SIGMAG - N°29 - Juin 2021 - 31

DOSSIER
De modélisation couplée au
SIG, il en est déjà question chez
Orano qui a entrepris un travail
considérable pour cartographier
les galeries des 250 anciennes
mines d'uranium dont l'entreprise
avait la charge jusqu'à la fermeture
définitive du dernier gisement,
en mai 2001. La multinationale
possède en effet une large gamme
d'activités industrielles au rang
desquelles l'extraction de l'uranium.
Aujourd'hui, les réaménagements
sous la forme de remblaiement
ou de mise en eau des mines à
ciel ouvert sont quasiment tous
arrivés à leur terme, vingt ans
après la fermeture de la dernière
exploitation à Jouac en HauteVienne.
Jusqu'en 2015 et l'arrivée
des premiers outils SIG, la gestion
des espaces souterrains de ces
anciennes exploitations s'effectuait
de manière quasi artisanale : les
informations étaient recherchées
dans un fonds d'archives de quelque
80.000 plans et passées au crible
de la table lumineuse. Restait
alors à espérer que les cadastres
n'avaient pas évolué entre-temps.
D'autant que les travaux miniers
initiés dans les années 50 laissaient
apparaître des approximations
entre les documents de fond de la
mine et les documents officiels en
raison de systèmes de projection
et de coordonnées dif férents.
fermeture du site, pour vérifier si une résilience
naturelle a été possible et dans la négative comment
l'expliquer. Le SIG trouve sa place dans ce projet
pour produire les différentiels bathymétriques et
croiser données morphologiques et biologiques.
Le tout statuera sur le changement ou non des
fonds marins et des habitats. « La compensation
en mer est balbutiante et nous ne possédons
pas encore de techniques d'ingénierie vraiment
opérationnelles pour répondre aux problématiques
d'extraction de granulats marins, résume Laure
Simplet. Nous devons en plus intégrer à nos calculs
la problématique des effets cumulés des activités
humaines en mer et qui interagissent avec la
nouvelle donne qu'est le réchauffement climatique.
Décorréler ce qui relève d'une modification liée
au changement climatique de ce qui est lié à
l'extraction de granulats ou des effets de l'activité
humaine (pêche, passage de câbles, champs
d'éoliennes ou tourisme) est donc le grand défi de
ce programme de recherches inédit ».
En clair, en plus d'être imprécise,
la méthode était particulièrement
chronophage. Face à la demande
c r o i s s a nt e
d e s
s e r v i c e s
d'urbanisme soucieux de s'assurer
de l 'absence de passage de
galeries en sous-sol dans le cas
de dépôts de permis de construire,
Orano s'est lancé en 2018 dans la
modélisation de ses anciennes
mines. De plus cela permettait de
faire face à des problématiques
environnementales pressantes qui
poussaient à des analyses croisées
pour définir l'emprise exacte de la
mine, la présence du bassin versant
ou encore les zones de rejets.
MODÉLISER DES GALERIES 3D
Orano a ainsi modélisé l'ensemble
des galer ies de douze de ses
plus gros sites. À raison de trois
anciennes mines chaque année,
l a t âche semb le t i t anesque.
Fort heureusement, 150 ont été
exploitées à ciel ouvert et ne
possèdent de facto pas de galeries
souterraines, ce qui porte à une
centaine le total restant à passer
au crible de la 3D. Lesquels sont
pour moitié de taille modeste, avec
le plus souvent un unique puits et
une simple galerie d'accès. « Nous
avions besoin de pouvoir calculer le
risque d'effondrement en surface
pour les galeries non remblayées
à l'issue de la phase d'extraction,
note Sophie Gerland, ingénieur
géologue et data manager de
l'activité Après-mines France chez
Orano (aujourd'hui consultante
avant-vente chez Esri France). Nous
sommes donc partis des plans de
tracés pendant l'exploitation. Si
les plans en 2D manquaient de
précision pour établir ce risque, ils
détaillaient toutefois les mines par
niveau, par étage et par galerie.
Nous y avons donc associé les cotes
de chaque point de galerie pour
établir nos modèles 3D et faire le
lien entre son état et les usages en
surface. Cela nous a permis ensuite
de faire réaliser des calculs d'aléas
par des organismes agréés chargés
d'évaluer les risques en surface ».
Ces calculs ne dépendent pas
uniquement de l'état des galeries
et prennent en compte d'autres
paramètres comme l'historique des
travaux, les méthodes d'extraction,
mais aussi l'état de la roche. Car
90 % de l 'uranium se trouvait
dans de la roche granitique qui,
avec le temps, a pu chimiquement
ê t re al t é r é e , e nt r aînant un
changement de stabilité, surtout
en cas de failles géologiques.
Exemple de ce travail de fourmis :
une des mi nes modé l i sées ,
traversée par 78 km de galeries,
a demandé la compilation et la
recherche de plus de 1.000 plans
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