La revue RH&M - N°91 - Octobre 2023 - 23

La seconde est que la France manque
au bas mot de 30 000 ingénieurs par
an pour réaliser ses projets, la tendance
est identique en Europe mais
aussi dans les pays du continent
nord-américain. Les besoins sont
donc très fortement à la hausse et les
prévisions des industriels montrent
que cette demande sera durable sur
les 40 prochaines années.
Enfin, la technologie (l'IA) appartient
aux ingénieurs, ils sont à la
manœuvre pour la façonner à leur
image. Il est fort probable que la
technologie aboutisse à la disparition
de certains métiers, mais il est sûr
qu'elle en créera de nouveaux. Il faut
donc s'attaquer à la découverte et à
la maitrise de ces nouveaux outils qui
se développent actuellement. Nous
pourrons alors, et c'est d'ailleurs déjà
le cas, voir émerger des « ingénieurs
augmentés », non pas remplacés par
la machine mais aidés par la machine.
L'ingénieur voyageur : faire face
au défi de la mondialisation
La presse spécialisée est très active
sur le sujet : fusions et acquisitions
se multiplient pour créer des mastodontes,
leaders de leur marché, les
entreprises se consolident. L'un des
derniers exemples le plus médiatisé
est celui de la fusion PSA - FCA
devenant Stellantis, se hissant sur le
podium des constructeurs mondiaux
avec ses 15 marques de véhicules.
Dans le monde de l'ingénierie, actuellement
au cœur de ce phénomène,
cette dynamique a pour conséquence
des réorganisations en profondeur
des façons de travailler, impactant
le quotidien des ingénieurs. Un marqueur
fort est celui de l'émergence
de projets complexes et mondialisés,
réalisés par des équipes multinationales,
fragmentées en sous équipes
réparties aux quatre coins du monde.
C'est là que l'ingénieur doit faire
preuve d'agilité et devenir un explo "
Leur défi est de comprendre les enjeux
actuels des entreprises afin de les aider
à progresser dans la transformation
de l'industrie, sans trahir leurs valeurs. "
rateur, un voyageur ! Comment faire
face à la nécessité de travailler avec
New Delhi le matin, Francfort à midi
et Detroit l'après-midi ?
Tout d'abord en organisant un nouvel
écosystème de travail, certainement
virtuel, avec ses collègues à l'autre
bout du monde et agir en communauté
soudée.
Ensuite, en s'adaptant aux cultures
et habitudes de chacun, afin d'éviter
incompréhensions, malentendus et
frustrations. A l'instar de la diplomatie,
il faut manier les intérêts de chacun,
définir un objectif commun et
contrôler régulièrement le bon ajustement
entre les parties prenantes.
Aux opportunités qu'offre ce défi de
mondialisation, se présentent aussi
des risques d'échecs dramatiques
pour les entreprises. C'est la raison
pour laquelle les « softskills »
prennent une place de plus en plus
importantes pour les employeurs.
Un ingénieur voyageur et ouvert au
monde trouvera facilement sa place
dans ce nouvel environnement.
L'ère de l'ingénieur
responsable : la condition
de la prospérité de l'ingénierie
Être capable de résoudre des problématiques
complexes, c'est bien ; le
faire de façon responsable et durable,
c'est mieux ! C'est ce qui se dit de plus
en plus chez nos jeunes étudiants,
ingénieurs de demain. Ils rêvent de
pouvoir transformer le monde, le
façonner avec des technologies plus
propres, moins agressives pour la
planète et nos vies. Ils souhaitent
avoir un impact positif sur l'environnement
et sont soucieux de rendre
le monde meilleur : plus écologique,
plus inclusif, plus féminin dans un
secteur où seuls 28% de femmes
exercent.
Leur défi est de comprendre les
enjeux actuels des entreprises afin de
les aider à progresser dans la transformation
de l'industrie, sans trahir
leurs valeurs.
L'ingénieur responsable sera celui
qui apportera des solutions durables
à des problématiques concrètes.
Il s'agit d'une prise de conscience
nécessaire à développer, condition
de la prospérité du métier, en pleine
transformation morale où la technologie
doit servir la durabilité.
Nos ingénieurs ont du talent !
Ils observent le monde et sa transformation
avec interrogation, prudence
et responsabilité. Les défis
ne leur font pas peur, ils les galvanisent.
Les risques ne les paralysent
pas, ils leur donnent de l'énergie. Ils
sont conscients de leur pouvoir et
de leur responsabilité sur la planète,
aujourd'hui et demain et ils auront
beaucoup à faire.
À nous donc employeurs de les
accompagner durablement vers un
monde où ils auront brillamment
relevé ces nouveaux défis.
LA REVUE RH&M N°91 | OCTOBRE 2023 | P.23
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