Expertises des Systèmes d'information - Le mensuel du droit de l'informatique et du multimédia - Juillet 2017 - n°426 - 262

Doctrine

Cyberattaques
Macronleaks et diffusion
de fausses informations
Mode opératoire de cyberattaques en vue de tentatives d'atteinte
à la réputation, mesures de prévention, de protection, de gestion
de crise, et qualifications des principales infractions qui leur
correspondent, au vu des événements relevant de la précédente
campagne présidentielle française.

D

ans un précédent article
de 20161, l'auteur avait alerté sur les "bots" sociaux2
conçus pour passer le test de
Turing3, assez sophistiqués pour duper
les internautes en étant pris pour des
êtres humains4, et créés dans des intentions malveillantes5 pour désinformer et
manipuler de façon massique en ayant
recours à l'intelligence artificielle6.
Ceux-ci pouvaient disposer d'accès
aux informations de connaissance
générale et aux événements d'actualité de façon à trouver des références
pertinentes leur permettant d'œuvrer
de façon convaincante en agissant
de façon humaine. L'auteur indiquait
à ce propos : "Il faut s'attendre à des
manœuvres d'influence7, alimentées
par de fausses informations ou des
propos calomnieux, avec comme
conséquences des dommages sociaux
ou politiques ". Il s'agissait d'un avenir
très préoccupant, déjà rejoint par l'actualité, dont les MacronLeaks ne représentent qu'un début8...

L'intention de l'auteur est de se pencher
sur un présent tout aussi préoccupant, quand des rumeurs et autres
fausses nouvelles, seraient en mesure
de toucher l'inconscient collectif en
infiltrant9 des populations, par des
manœuvres ayant pour objectif d'affecter la perception, par les émotions et
la contagion10. Il sera examiné le mode
opératoire de cyberattaques en vue
de tentatives d'atteinte à la réputation,
ainsi que les mesures de prévention, de
protection et de gestion de crise, et les

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qualifications des principales infractions qui leur correspondent, en s'appuyant sur des événements relevant de
la précédente campagne présidentielle
française.

INTRODUCTION AU VU
DES MACRONLEAKS
Sur l'exfiltration et la diffusion
La diffusion de fausses informations
n'est pas un phénomène nouveau, y
compris celles qui circulaient de façon
relayée sans aucune vérification sur
l'Internet11. Ce qui est nouveau depuis
peu12, c'est l'usage de fausses informations et de rumeurs étayées dans
l'arène politique, dans le but clairement
dirigé d'affaiblir l'adversaire par une
atteinte à son image ou à sa réputation.
A ce propos, l'expression "fake news"
désigne une information falsifiée ou
mensongère, tandis que celle distincte
de "false news" relève de ce qui est
seulement erroné.
Les cyberattaques qui ont visé l'équipe
du mouvement "En Marche" en sont
un autre exemple. Ces attaques n'ont
pas seulement concerné la diffusion de
fausses informations avant et durant
la campagne électorale, elles ont aussi
consisté à exploiter des vulnérabilités
pour s'introduire dans des systèmes
informatiques, y exfiltrer des fichiers
en grand nombre. C'est ainsi que des
dizaines de milliers de documents, choisis par les attaquants, sont apparus sur
les réseaux sociaux pour y être très largement propagés, sans aucune garantie

EXPERTISES JUILLET/AOÛT 2017

d'intégrité car ils ont pu être modifiés ou
mêlés à des documents conçus13 à des
fins de déstabilisation14, ceci de façon
coordonnée juste une heure avant la
fin officielle de la campagne électorale,
pour semer le doute, malgré l'absence
d'éléments compromettants, tout en
évitant la riposte !
Si cette masse de données mises en
ligne sur Archive.org et relayée sur
le forum non modéré 4Chan et les
Pastebins, relève surtout de boîtes
personnelles, -en particulier Gmail et
Yahoo-, de plusieurs cadres et députés du mouvement, il n'en reste pas
moins qu'elle accumule des dizaines
de milliers de messages, et plusieurs
dossiers contenant des fichiers .doc,
.pdf, et Excel, dont certains relèvent
d'informations liées à des dépenses de
la campagne numérique15. Alors que
l'exfiltration de données a été fondée sur
l'informatique, la diffusion a largement
reposé sur les réseaux sociaux16 pour
tenter de servir de résonateur et pour
répandre les rumeurs, dès la publication des documents. Ils ont aussi servi à
diffuser des faux documents, construits
en marge et relayés sur Twitter17.

Sur l'origine et les
conséquences
Si de nombreux indices désignent la
Russie pour être à l'origine des attaques,
notamment des métadonnées et des
environnements créés dans le but de
cibler les équipes de la campagne avec
des opérations de "phishing" propres à
Pawn Storm, un groupe de "hackers"
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