Expertises des Systèmes d'information - Janvier 2022 - N°475 - Le mensuel du droit de l'informatique et du multimédia - 32

DOCTR INE
TECHNOLOGIES
L'odyssée de
l'intelligence artificielle
Présentation brève de l'évolution de cette
technologie déjà fortement engagée à
l'échelle mondiale pour en permettre une
compréhension, en soulignant certaines
orientations et points délicats, pour anticiper
son futur en évitant les écueils du passé et
garantir son contrôle.
D
epuis ses prémisses il
y a près de 80 années,
l'intelligence artificielle
(IA) a rencontré des
périodes de popularité suivies
d'effondrements,
alors
que
certains rêvent de façon la plus
ambitieuse de créer des machines
dotées d'un esprit comparable à
l'Homme et que d'autres la considèrent
comme un mythe. Ses
aspects fascinants et inquiétants
révèlent autant de phantasmes
que d'angoisses, en spéculant sur
sa place dans le futur. Les efforts
conjugués des communautés de
l'IA : chercheurs, informaticiens,
industriels, financiers, etc., ont
permis de la voir maintenant
entrer dans une ère convergente
qui donne lieu à de nombreux
espoirs en appel de sens1
. Toutes
les attentes ne seront pas acquises
et il est crucial de considérer la
façon dont l'Homme doit garder la
main, en se posant la question des
limites, tandis que les premiers
impacts sont déjà ressentis.
Introduction
Selon l'encyclopédie Larousse,
l'intelligence
artificielle
(IA)
est
définie comme un « ensemble de
théories et de techniques mises
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en œuvre en vue de réaliser des
machines capables de simuler
l'intelligence humaine ». En fait,
l'IA relève de concepts de plusieurs
domaines : mathématiques, informatique,
etc., sans oublier les
sciences cognitives : neurosciences,
linguistique, psychologie, philosophie,
anthropologie, etc., et de
différents champs d'influence : économie,
droit, etc., avec de surcroît
diverses approches possibles2
.
Ceci indique qu'il ne s'agit pas d'une
discipline autonome et que, malgré
les tentatives3
, une simple définition
de l'IA serait autant insatisfaisante
qu'imprécise, comme le souligne
la Cnil qui considère aussi l'IA
comme « le grand mythe de notre
temps »4
. Si les premiers enjeux
visibles sont liés à la préservation
des équilibres et à l'autonomie de
la décision humaine, il s'agit de les
établir dans leur ensemble, pour y
répondre de façon éclairée concernant
la construction de l'avenir.
L'idée
d'une
intelligence
cielle émerge dès 19435
artifiavec
le
calcul logique appliqué à l'activité
nerveuse, créant ainsi le premier
modèle
mathématique d'un
réseau de neurones formels et
démontrant
que
EXPERTISES JANVIER 2022
des éléments
En outre, ces deux approches, en
concurrence pour le financement
L'appellation «intelligence artificielle»,
attribuée à J. McCarthy7
,
est née en 1956 lors d'une réunion
scientifique considérée comme le
berceau de l'IA, sur la théorie des
automates, les réseaux de neurones
et les sciences
cognitives,
élémentaires connectés dans
un réseau pouvaient disposer
d'énormes capacités de calcul. Elle
se poursuit en 1950, quand A. M.
Turing6
si une machine serait en mesure
de penser et la construction de
la première machine analogique
à réseau neuronal basée sur un
réseau de 40 neurones artificiels
interconnectés.
pose la question de savoir
au
Dartmouth College. En présentant
le programme informatique «Logic
Theorist» lors de la conférence de
Dartmouth, A. Newell, H. A. Simon
et C. Shaw ont aussi démontré que
des logiques symboliques, peuvent
être conçues pour imiter les protocoles
de résolution de problèmes
dans le cadre d'un raisonnement
humain de l'IA, initiant ainsi l'influence
«symboliste» jusque dans
les années 1980, avant l'émergence
du courant «connexionniste».
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