SIGMAG - N°30 - Octobre 2021 - 29

DOSSIER
SI VOUS N'ALLEZ PAS À LA MARCHANDISE, C'EST À ELLE DE VENIR À VOUS.
AMPLIFIÉ PAR LA CRISE SANITAIRE, LE BOOM DES LIVRAISONS LIÉ À L'ECOMMERCE
FAIT PARTIE DES NOUVELLES TENDANCES DE FOND. LE SECTEUR
DE LA LOGISTIQUE A DÛ S'ADAPTER POUR AMÉLIORER LA QUALITÉ DE SES
SERVICES AUX PARTICULIERS. IL NE S'AGIT PLUS SEULEMENT DE GÉRER DES
FLUX DE MARCHANDISES DEPUIS UN POINT A JUSQU'À UN POINT B. SOUVENT
PENSÉES COMME DE VÉRITABLES OUTILS DE CRISE, LES PLATES-FORMES DE
GESTION DE DONNÉES LOGISTIQUES SE MULTIPLIENT ET SONT DEVENUES DES
OUTILS D'AIDE À LA DÉCISION ESSENTIELS POUR LES GESTIONNAIRES. EN
PARTANT D'UN CONSTAT SIMPLE : LES FLUX NE SONT JAMAIS STATIQUES, MAIS
TOUJOURS EN MOUVEMENT. LE DÉFI DE DEMAIN : LES ANTICIPER.
DOSSIER RÉALISÉ PAR STEVE CARPENTIER.
E
n matière de flux et de logistique, il faut
partir d'une évidence : favoriser la circulation
des biens, mais aussi des
personnes, est une nécessité vitale.
Elsa Le Van
© Euralogistic Delta 3
C'est notamment le cas en ville, unité marchande
par excellence dont la caractéristique
première consiste justement à faciliter l'entrée
des marchandises sur son territoire de manière
cohérente et harmonisée. Avec en corollaire
d'éviter que ses habitants n'en sortent pour
aller s'approvisionner en dehors de leurs frontières,
poussant ainsi à l'usage immodéré du
véhicule individuel et favorisant in fine l'étalement
urbain. Ce « CQFD » de ce qui doit entrer
et de ce qui doit sortir est au final le nœud
gordien de toute la science logistique.
Aujourd'hui, les pouvoirs publics prennent
progressivement conscience que garder les
populations dans les centres-ville dépend de la
mise en place d'une politique coordonnée sur
les flux de marchandises. « La logistique doit
être pensée comme un outil qui décongestionne
l'espace urbain, tout en tenant compte
du fait que l'approvisionnement des villes est
un élément indispensable pour leur vitalité,
résume Elsa Le Van, économiste du transport
spécialisée dans la logistique et la modélisation
des flux de livraison. Pendant plusieurs décennies,
la logistique était vue comme un camion
qui pue, qui pollue et qui sature la ville, et qu'il
fallait cacher. Désormais, faire rentrer les poids
lourds dans la ville est devenue une priorité et
n'est plus une nuisance. Notre travail consiste
alors à gérer des nuisances nécessaires et à
les améliorer ». Aujourd'hui, la logistique à des
implications sociétales quand elle conditionne
l'emploi en posant par exemple le problème de
l'uberisation des livreurs. Mais elle touche aussi
à l'urbanisme quand elle parle de partage de la
voirie, à l'environnement lorsque l'on considère
la pollution et le bruit, ou bien à l'économie
s'agissant de désertification des centres-villes.
Finalement, la logistique est le trait d'union qui
réunit de très nombreuses problématiques.
Toutes ramènent à la gestion des flux et à leurs
conséquences sur le territoire. Elsa Le Van
étudie ces dernières. Titulaire d'un doctorat
obtenu au Laboratoire aménagement économie
transports de Lyon (LAET), une unité de
recherches du CNRS. Ce laboratoire a mis au
point il y a plus de vingt ans un modèle statistique
baptisé FRETurb qu'elle utilise au
quotidien dans ses analyses. Il s'agit d'un outil
logiciel complet et complexe permettant de
simuler à partir d'outils de modélisation le
transport de marchandises dans une agglomération.
Le modèle s'intéresse à l'occupation de
la voirie par les véhicules de livraison selon les
activités présentes. En effet, les organisations
logistiques s'adaptent aux marchandises et aux
volumes qu'elles reçoivent et expédient. Le
modèle se base notamment sur le fichier
SIRENE qui regroupe les établissements
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SIGMAG - N°30 - Octobre 2021

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