Repères - N°44 / Janvier 2020 - Le magazine de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire - 4

TEMPS FORTS
Environnement

Contrôles radiologiques

Une meilleure détection
de la contamination
Les contrôles radiologiques de personnes
et d'objets dans les centrales, par des
portiques fixes, sont-ils satisfaisants ?
Évitent-ils la dispersion d'une
contamination à l'intérieur et hors
du site ?
À l'issue de deux années d'étude, les experts
préconisent1 une analyse de la détection
de la contamination diffuse, une vérification
de certains seuils d'alarme et une
amélioration des procédures en cas
de défaillance.
À l'origine de cette expertise : deux
événements par an de contamination
cutanée du personnel entre 2012 et 2015
- avec dépassement du quart de la limite
réglementaire -, et des difficultés
de l'exploitant dans la mise en œuvre
des portiques C2 de nouvelle génération.
Ces derniers détectent des rayonnements
bêta et gamma à des valeurs très basses
mais sont sensibles aux fluctuations du
bruit de fond radiologique, qui perturbent
le déclenchement des alarmes.
1. https://www.irsn.fr/Avis-2018-328

CONTACT

Retombées radioactives

Mieux estimer l'impact du brouillard
en cas d'accident

Patrick Jolivet :
patrick.jolivet@irsn.fr

IODE RADIOACTIF

800

Centrale de Trillo en Espagne. Le brouillard est une accumulation de fines gouttes d'eau
en suspension dans l'air. On parle de brume lorsque la visibilité reste supérieure à un kilomètre.

mesures

de contamination à la thyroïde
peuvent être réalisées en
10 heures par les quatre
véhicules légers de l'IRSN.

7 jours
C'est la durée pendant
laquelle il est possible d'être
protégé par la prise régulière
d'iode stable.
Retrouvez notre dossier Iode en page 10.

Page 4 - Repères N° 44 - janvier 2020

aut-il prendre en compte la présence
de brouillards pour évaluer la contamination de l'environnement en cas
d'accident nucléaire ? Des chercheurs en
environnement de l'Institut apportent des
réponses à cette question.
Pour des besoins de refroidissement, les réacteurs nucléaires sont situés à proximité
de cours d'eau ou de la mer. Cela constitue
une source d'humidité pour l'atmosphère.
À l'automne, la baisse de la température entraîne la condensation de la vapeur d'eau en
excès dans l'air sous la forme de gouttelettes.
Elles sédimentent ensuite sur les végétaux.
« En automne et en hiver, ce phénomène météorologique conduit à un dépôt des aérosols
plus important - de 15 à 20 % supplémentaires par rapport à celui observé par temps
sec - et plus rapide », explique Olivier Masson, expert en transferts atmosphériques.
La présence de brouillard doit être prise en
compte pour mieux quantifier les retombées
radioactives en cas d'accident. Cette donnée
sera intégrée aux modèles de dispersion atmosphérique utilisés par l'Institut.
« Les concentrations en radionucléides dans

les gouttelettes sont jusqu'à 20 fois supérieures
à celles des gouttes de pluie », précise l'expert.
Pour réaliser ces mesures, les chercheurs
récoltent de l'eau de brouillard à l'aide de
collecteurs, afin de les analyser par spectrométrie gamma. En parallèle, ils pèsent
la quantité d'eau déposée sur les végétaux
en fonction de la surface foliaire et de la
turbulence atmosphérique. Le temps de
contact des végétaux avec les gouttelettes -
plus important qu'avec des gouttes de pluie
- favorise le transfert foliaire.
Un module spécifique au brouillard permettra d'affiner la modélisation du dépôt
des radionucléides. « Appliqué à l'accident
de Fukushima, il pourrait expliquer le niveau
de contamination mesuré dans les montagnes
des préfectures de Tochigi et Gunma 1 », précise Arnaud Quérel, expert en dispersion
atmosphérique à l'IRSN.
1. Situées au sud de la préfecture de Fukushima.
Pour en savoir plus :
Thèse de Jackie Tav (2017) sur l'influence
du brouillard sur le dépôt de radionucléides
www.irsn.fr/These-Tav

https://www.irsn.fr/Avis-2018-328 http://www.irsn.fr/These-Tav

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