SIGMAG - N°30 - Octobre 2021 - 19

PRATIQUE
réseau hydrographique, dans ce
tableau de bord GeoIoT, développé
par arx iT qui utilise aussi le terme
GéoSupervision pour résumer ces
approches.
LA GÉOVISUALISATION DANS
TOUTES SES DIMENSIONS
Une autre approche est offerte
par la modélisation et les outils de
navigation en 3D. Ils font partie de
la panoplie des géomaticiens depuis
quelques années maintenant. Mais
c'est la généralisation du WebGL
et l'adoption de standards dans la
publication des flux de données qui
permettent désormais de proposer
ces applications à une cible plus
large. Les applications permettent
de visualiser des objets complexes
et massifs venant notamment
d'autres domaines (BIM, IOT) dans
de simples navigateurs. Cette
interface s'accompagne désormais
d'outils de calcul sophistiqués par
exemple les masques visuels ou
les impacts sur l'ensoleillement et
permet aussi d'effectuer des coupes
pour voir à l'intérieur des objets.
L'application ArcGIS Urban complète
cette approche avec une vision
nativement 4D. Elle permet en effet
de gérer un jumeau numérique
3D du territoire en y intégrant les
projets d'aménagement passés,
actuels et futurs. Ceci af in de
simuler, de comparer et de planifier
les futurs aménagements à partir
des contrai ntes , not amment
réglementaires et de les présenter
au pub l ic et aux dé c i deur s .
Le résul t at dev ient a lors un
GéoSimulateur combinant des
vues multiples : tri dimensionnelle,
narrative, statistique, etc. Et si la
coopération entre BIM et SIG a
beaucoup évolué, l 'exploitation
d e d o n n é es s c i e n t i f i q u es
mul t i dimensionnel les es t en
passe de connaître une autre
révolution avec la modélisation
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Dashboard GeoIoT
développé par
arx iT pour la
surveillance
du réseau
hydrographique de
Toulon Métropole.
Visualisation en 3D
de Saint Quentin en
Yvelines avec calcul
d'inter-visibilité.
En bas,
matérialisation en
4D de la Pandémie
de COVID-19
au Japon par
l'Université de
Tohoku.
par Voxels. Les outils de création
de couches de Voxels à partir de
fichiers par exemple au format
NetCDF existent déjà en mode
bureautique. Leur publication sous
forme de scènes va ouvrir un large
champ d'applications qui viendront
al imenter d es visual is at ions
toujours plus riches. En attendant
cette évolution, on peut consulter
l'application développée par un
laboratoire japonais pour visualiser
les impacts de la pandémie (un
thème décidément inspirant) en se
déplaçant dans un espace 4D où les
chiffres sont matérialisés en XYZ
par des points, comme peuvent
déjà l'être les relevés LiDAR. En
faisant varier la position de la
couche qui représente le territoire
dans le temps, l'on peut voir son
intersection avec les statistiques de
contamination matérialisées avec
une couleur plus ou moins sombre
selon l'intensité.
Il faut compléter ce tour d'horizon en
évoquant aussi les pistes ouvertes
par la collaboration avec d'autres
univers de la Visualisation, que ce
soit la Réalité virtuelle, les jeux vidéo
et plus généralement les outils
de modélisation et manipulation
de maquettes numériques. Des
outils plus spécialisés permettent
ainsi d'étendre les capacités en
allant vers la synthèse d'image,
l'animation et l'immersion, comme
l'a fait l'État de Genève à travers
un POC très prometteur pour la
visualisation de réseaux enterrés.
RESTER VRAI
Comme nous l 'avons vu, les
outils de GéoVisualisation « sur
étagère » ont beaucoup progressé,
notamment dans leurs versions
SaaS, gagnant constamment
en fonctionnalités. Par ailleurs,
les nombreuses API permettent
aux développeurs de réal iser
très rapidement des applications
personnalisées, complétées par
des librairies telles que Python ou R
et des Frameworks ou Notebooks.
Reste enfin, à l'heure des « fake
news », à maîtriser la justesse de
restitution cartographique. Dans un
article « Illusions à la Carte » paru
dans Le monde diplomatique d'août
2020, la géographe Cécile Marin
développe : « Rien n'est plus facile
que de faire dire aux courbes et
aux cartes ce qu'on oserait à peine
affirmer avec des mots. ». Entre
données partielles et information
partiale, échelles déformées et
couleurs inadaptées, cet article
décrypte quelques exemples de
la manière de faire mentir cartes
et graphiques. Mais ce mensonge
est la plupart du temps involontaire
et résulte d'une méconnaissance
des pr incipes élémentaires à
utiliser dans les légendes, les
proportions, les bonnes couleurs.
Sur toutes ces quest ions, on
pourra suivre les travaux de la
communauté des chercheurs
et universitaires, très active en
France. Un ouvrage col lec t i f
« Communication cartographique :
sémiologie graphique, sémiotique
et géovisualisation » (éditions ISTE)
est d'ailleurs à paraître début 2022
aux éditions ISTE.
Les SIG et la géomatique ont connu
une révolution majeure avec le
GéoWeb, les technologies ne
cessent d'ouvrir de nouvelles pistes
permettant de proposer des vues et
des analyses toujours plus riches
en contenu. Si le développement
des applications se simplifie et se
banalise, porté par l'interactivité, la
dynamique des flux de données et
l'adaptabilité à tous publics grâce
à la GéoVisualisation, il ne faut pas
pour autant faire l'économie de
toutes les réflexions, analyses et
évaluations sur leur usage et leur
impact.
Michel Bernard
SIGMAG
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