La revue RH&M - N°91 - Octobre 2023 - 18

LES ENTRETIENS RH&M TÉMOIGNAGE DE SAUR
je suis convaincu que cela arrivera. On
déploie depuis l'an dernier « CinéSaur »,
un programme de formation au développement
durable spécifique aux enjeux de
l'eau sur l'ensemble du territoire auprès
de tous les collaborateurs de terrain.
L'objectif était de casser les chaînes
hiérarchiques. Nous avons d'excellents
retours et souvent, les collaborateurs
proposent des projets eux-mêmes qu'ils
peuvent mettre en place à leur échelle et
que l'on finance.
Une question de politique
générale. Quel est l'impact des
récentes et multiples crises sur
la raison d'être ?
Je pense que les crises sont positives,
elles font accélérer le moteur de l'entreprise
sur ces sujets-là. La crise de 2022
était clairement une étape importante
dans la transformation des entreprises
de l'eau. Aujourd'hui, je crois qu'il y a
84 départements en France qui sont
en stress hydrique, et le gouvernement
n'a pas envie d'être responsable ou taxé
d'immobilisme. On a avancé politiquement.
On a avancé en tant que citoyens.
Je pense qu'on va être capable de dire à
la France, au lieu de prendre une douche
pendant dix minutes, vous allez prendre
cinq minutes. Il y a aussi un rôle éducatif.
Un
très bon exemple que je vais vous
donner, chez SAUR, on a créé les maisons
de l'eau. C'est une façon de vulgariser
et d'expliquer le grand cycle de
l'eau, comment ça fonctionne. La vraie
question dans notre métier, c'est qu'il est
mal connu. Vous allez me dire je tourne
le robinet et voilà ! Si je vous demande
où est votre compteur d'eau, je ne suis
pas sûr que vous imaginiez, tout ce qui
est fait avant, personne ne le sait. Il est
important de vulgariser et d'expliquer
ces sujets-là.
Quels sont pour vous les grands
enjeux des prochaines années
pour faire vivre une raison d'être
utile, performante, durable
et de progrès ?
Je pense que quand vous êtes patron de
PME et qu'on vous parle de raison d'être,
vous êtes en train de vous dire, c'est un
truc administratif, il va falloir faire des
réunions, ça va me coûter de l'argent,
des contraintes. Personne ne voit le côté
positif. Ça doit aussi être du business, du
profit. La raison d'être, c'est de travailler
sur des plans d'action, sur des sujets qui
vont amener du résultat et qui vont permettre
de dégager des profits qui vont
être réinvestis sur toutes ces actions.
Vous avez évoqué l'impact
culturel. Est-ce qu'on est en train
de vivre dans l'entreprise une
véritable révolution culturelle ?
Ça veut dire qu'il faut être
très patient pour que cette
raison d'être soit de plus en
plus effective, opérationnelle,
performante et qu'il faut laisser
du temps au temps.
Je suis plutôt impatient comme personne.
Une des choses que je retiens sur
notre raison d'être, c'est que l'on ne communique
pas assez. Il faut l'expliquer en
interne et beaucoup en externe. C'était
un peu le symbole du greenwashing qui
a existé pendant des années. Là, on est
entré dans une phase de plans d'action
et d'actions concrètes. On a beaucoup
aujourd'hui de dirigeants, même du CAC
40 qui sont convaincus et qui avancent
avec des actions concrètes. Donc moi, je
reste très positif sur le sujet. On est en
retard, c'est une certitude, par rapport
aux changements climatiques. Nous
sommes en retard d'un point de vue
générationnel, mais aujourd'hui, c'est
l'eau, mais ce n'est pas que l'eau, c'est
l'énergie.
Quel conseil pourrait-on donner
à des entreprises qui doutent
encore de se lancer ? Le risque
est-il d'y aller ou de ne pas y aller ?
Qu'est-ce que vous leur dites à
ces entreprises qui hésitent ?
Le risque est de ne pas y aller. Ce n'est
pas qu'elles n'ont rien compris, c'est
qu'on ne leur a peut-être pas expliqué.
Le risque de ne pas y aller est de se
retrouver, d'un point de vue business,
en retard par rapport aux autres. La différenciation
se fera à travers des actions
concrètes qui amènent des résultats. Ce
n'est pas plus compliqué que ça. D'un
point de vue marketing et d'un point de
vue argumentaire sur les produits, sur
ses réseaux de distribution, c'est important
de justifier ce que vous faites. La
différenciation sur ces sujets-là, avec
des preuves, vous permet de gagner des
marchés.
Imaginer sa raison d'être, ce n'est
pas très compliqué mais s'il n'y a
pas un projet d'entreprise avant
qui nous amène à un slogan et
qu'on se contente d'un slogan, on
a tout faux. C'est ça qu'il va falloir
aussi qu'on explique.
C'est une culture. Il faut assimiler la raison
d'être à un changement culturel. Il
ne faut pas assimiler la raison d'être à
un slogan. Si ce n'est qu'un slogan, on
est morts. C'est un changement culturel
qui a des actions et des résultats. Il faut
que ce soit super basique.
P.18 | OCTOBRE 2023 | N°91 LA REVUE RH&M
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