Expertises des Systèmes d'information - Le mensuel du droit de l'informatique et du multimédia - Mars 2018 - n°433 - 104

Doctrine

Technologie
La place de la blockchain
dans un écosystème de
confiance

ondée sur une architecture décentralisée cryptoinformatique,
la
technologie « blockchain » suscite
bien des enthousiasmes, en raison
de son large potentiel, mais aussi
des inquiétudes légitimes, du fait de
son caractère révolutionnaire. Si elle
s'applique déjà dans les monnaies
virtuelles, comme Bitcoin1, on constate
un foisonnement à son propos, avec
des rapprochements2 d'entreprises, la
naissance de projets de recherche, la
création de start-up, etc.
Certains la voient universellement
utilisée dans de nombreux domaines
dans un proche futur. D'autres pensent
qu'une phase de réflexion s'impose et
qu'une expérimentation est nécessaire
pour bien en mesurer tous les effets et
ses impacts au niveau mondial et sur
nous tous3, avant sa généralisation.
Quoi qu'il en soit, cette technologie pose
de nombreuses questions et doit disposer d'un niveau de confiance suffisant,
malgré les doutes4, pour assurer son
avenir. En tout cas, c'est un nouveau
paradigme technique fondé sur la
coopération humaine, avec des applications dans des secteurs, en particulier là où la traçabilité est essentielle.

Les principes de fonctionnement de cette technologie,
ainsi que ses caractéristiques et son écosystème,
en soulignant les points critiques.
mondiales seraient en demande
pour l'intégrer dans leurs produits et
services. Des projets sont très avancés,
mais avant de basculer l'ensemble
du numérique vers la technologie
blockchain5 il serait sage d'en examiner
tous ses aspects pour disposer d'une
compréhension globale.
Si historiquement la « blockchain » était
vue associée au Bitcoin6, d'une façon
générale il s'agit d'une technologie de
stockage et de transmission d'informations fonctionnant de façon transparente sans organe central de contrôle7.
Elle est implémentée sous forme d'une
base de données contenant l'historique
de tous les faits depuis sa création.
Cette dernière est partagée par les utilisateurs, sans aucun intermédiaire, de
façon à ce que chacun soit en mesure
de vérifier librement et gratuitement la
validité des informations associées à
divers « faits » numériques : transactions, documents : pièces d'identité,
dossier médicaux, diplômes, contrats,
actes, données de traçabilité, etc. On
pourrait définir la blockchain comme
un livre-registre anonyme et infalsifiable de l'historique des faits synchronisés et répliqués sur divers points
d'un réseau pair-à-pair (P2P)8, dénommés « nœuds », dont un nombre suffisant rend le système résilient.

INTRODUCTION
La technologie blockchain se présente
comme une alternative qui ne nécessite
plus d'autorité tierce de confiance. La
majorité des plus grandes sociétés

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La croyance en un protocole vient de la
conviction que les règles reposant sur
des algorithmes et des données, sans
intermédiaire ni tiers de confiance au
sein d'une communauté, ne peuvent

EXPERTISES MARS 2018

être transgressées. Elle remplace la
confiance accordée aux institutions et
aux organismes humains, où classiquement, les règles sont édictées pour
être exécutées par des interactions
humaines. Ici elles seront définies en
amont, sous forme de lignes de code,
pour être automatiquement exécutées
dans une organisation décentralisée
autonome.
La blockchain est une technologie
modulable concernant la conservation de la preuve d'un fait. Elle sera
transparente, en exigeant plusieurs
preuves d'identité, ou au contraire,
opaque, en ayant notamment recours
à des adresses furtives. En règle générale, l'identité n'est pas anonyme mais
pseudonyme9. C'est aussi une technologie dont le degré d'ouverture est
adaptable. Le concept originel reposait sur un partage total, et donc sur
une blockchain publique, avant de
voir émerger les blockchains dites « de
consortium » et « privées » fondées sur
un nombre restreint de nœuds autorisés, pour l'une et sur un seul nœud pour
l'autre.
Chaque application pourrait aussi
posséder sa propre blockchain10. Il en
résulte un écosystème de blockchains
qui exige de fédérer les différents
acteurs pour disposer d'un niveau
acceptable d'interopérabilité et de
régulation avant l'épidémie... en cherchant en particulier des alternatives
aux limitations attachées à la structure
des premières blockchains ou à l'obsolescence à long terme.

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