Expertises des Systèmes d'information - Le mensuel du droit de l'informatique et du multimédia - Juin 2018 - n°436 - 215

le curseur se déplace. Les clients existants qui ont déjà
un périmètre fonctionnel avec des accès indirects ne
doivent pas payer pour des documents qu'ils créent
annuellement. Nous voulons au moins que SAP
n'exige rien sur ces documents et ne commence à
facturer que pour les transactions en plus.

d'un système de licences basé sur l'utilisateur vers
un modèle qui repose sur la réelle consommation
du système. Certaines entreprises qui n'ont que des
utilisateurs directs seraient probablement pénalisées
si elles basculaient sur un système de facturation à la
consommation.

SAP doit envoyer à ses commerciaux un message
d'empathie aux utilisateurs. S'il n'y a pas un peu
de compréhension, la confiance risque d'être
complètement minée. S'ils n'appliquent pas le
nouveau modèle avec intelligence, cela va créer une
levée de boucliers importante.

Ce qui engendrerait un manque de prévisibilité de
la dépense.
Je ne prétends pas que le modèle à la consommation
soit l'idéal. Mais l'hybridation entre les deux modèles
est un peu lourde, surtout pour les clients existants. Il
faut donc éviter que les choix présentés soient utilisés
comme arme de pression pour influencer les clients.

Nous lançons une mission de décryptage qui est
confiée à l'ancien président de l'USF, Patrick Geai.
Est-ce que l'USF a suffisamment de poids ?
Un cercle restreint de personnes compétentes et
Nous voulons être un relais dans une approche de
pertinentes va analyser les documents relatifs au
construction. Je pense que nous sommes assez forts.
nouveau modèle et sur la séparation des fonctions
Aujourd'hui, nous avons 450 sociétés membres.
commerciale et audit. Cela va nous permettre de faire
Mais a priori, il y a beaucoup plus de clients SAP en
des recommandations techniques, contractuelles,
France et nous voudrions les toucher pour augmenter
architecturales et éventuellement légales à nos
notre force et leur permettre d'être plus écoutés par
adhérents pour utiliser ce
SAP. L'USF s'oriente aussi
modèle à bon escient, comme
vers une dynamique pérenne
« Nous avons obtenu la nette
un levier de croissance pour
au
niveau
international
séparation entre l'audit de licences
la valeur de leur entreprise.
pour représenter une force
Nous avons travaillé en amont
d'influence constructive qui
et les forces de vente. »
avec SAP, maintenant nous
passe par une coalition des
devons intégrer le nouveau
clubs utilisateurs et parler
modèle et vérifier son impact sur les utilisateurs pour
ensemble avec SAP. Cette stratégie porte déjà ses
informer SAP des difficultés du marché à l'adopter ou
fruits, même si nous n'avons pas gagné sur tous les
non.
fronts.
Nous attendons encore de SAP les outils de mesure
des documents qui arrivent de l'extérieur, les
spécifications et le logiciel pour pouvoir donner un
avis car nous ne savons pas encore ce que SAP va
vraiment compter.
Vous parlez de confiance, mais les utilisateurs de
SAP sont captifs. Et sortir de SAP est très compliqué. Les utilisateurs ont-ils réellement un moyen de
pression pour faire plier cet éditeur ?
Si un client se sent en confiance avec n'importe quelle
solution, il n'a pas le sentiment d'être captif. Il se sent
protégé et suivi, dans une relation où il n'a pas la
sensation d'être traité comme un numéro. La question
de la captivité est forcément liée à la question de la
confiance.
Est-ce que cela vous pose problème de payer
pour l'exploitation par des applications tierces de
données qui appartiennent à l'entreprise ?
Il faut distinguer deux aspects : la donnée, qui
appartient à l'entreprise et sur laquelle les droits
d'accès, d'extraction et d'exploitation s'appliquent
sans problème ; et l'utilisation d'une fonctionnalité
de SAP pour transformer cette donnée. Cela ne
pose pas le même problème : SAP n'a pas fait le saut

214

La question des droits indirects se pose-t-elle chez
d'autres éditeurs et comment la gèrent-ils ?
Nous n'avons pas d'informations précises mais il
semblerait que oui, d'après certains signaux faibles
qui nous arrivent. En tout cas, ce système pose le
problème suivant : si aujourd'hui, une entreprise
acquiert une solution SAP, une solution tierce alpha
et une autre béta, elle doit payer pour les trois. Avec
les accès indirects, elle risque de devoir ajouter ce
que alpha et béta font sur SAP et ce que SAP fait sur
alpha et béta. Elle va donc devoir payer double, voire
triple. Nous avons le droit de nous poser la question
du bienfondé du modèle. Il s'agit d'une vision courttermiste qui risque de provoquer un blocage, incitant
les entreprises à se tourner vers l'open source.
Connaissez-vous des exemples d'entreprises qui
sont sorties de SAP ?
Une réflexion est en cours chez les petites comme les
grandes entreprises.

EXPERTISES JUIN 2018

Propos recueillis par Sylvie ROZENFELD

Table des matières de la publication Expertises des Systèmes d'information - Le mensuel du droit de l'informatique et du multimédia - Juin 2018 - n°436