Repères - N°43 / Octobre 2019 - Le magazine de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire - 8

FAITS ET PERSPECTIVES

Salarié sous-traitant dans le nucléaire
et président de l'association Ma zone contrôlée

Qui sont les sous-traitants de la filière
nucléaire ?

Des personnels spécialisés dans la logistique et la
maintenance nucléaire : préparation de chantier,
mécanique, gestion et traitement des déchets,
décontamination, assainissement, démantèlement...
Ils sont près de 160 000 salariés, pour 60 000 agents
statutaires chez l'exploitant. La sous-traitance s'est
largement développée en zone nucléaire depuis les
années 1990. Aujourd'hui, plus de 80 % des
travaux sont sous-traités.

Le bilan est utilisé par différents partenaires
de l'Institut. « Pour nous, partenaires sociaux,
il représente une photographie de la situation
à un instant T. La comparaison d'année en
année peut donner lieu à des préconisations,
explique Alain Canton, du Conseil d'orientation des conditions de travail (COCT)2. Cette
année, nous avons demandé une optimisation
des enquêtes en cas de dépassement de doses,
afin d'objectiver des défauts de prévention. »

Depuis quinze ans, il n'y a plus de dépassement.
Les seuils réglementaires sont respectés : une dose
maximale annuelle de 20 millisieverts (mSv) pour
le personnel de catégorie A (EDF) et de 6 mSv
pour la catégorie B (CEA, Orano). Le rapport
« La radioprotection des travailleurs »
exprime l'exposition en dose moyenne,
associant agents statutaires -
travaillant directement pour
l'exploitant, donc beaucoup moins
exposés - et sous-traitants. Mais les
personnes qui travaillent près du
circuit primaire en centrale reçoivent
des doses bien supérieures. Certains
collègues calorifugeurs arrivent à
une dose annuelle de
11-12 mSv par an, plus
élevée que la moyenne
annoncée dans le rapport.

1. Système d'information de la surveillance

de l'exposition aux rayonnements ionisants.

2. Organisme paritaire, conseil du Ministère du travail.
3. Rapport commandé par l'État en application

de l'article R. 4451-129 du code du travail paritaire.

CONTACT
Juliette Feuardent
Juliette.feuardent@irsn.fr

À LIRE
La gammagraphie
en centrale et
dans les aéroports.
www.irsn.fr/R43

Page 8 - Repères N° 43 - octobre 2019

Nous aimerions que la dose soit exprimée selon
le statut professionnel, pour dissocier agents
statutaires et salariés sous-traitants. Il faudrait
aussi des études épidémiologiques sur les effets
à long terme des « petites doses » inférieures
à 20mSv par an sur les sous-traitants et
sur la poly-exposition car nous sommes
exposés à la radioactivité, mais aussi
à l'amiante, aux agents chimiques
dangereux... Nous préconisons
un suivi médical tous les six mois
- plutôt que tous les ans - en
catégorie A et tous les ans - plutôt
que tous les deux ans - en catégorie B.
Nous appelons aussi à faire reconnaître
toutes les contaminations
internes comme des accidents
du travail.

Exposition des travailleurs
aux rayonnements en Europe
Dose individuelle moyenne
en millisieverts (mSv) en 2017

Allemagne
0,28

0,26

0,05

0,88
Finlande
0,33

Lituanie

0,23

Suisse Slovénie
France

Orienter la réglementation
Pour la Direction générale du travail (DGT),
« les résultats tirés de ce rapport3 constituent des
signaux pouvant être à l'origine d'évolutions
réglementaires, explique Hervé Visseaux, du
bureau des risques chimiques, physiques et
biologiques. En 2017, ils ont orienté des dispositions du décret n° 2018-437 du 4 juin 2018,
comme la prise en compte des faibles doses.
Cette année, nous ne notons pas de points nécessitant d'engager une nouvelle réflexion. » n

Quelles sont vos demandes ?

0,16

Espagne

Gilles Reynaud

Comment leur exposition a-t-elle évolué ?

3 questions à...

Grèce
0,29

Source : Esorex

AILLEURS

Un suivi dosimétrique européen

uelle est l'exposition
professionnelle ailleurs
en Europe ? « Esorex1
est une plateforme sur l'exposition
des travailleurs aux rayonnements
ionisants. Elle doit permettre de mesurer
l'impact des nouvelles réglementations
européennes et de comparer
les données des différents pays
- en connaissant le contexte dans
lesquelles le suivi dosimétrique
est réalisé », explique Juliette Feuardent,
experte en radioprotection à l'IRSN.
Les données du suivi dosimétrique
depuis 2010 peuvent être enregistrées
sous le même format par chaque pays.

Parmi les vingt-deux États2 inscrits
à ce jour, seuls 14 ont déposé
des données, montrant le besoin
de promouvoir cet outil de façon
à accroître son utilité. Les données
mises en ligne sont accessibles
au grand public.
1. E uropean Platform for Occupational Radiation
Exposure.
2. A
llemagne, Autriche, Belgique, Bulgarie, Espagne,
Estonie, Finlande, France, Grèce, Hongrie, Irlande,
Islande, Lituanie, Luxembourg, Norvège, Pays-Bas,
Pologne, République tchèque, Roumanie, Slovénie,
Suède, Suisse.

Pour en savoir plus :
https://esorex-platform.org

https://www.esorex-platform.org

Repères - N°43 / Octobre 2019 - Le magazine de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire

Table des matières de la publication Repères - N°43 / Octobre 2019 - Le magazine de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire