La revue RH&M - N°59 - Octobre 2015 - 34

TENDANCES MANAGEMENT / Témoignage

Sandrine BRANDT
Conseil en développement des talents et transformation RH.
Vice Présidente de l'OGT (Observatoire Global Talent)

Digital : in or out ?
Pas une invitation, pas une conférence, pas un titre de job qui ne
mentionne le mot sésame... pas de
doute, digital est le « Buzz Word »
du moment. Et les équipes RH se
demandent s'il est vraiment nécessaire de se préoccuper d'un sujet
aussi technique . Certes, l'accélération de la technologie est l'un des
drivers forts des transformations
auxquelles nous assistons actuellement. Mais, la « digitalisation
RH » n'est pas un « sujet technique ».
Il s'agit d'une transformation de
nos business models. D'une économie fondée sur des produits et des
stocks, nous avons basculé dans une
économie fondée sur l'information
(la data) et les flux.
Il s'agit aussi de l'arrivée sur le
marché du travail de générations
ayant développé de nouvelles
attentes basées sur de nouveaux
usages. Faites-moi rêver, donnezmoi les moyens, intéressez-vous à
moi et vous verrez que je ferai de
grandes choses !
Première conséquence : nouveaux rôles/compétences
Qui dit mutation dit mutation des

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compétences attendues pour faire
valoir sa différence dans ces nouveaux business. Capacité à analyser/
croiser/manipuler l'information
(digital specialist, digital officer...),
mais aussi à sélectionner les contenus pertinents (curator), à rendre
les données plus attractives (story
telling , design, vidéo), enfin à se
protéger d'éventuelles attaques ou
intrusions des data (risk management). Plus que jamais, les équipes
RH doivent prendre l'initiative de
réfléchir à l'évolution des métiers de
leur entreprise. Mais attention, fini
la GPEC des années 70, place à la
prospective !
Deuxième conséquence : nouvelles attentes
Les attentes des salariés vis-à-vis de
leurs entreprises ont changé. Désormais, ils souhaitent que l'entreprise
leur offre un cadre de travail qui les
développe, qui les rend performants,
qui concoure à leur épanouissement.
Quoi de neuf me direz-vous ?
Ce qui a changé, c'est que désormais pour atteindre cet objectif, on s'attend à recevoir des
services : online, individualisés
et fun.

Amazon est passé par là. Si une multinationale est capable de m'envoyer
une liste de livres choisis selon mes
goûts, pourquoi mon entreprise qui
me connait depuis 10 ans ne me proposerait-elle pas spontanément la
formation qui me conviendrait ? Et
pourquoi dès lors que je m'évertue à
faire remonter des commentaires en
ligne sur chacune de ces formations,
l'ingénierie ne serait pas co-construite
avec moi, voir avec ma communauté
d'appartenance puisque je suis le
client de la formation et que désormais les usages comptent plus que le
produit lui-même ? J'ai envie qu'on
me sonde, qu'on me demande mon
avis, qu'on m'offre des tests en ligne
pour mieux me connaitre, qu'on
m'aide à me connecter à qui je veux,
au gré de mes projets et de mes souhaits. Qu'on me laisse de la liberté
d'entreprendre à ma façon, tout en
m'encourageant et me faisant confiance. Alors, je donnerai le meilleur
de moi-même !
Troisième conséquence : nouveau rapport au temps et à l'espace
Dans l'économie du digital, les
repères traditionnels du temps

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