Repères - N°43 / Octobre 2019 - Le magazine de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire - 11

DOSSIER

Iode radioactif

Comprendre sa dispersion
pour protéger les populations
De sa production dans les installations nucléaires à sa dispersion dans l'environnement, l'iode
radioactif suit un parcours complexe au cours duquel il peut changer plusieurs fois de forme
chimique. Les chercheurs s'emploient à percer les secrets de ce processus pour optimiser la
protection des populations.

EN CLAIR
Le cycle de l'iode 131 : du rejet à la consommation
L'iode radioactif est rejeté de manière contrôlée par les centrales, les industries
radiopharmaceutiques et les hôpitaux en situation normale d'exploitation,
sans impact sanitaire. Il est inhalé et ingéré par l'homme et les animaux.
En cas d'accident, lorsque les concentrations sont importantes, il se concentre
dans la thyroïde et peut augmenter le risque de cancer. Sa période radioactive
est de huit jours, il disparaît en deux mois environ.
Transformation de l'iode
Après rejet, l'iode réagit et se répartit entre deux espèces
- gaz et aérosols - selon sa concentration, celle des
autres composés atmosphériques et l'ensoleillement.

Contamination de l'environnement
L'iode se dépose et s'incorpore aux végétaux en fonction
de son espèce chimique, des conditions atmosphériques
et du stade de développement végétal. Il passe ensuite
dans les productions animales.

Inhalation d'air contaminé
L'iode gazeux passe dans le sang et se
concentre dans la thyroïde. La dose reçue
dépend de la quantité et de l'espèce d'iode
inhalée. Les aérosols pénètrent moins
dans les poumons.

Ingestion de denrées contaminées
Ingéré jusqu'à plusieurs jours après son
émission, il se concentre dans la thyroïde.

e 11 mars 2011, l'accident nucléaire de
Fukushima démarre... Dès les premières heures
et pendant plusieurs jours, au fil des explosions
et des éventages concertés des enceintes de confinement des réacteurs, d'importantes quantités de radio-
nucléides sont rejetées dans l'atmosphère.
Sans surprise, l'iode 131 est présent, imposant des
mesures de protection des populations. Son activité
très élevée et sa période1 le rendent menaçant pendant
plusieurs semaines. Il est transporté sur de longues
distances sous des formes chimiques diverses - appelées « espèces » - dont la dangerosité et le comportement varient. Inhalé ou ingéré, il se concentre dans la
glande thyroïde, induisant un risque accru de cancer.
« Pour prendre les mesures de protection adéquates en
cas d'accident, il faut évaluer précisément les doses auxquelles la population risque d'être exposée, explique
Anne-Cécile Grégoire, ingénieure de recherche en
sûreté de l'IRSN. Nos travaux portent sur les mécanismes de production, la spéciation - formation d'espèces nouvelles - et la dispersion de l'iode, jusqu'à son
transfert dans l'environnement. »

Sur la trace de l'iode organique
Il faut d'abord estimer le terme source, c'est-à-dire
la quantité et la forme chimique de l'iode radioactif
rejeté. Dans le cas d'une centrale, cet iode est produit
dans le cœur des réacteurs. En cas d'accident, il peut
s'échapper dans l'enceinte de confinement, puis dans
le milieu environnant.
De 1993 à 2004, au sein du programme Phébus,
-l'Institut a piloté cinq expériences globales reproduisant une fusion de cœur à échelle réduite, pour mettre
en évidence la complexité des réactions en jeu. Si elles
ont laissé peu d'incertitudes sur la quantité totale
d'iode produite - sous forme de gaz ou d'aérosols,
c'est-à-dire de particules -, elles en ont laissé davantage sur ses transformations dans le circuit primaire
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