SIGMAG - N°30 - Octobre 2021 - 16

PRATIQUE
LA GÉOVISUALISATION EN EXTENSION
DU DOMAINE DE LA CARTE
L'AFFIRMATION SELON LAQUELLE UNE CARTE VAUT MIEUX QU'UN LONG DISCOURS EST PLUS QUE JAMAIS D'ACTUALITÉ, RENFORCÉE
PAR DE NOUVEAUX SUPPORTS ET D'AUTRES MANIÈRES DE CONSOMMER LA CARTOGRAPHIE. LES CONCEPTEURS INTÈGRENT
DÉSORMAIS GÉOAPPS, GÉOWEB OU GÉOVIZ... ENQUÊTE RÉALISÉE PAR MICHEL BERNARD.
A
vec le développement exponentiel
du Web, des réseaux
sociaux et la massification
des données géospatiales, la cartographie
a profondément évolué tant
du point de vue des technologies,
des usages, qu'au niveau des modes
de représentation et d'utilisation.
La carte est devenue une interface
privilégiée pour naviguer dans
l'espace et explorer des contenus
numériques toujours plus nombreux
et les proposer à des cibles bien
identifiées. C'est particulièrement
év i dent chez les géan ts du
numérique pour qui les données
géographiques sont au centre d'importants
enjeux commerciaux et
technologiques. Cela au point que
chacun développe ses propres
référent iel s . Ce changement
s'observe également dans tous les
domaines d'application professionnels
qui sont aussi impactés par
ces évolutions et adoptent progressivement
de nouvelles modalités
d'exploitation et d'exploration des
données géographiques.
Dès lors, la terminologie tente
de s'adapter à ces changements
toujours plus rapides. On parle
désormais de GéoWeb, de GéoApps,
de Data et GéoVisualisation... Dans
le même temps, les profils des
créateurs se diversifient. Finis les
développeurs Web, désormais, les
data scientists, data officers et data
journalistes utilisent la carte comme
un moyen, parmi d'autres, pour
représenter de l'information. Pour
l'état des lieux que nous proposons
dans SIGMAG, nous retiendrons
la définition proposée par Sidonie
Christophe, responsable de l'équipe
GeoVIS au laboratoire LASTIG : « La
géovisualisation s'intéresse aux
techniques de visualisation d'un
territoire ou d'un phénomène, avec
des problématiques d'intégration
visuelle de données géographiques
SIGMAG
hétérogènes, de représentation
graphique, de rendu et d'interaction
avec l'ut i l isateur, a ins i qu'à
l'utilisabilité de ces techniques
pour des usages potentiellement
variés. ». Et bien entendu tout
c omme n ce pa r le su p p o r t
principal, la carte et ses différentes
représentations !
HUIT COMMANDEMENTS DE
LA SÉMIOLOGIE GRAPHIQUE
D'abord, remontons un peu plus tôt.
En 1967, Jacques Bertin directeur
d'études à l'EHESS, met au point
toute une série de règles permettant
l'unité d'une carte en s'appuyant sur
huit grandes variables visuelles.
S on ou v r a ge « Sémi o l o g i e
graphique : les diagrammes, les
réseaux, les cartes » part d'une
démarche novatrice consistant
à s'interroger avant tout sur la
perception des cartes et symboles
par les utilisateurs. Cette approche
compréhensive fait de Bertin un
précurseur dont se réclament non
seulement les cartographes, mais
aussi les spécialistes de la Data
Visualisation ou du Graphic Design.
Cinquante et quelques années
plus tard, ces règles sont toujours
d'ac tual i té. « El les restent la
référence, confirme Boris Meriksay,
Maitre de conférence et responsable
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Interface de
création de styles
en ligne proposée
dans ArcGIS.
du Mastère SIGAT de Université
Rennes 2. D'ai l leurs dans l a
géomatique, peu de fondamentaux
ont évolué. De même, les concepts
des SIG remontent aux travaux
de Jack Dangermond ou encore
ceux menés par Waldo Tobler
pour l'analyse quantitative dès les
années 70 ».
Pour faciliter l'application des règles
de sémiologie, des environnements
assistant les utilisateurs dans
le choix et la mise en forme
des principales variables sont
proposés à la fois dans ArcGIS
Pro et ArcGIS Online avec le Smart
Mapping. Celui-ci aide à trouver
les bons types de représentation,
des dégradés cohérents avec le
fond de carte. Ils existent aussi
désormais dans des Frameworks
plus complets et intégrés. Ces
outils sont d'autant plus utiles
que les données deviennent plus
accessibles et massives, comme
en témoigne l'ouverture récente
de la quasi-totalité des données
IGN, du Cadastre et de données sur
le foncier et l'urbanisme encore
fermées il y a peu. Cette abondance
permet d'envisager de déployer
de plus en plus d'applications de
GéoVisualisation pour lesquelles
une réflexion de fond sur le design
et la lisibilité est indispensable.

SIGMAG - N°30 - Octobre 2021

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