La revue RH&M - N°91 - Octobre 2023 - 11

LE GRAND ENTRETIEN
faire de l'Enseignement et de la Formation
professionnels, un vrai ministère
des compétences.
Un vrai ministère des
compétences, par quoi cela se
traduit-il et comment vivezvous
ce double rattachement ?
Quand on parle de formation initiale,
on retrouve très vite les questions de
formation continue. Ce continuum
entre initiale et continue est absolument
nécessaire et permet l'agilité
dans les parcours. C'est la possibilité
de tisser des liens entre des politiques
de l'enseignement professionnel initial,
de l'apprentissage et des dispositifs
de formation continue.
Les entreprises rencontrent
des difficultés à recruter, est-ce
que c'est un problème de
compétences ou un problème
d'envie et d'engagement ?
Par rapport aux questions de tension
sur les recrutements, les réponses
sont multiples. Vous avez certains
secteurs qui doivent poursuivre
leur engagement pour améliorer la
qualité des conditions de travail, le
niveau de rémunération, et les parcours
de carrière. De l'autre côté,
de nouvelles filières apparaissent,
comme les filières de l'hydrogène ou
du nucléaire, qui correspondent aux
métiers d'avenir. Elles vont devoir
construire les structures de formation
ajustées à ces nouveaux besoins.
Et tout cela est pris en
considération dans votre projet ?
Bien sûr. Mais vous avez aussi
d'autres sujets. Par exemple, le fait
que les jeunes méconnaissent la
diversité des métiers. Ils s'orientent
souvent vers les quelques métiers
qu'ils connaissent par leur entourage
familial mais ils méconnaissent les
carrières qui peuvent être très valorisantes
dans d'autres secteurs. C'est
pourquoi, avec Gabriel Attal, nous
allons renforcer la découverte des
métiers dès le collège et mieux valo "
On a multiplié par presque trois
le nombre d'apprentis en France
depuis 2017. "
riser le monde économique comme
la voie professionnelle auprès des
jeunes.
Par rapport à cela, il y a la loi
du 5 septembre 2018 dont vous
avez été rapporteuse en tant
que députée. Maintenant, vous
avez la charge de poursuivre ou
en tout cas d'en accélérer la mise
en œuvre. Est-ce qu'aujourd'hui,
on peut avoir retour sur
son impact ? Au niveau de
l'apprentissage, au niveau du
statut du maître d'apprentissage
ou des CFA d'entreprise ?
Être une « nation de l'apprentissage »
aujourd'hui, c'est atteignable. On a
multiplié par presque trois le nombre
d'apprentis en France depuis 2017.
Nous atteignons les 837.000 entrées
en apprentissage en 2022, avec un
apprentissage pour tout niveau de
diplôme. C'est une réussite dont nous
pouvons être collectivement fiers !
Par
ailleurs,
nous trouvons
aujourd'hui l'apprentissage dans
tous les secteurs d'activité. Hier, il
était principalement concentré sur
certains secteurs, comme le transport,
le BTP ou l'industrie. Aujourd'hui, il
s'est développé aussi sur les services.
2 chiffres sont intéressants : 7 jeunes
sur 10 trouvent un emploi dans les
six mois qui suivent leur sortie d'apprentissage,
et 8 apprentis sur 10 travaillent
dans des TPE-PME.
Cela veut dire que l'apprentissage
participe à la réalité du monde économique
français et qu'il s'est développé
avec des tuteurs, des maîtres
d'apprentissage qui s'engagent dans
la transmission des compétences en
formation initiale comme continue,
pour pouvoir recruter demain. Cette
transmission est une vraie rencontre
intergénérationnelle.
Et concernant les évolutions
possibles ?
Je travaille actuellement sur deux
sujets avec l'ensemble des acteurs de
la formation, parce que je souhaite
faire encore mieux sur l'apprentissage
:
Tout d'abord, il y a les ruptures des
contrats d'apprentissage. Si l'apprenti
repart vers une autre formation, ce
n'est pas considéré comme une situation
d'échec puisqu'il rebondit. Mais
si ce jeune-là décroche complètement,
c'est plus grave et nous devons réussir
à le faire revenir à l'emploi.
Le deuxième sujet qu'on va devoir
regarder, c'est celui du tuteur ou du
maître d'apprentissage, qui probablement
pourra faire l'objet de réflexions.
Enfin, en ce qui concerne les CFA, je
suis admirative de la manière dont, à
la fois, les branches et les entreprises
se sont emparées de cette loi pour
créer des CFA et des CFA d'entreprise.
Nous sommes passés de 1 000 CFA à
3 000 CFA en moins de 4 ans.
Et en ce qui concerne le compte
personnel de formation ?
C'est notre deuxième sujet de
réflexion. En ayant recentré la forLA
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