Mille et une histoires – Feuilleter le magazine – Fleurus Presse - (Page 50)

UNE HISTOIRE QUI FAIT DU BIEN Cette variante russe de Barbe-Bleue paraît terrifiante. Pourtant, entre les lignes, elle nous dit en fait que tout est question de temps et de maturation... L’éclairage de Dominique Naeger, psychologue. Ce conte comporte des passages assez terribles pour les héroïnes avec cet ours brutal qui nous rappelle Barbe-Bleue... Oui, tout comme Barbe-Bleue, l’ours évoque la représentation terrifiante du fiancé à qui on ne peut se lier par amour. Si l’ours – ou l’homme – inspire la crainte, les jeunes filles quant à elles, restent dans une position d’immaturité. Ici, il n’y aura pas de baiser magique ou de métamorphoses pour transformer leurs penchants (agressivité et égoïsme pour l’ours, désobéissance et mensonge pour les sœurs). C’est en eux-mêmes que se trouvera le changement. Ce conte nous parle donc, entre autres, d’un processus de maturation. Le côté violent de l’ours n’effraie-t-il pas les enfants ? En quoi cette peur est-elle nécessaire ? La peur est un des ingrédients essentiels des contes qui abordent par le biais d’un monde imaginaire les émotions et les conflits intérieurs des enfants, comme par exemple la peur d’être abandonné, de ne plus être aimé, de grandir.... Avoir peur fait partie du développement de l’enfant ; comprendre ses peurs – qui sont par ailleurs partagées par les autres – et apprendre à les surmonter, est une grande victoire ! Cela ne va pas de soi, aussi, toutes les peurs, petites ou grandes, sont à entendre et à accompagner. Alors, oui, l’ours fait peur, mais le chat va tempérer ce côté sombre... En effet, il semble qu’il ait un double rôle, initiatique et libérateur... Oui, c’est lui qui fait « sortir » les jeunes filles du giron familial. Il montre aussi aux enfants que les plus faibles ou les plus petits peuvent réussir car c’est lui qui, par la ruse, donne l’assurance de la victoire sur le « méchant »! Il symbolise l’aide magique, celle que l’enfant espère en s’aventurant dans le monde, celle qui lui permet d’accéder au savoir (représenté par l’eau de vie et l’eau de mort) et de magnifier ses actes en affrontant les épreuves. Le plus petit passe ainsi au premier plan ! Au fond, que nous dit ce conte ? On peut le lire comme l’histoire d’une transformation personnelle. L’enfant comprend que pour combattre le persécuteur, il faut utiliser son intelligence, écouter, poser des questions, utiliser ses propres capacités, en d’autres termes observer et agir. Il découvre aussi que faire vivre sa curiosité permet de saisir les réponses à des questions profondes. Et puis, il peut réaliser qu’il a ses propres forces pour affronter la vérité et la supporter, tout comme la petite sœur du conte... ■ PROPOS RECUEILLIS VALÉRIE CHEVEREAU Griffes d’or PAR 50

Table des matières de la publication Mille et une histoires – Feuilleter le magazine – Fleurus Presse

Couverture
La chatte ensorcelée
Le chat et la petite renarde
Griffes d’or
MA FABLE : La lionne et la girafe
Ma poésie : « Le petit chat blanc » de Claude Roy
Ma BD : Les aventures de Loulou
La famille Perlimpinpin sur les toits
Mon petit musée : « Les enfants Graham » par William Hogarth
Parents
Au pays des contes russes
Une histoire qui fait du bien : « Griffes d’or »

Mille et une histoires – Feuilleter le magazine – Fleurus Presse

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