiment. Les scientifiques s’intéressent maintenant à l’étude des communautés animales et microbiennes avant de conditionner, à bord du bateau, des échantillons pour les travaux ultérieurs en laboratoire (cultures de micro-organismes). Pour mener à bien ces opérations, divers engins sont mobilisés : le submersible habité Nautile réalise des travaux d’observations, des mesures et des prélèvements ; l’AUV (Autonomous x Underwater Vehicle) Aster est utilisé pour des levés bathymétriques et pour sonder la nature des sédiments. Ces opérations se déroulent à 2 000 m de profondeur. Anne Godfroy (voir interview), responsable du Laboratoire de Microbiologie des Environnements Extrêmes (LMEE), orchestre cette campagne BIG menée par le LMEE et le Laboratoire Environnement Profond de l’Ifremer, en partenariat avec l’Université Autonome de Mexico (Mexique), l’Université de Provence et de la Méditerranée, l’IRD, l’Université de Nimjgen (Pays-Bas) et l’Institut de Microbiologie Winogradsky (Moscou, Russie). Lire le journal de bord de la campagne : http://wwz.ifremer.fr/institut/actualites/ campagne_big_2010 116 Interview © Ifremer/ BIG 2010/ C. Rommevaux Le 30 mai, une équipe internationale de scientifiques a mis le cap sur le bassin de Guaymas, dans le golfe de Californie, à bord de L’Atalante pour la campagne BIG. Objectif ? Étudier sources hydrothermales et zones d’émission de fluides froids. © Ifremer/ BIG 2010/ C. Rommevaux numéro Anne Godfroy Responsable du LMEE Chef de mission Mis en œuvre par L’Atalante, le sous-marin habité Nautile doit effectuer 29 plongées. omareto en août 2006 ; Serpentine en mars 2007 ; Medeco en octobre de la même année… L’Ifremer se passionne pour l’exploration des grands fonds, un univers encore inconnu que chaque campagne permet de mieux appréhender. Avec BIG (Biodiversité et Interactions à Guaymas), la trentaine de scientifiques embarquée à bord de L’Atalante, souhaite étudier un lieu unique au monde qui met en présence de façon simultanée, sources hydrothermales et zones d’émission de fluides froids. De tels sites sont généralement très éloignés et séparés par des barrières géologiques ou hydrographiques. L’objectif de la campagne, qui se déroulera jusqu’au 9 juillet, est de décrire et de comparer les communautés microbiennes et animales de ces deux écosystèmes en milieu marin profond. Les sites hydrothermaux de la dépression sud du bassin de Guaymas ont déjà été explorés par les Américains et les Français. Les zones d’émission de fluides froids sont, à l’inverse, encore peu connues. Mais ces deux écosystèmes sont fondés sur la chimiosynthèse microbienne : la vie des communautés animales dépend essentiellement de l’énergie fournie par les composés chimiques du milieu et transformée par des micro-organismes. Ces derniers, parmi lesquels on retrouve des « extrêmophiles » vivant à haute température, ont la particularité de pouvoir fixer le Les nouvelles de l’Ifremer n°116 - publiés dans M gaz carbonique en l’absence d’énergie lumineuse. Les dorsales océaniques, lieu d’écartement des plaques et de formation de la croûte océanique, sont le siège d’une intense activité tectonique, volcanique et hydrothermale. L’eau de mer s’y infiltre dans les fractures du plancher océanique et se réchauffe en approchant des chambres magmatiques. L’eau de mer ainsi chauffée se charge de minéraux variés avant de remonter et jaillir sur le fond à des températures pouvant atteindre plus de 400 °C. Le mélange de ce fluide chaud avec l’eau de mer froide et oxygénée se traduit par des précipitations minérales qui forment des cheminées hydrothermales autour desquelles vit une faune luxuriante. Les sites hydrothermaux du bassin de Guaymas abritent ainsi bivalves et vers polychètes, dont le plus emblématique est le ver géant Riftia pachyptila. “ Des questions scientifiques f Quel a été votre parcours jusqu’à ce poste de chef de mission ? Titulaire d’un doctorat en Biologie des organismes et des populations, j’ai intégré l’Ifremer en 1989. En juin de la même année, je découvrais avec émerveillement lors d’une première plongée dans le Nautile, les sources hydrothermales du pacifique Sud-Ouest. Quelques mois plus tard, nous cultivions au laboratoire nos premières archaebactéries capables de pousser à plus de 80 °C. Je cherche maintenant à comprendre comment les thermophiles, ces micro-organismes hors du commun, interagissent avec leur environnement biologique et minéral. DEUX ÉCOSYSTÈMES Par opposition à ces fluides chauds, les « émissions de fluides froids » trouvent leur origine dans les marges continentales, zones majeures d’accumulation de sédiments. Différents processus contribuent à la résurgence, à la surface des sédiments marins, de ces émissions de fluides chargés en hydrocarbures, dont le méthane, l’une du 25 JUIN 2010 f Quel est votre rôle et quelles compétences sont nécessaires pour l’exercice de cette fonction ? L’aventure commence bien avant l’embarquement sur le bateau, avec le montage du projet. Le but d’une campagne océanographique est de suite page 2 f “ http://wwz.ifremer.fr/institut/actualites/

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Ifremer Biodiversité au journal le marin du 25 juin 2010

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